Jean-Pierre Coffe et la Lorraine intimement liés, dans la douleur
Le célèbre chroniqueur culinaire qui s’est éteint mardi en Lorraine n’est pas resté longtemps dans sa région natale. Né à Lunéville (Meurthe-et-Moselle), il part à l’âge de 14 ans à Paris. Il n’est revenu dans sa ville natale qu’à ses 60 ans. Avant, impossible pour lui de revenir sur ses traces.
Jean-Pierre Coffe n’évoquait pas souvent ses origines lorraines. Le chroniqueur culinaire, pourfendeur de la malbouffe qui s’est éteint à l’âge de 78 ans est né à Lunéville en Meurthe-et-Moselle. La petite ville située au sud de Nancy, connue pour son château a vite vu grandir le spécialiste des petits plats. A l’âge de 14 ans, il quitte ses proches et décide de «monter à Paris». C’est dans une petite commune de Leurre-et-Loire qu’il a préféré faire sa vie pendant plus de 40 ans. En 2008, il expliquait dans Le Républicain Lorrain s’être éloigné de la Lorraine «parce que je pensais qu'elle était renfrognée sur elle-même, frileuse de son authenticité, de son terroir, ayant abandonné toute velléité de qualité».
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L’homme célèbre pour ses coups de gueule n’a pas connu une enfance facile en Meurthe-et-Moselle. Fils unique de Pierre, Victor Coffe, coiffeur, et de son épouse Gilberte, il passe une grande partie de son enfance dans sa ville natale. Son père ne peut assister à sa naissance pour cause de service militaire. Alors qu'il participe à la bataille de France, il meurt au combat. À deux ans, Jean-Pierre Coffe devient ainsi pupille de la Nation et ne verra jamais son père mort alors qu’il avait deux ans. Il est élevé par sa mère qui reprend le salon de coiffure familial. Sa grand-mère, Marie, est cuisinière et son grand-père paternel, Victor, est jardinier et maraîcher à Lunéville.
- Une enfance malheureuse dans la région -
Sa mère qui est tondue à la Libération l’oblige à quitter la Lorraine pour Paris, où il étudie dans un pensionnat. À l'âge de treize ans, il se prend de passion pour le théâtre, où sa mère l'emmène de temps en temps. Ses études terminées, il s'inscrit au Cours Simon et fait des petits boulots de nuit pour subvenir à ses besoins.
«Si je me sens Lorrain ?» s’interrogeait-il dans le quotidien régional. «Quand je vois sur les marchés de Paris la mirabelle à 9,95 € le kilo, je me demande comment on fait découvrir cette région. C'est scandaleux !» s’était-il indigné dans un habituel coup de gueule.
Le spécialiste de la gastronomie et de la « bonne bouffe» regrettait que la mirabelle ne soit pas encore assez connue. «Il faut tout faire pour que ce soit un produit phare. Développer la mirabelle tardive plutôt que des hâtives, perdues au premier gel. Aller chercher l'AOC au lieu de se contenter de l'IGP (identité géographique du produit). Il faut redonner à la Lorraine le courage de défendre un patrimoine gastronomique absolument unique : plus de la moitié des grands desserts actuels ont été inventés ici, dans la région. Les pâtés de viande aussi sont nés ici, et personne n'en parle !» se réjouissait-il.
Coffe revenait toutefois régulièrement en Lorraine notamment au Livre sur la Place organisé chaque année à Nancy. Moins connu pour être auteur, il a pourtant signé plus de 60 ouvrages durant sa carrière. Laurent Ruquier, ami et camarade de jeu à la télévision et à la radio notamment sur RTL a rappelé au lendemain de son décès que ses livres étaient de véritables best-sellers tandis que les maisons d’édition s’arrachaient Jean-Pierre Coffe.
Le maire de Nancy, Laurent Hénart, où a lieu le Livre sur la Place a salué ce mercredi la mémoire de Jean-Pierre Coffe. Nous aimions tous Jean-Pierre Coffe, sa verve truculente, son combat constant et sans concession pour la bonne cuisine française, ses coups de gueule.
- Très apprécié à Nancy -
«A Nancy, en Lorraine, là où il se sentait chez lui, c'était surtout des coups de cœur qu'il partageait avec nous. Ses éclats de voix étaient d'abord des éclats de rire. En septembre, au Livre sur la Place, je l'avais vu si heureux, dédicaçant sans relâche son livre de mémoire "Une vie de Coffe" où l'on avait découvert, de page en page, l'homme blessé, tendre, généreux, qu'il était. Comme tous les Lorrains aujourd'hui, je suis triste» a-t-il écrit dans un communiqué.
«Nous perdons un fervent défenseur de la gastronomie accessible à tous et grand pourfendeur de la «malbouffe». Jean-Pierre COFFE était un Lorrain et ami de Nancy. Il ne manquait jamais une occasion de rappeler ses origines dont il était fier et assurait la promotion des produits de cette région qu’il aimait profondément. Fidèle du Livre sur la place, il avait également soutenu la rénovation du Marché central de Nancy, où il aimait flâner de stand en stand. Je garde le souvenir d’une personnalité attachante, généreuse. Un bon vivant qui avait le sens de l’humain et du partage» a réagit pour sa part André Rossinot, président de la communauté urbaine du Grand Nancy.
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