François Hollande au cimetière juif : "Profaner, c'est souiller la République"
Le Président s'est rendu à Sarre-Union (Bas-Rhin) où cinq mineurs âgés de 15 à 17 ans ont été placés en garde à vue lundi après la découverte de la profanation d'un cimetière juif.
François Hollande a tenté lors d’une cérémonie au cimetière de rassurer les Juifs de France, que «la République défendra de toutes ses forces», et en a appelé au «sursaut national». «Profaner, c’est insulter toutes les religions et souiller la République», a déclaré le chef de l’Etat. «Ce n’est pas la première fois que ce lieu du judaïsme alsacien est ainsi dévasté, 1998 et 2001, mais jamais avec cet acharnement, jamais avec cette intensité, jamais avec cette frénésie. La justice dira ce qui relève de l’inconscience, de l’ignorance ou de l’intolérance. Mais le mal est d’ores et déjà fait», a dit François Hollande.
«On peut chercher toutes les explications, il en faut, mais il faut aussi des réponses, et la fermeté est dans ces circonstances la seule réponse. Quiconque persistera en France à commettre des actes ou à proférer des messages de haine et d’incitation à la violence verra se dresser contre lui la République et ses lois. Quiconque se rendra coupable d’actes antisémites ou racistes sera inlassablement recherché, interpellé et condamné», a poursuivi le président de la République. «Je connais le sentiment d’inquiétude qui traverse les Français de confession juive. Je sais qu’ils écartent dans leur immense majorité la perspective de quitter leur patrie. Ils sont Français, ils aiment la France et leur place est naturellement en France», a-t-il dit, alors que le Premier ministre israélien Benyamin Nétanyahou a renouvelé, après cette profanation, son appel aux Juifs européens à rejoindre Israël, comme après les attentats de Paris en janvier.
Hollande promet de protéger les juifs de France
La République «vous défendra de toutes ses forces. Parce qu’à travers vous c’est elle qui est visée, ses valeurs, ses principes, sa promesse», a poursuivi le chef de l’Etat. «Ici, devant ce cimetière, ici, devant les habitants de la commune de Sarre-Union, ici, devant des hommes et des femmes de confession juive qui sont meurtris, ici devant des citoyens de toutes religions, de toutes convictions, je veux vous dire que la République est forte, que la République sera plus forte que la haine, que la République est grande. Elle est grande par ses institutions, par ses lois, par son Histoire et elle est surtout grande quand les citoyens se lèvent comme ils l’ont fait, comme vous le faites encore aujourd’hui, pour dire vive la République et vive la France», a conclu le chef de l’Etat.
«On a l’impression qu’une armée est passée» a déploré, au cours de son discours à Sarre-Union, François Hollande. «Nous avons le devoir de nous recueillir, nous l’avons déjà fait» a rappelé le président de la République. Au total, 250 tombes ont été renversées et profanées «de manière méthodique» dans ce cimetière juif de 400 tombes.
"Un acharnement" et "une frénésie" dans le "saccage" dénonce Hollande
A l’entrée du cimetière, la cérémonie devait commencer par le kaddish, la prière des morts. Une élève de CM1 devait ensuite lire la préface de «Si c’est un homme» de Primo Levi. L’ambassadeur d’Israël en France Yossi Gal et de nombreux responsables de la communauté juive française et alsacienne sont également présents. François Hollande est également accompagné du ministre de l’Intérieur Bernard Cazeneuve et du secrétaire d’Etat aux anciens combattants Jean-Marc Todeschini.
Hollande dénonce "un acharnement" et "une frénésie" dans le "saccage" du cimetière juif de Sarre-Union. "Des dégradations avaient déjà été commises ici, mais jamais avec tant de frénésie, d'intensité" a-t-il regretté lors de son discours devant une petite centaine de personnes. "Profaner, c'est souiller la République, s'en prendre à toutes les religions" a-t-il répété, estimant qu’il fallait poursuivre l’esprit du 11 janvier quand près de 4 millions de Français se sont réunis au lendemain des attentats de Charlie Hebdo et de Paris.
La protection des lieux de culte maintenue
"La justice dira ce qui relève de l'inconscience, de l'ignorance ou de l'intolérance" a-t-il indiqué alors qu’une enquête se poursuit. D’ailleurs, selon les gendarmes il n’y aurait pas pour l’instant de preuves d’un acte antisémite. "Le pire aurait été de traiter cet incident comme un simple fait divers" a-t-il justifié autour de la forte mobilisation politique depuis la révélation des faits ce dimanche.
"Sanctionner, éduquer, transmettre les valeurs de la République, et éradiquer les messages de haine, notamment sur internet." François Hollande a détaillé les cinq piliers du plan de lutte contre le racisme et l'antisémitisme, élevé en cause nationale, et qui sera présenté dans les jours à venir.
(Avec AFP)
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