En Lorraine, on doute de plus en plus de la campagne de François Fillon

Nancy - 02/03/2017 15h44
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En Lorraine, on doute de plus en plus de la campagne de François Fillon
Politique
François Fillon avec Nadine Morano qui défend désormais le candidat fragilisé à l'élection présidentielle de 2017. (PHOTO: FLICKR/ CC)

Le candidat LR à la présidentielle qui avait fait carton plein dans la région à la primaire de novembre dernier devrait passer à Nancy (Meurthe-et-Moselle) courant mars pour un meeting. Sur le terrain, ses soutiens doutent de plus en plus. Si certains fidèles restent à ses côtés, élus et militants sont de plus en plus effrayés de la tournure de la campagne.

Sur les marchés dominicaux, partout en Lorraine, les militants Les Républicains ne se bousculent pas ces dernières semaines pour faire campagne pour François Fillon. Le dernier épisode en date mercredi à la mi-journée avec la prise de parole du candidat qui a annoncé lui-même sa prochaine mise en examen ne rassure pas militants et élus locaux qui ont déjà vu les dégâts de l’affaire Penelope depuis fin janvier. La campagne de M. Fillon est globalement suspendue dans la région. Une réunion publique s’est tenue la semaine dernière à Nancy avec Isabelle Le Callennec, vice-présidente de Les Républicains et porte-paroles du candidat en attendant un possible grand meeting au Zénith de Nancy d’ici la mi-mars.

Mais "rien n’est sûr" glisse une source LR locale qui ne sait pas quand ce meeting est officiellement prévu. Lundi en Moselle, Gérard Larcher, président du Sénat et fidèle de François Fillon est venu battre le terrain à Woippy ou encore à Florange pour parler sécurité avec les maires du département. "Pas pour faire campagne pour François Fillon" répétait-il mais pour "venir écouter les maires des petites communes". En coulisses, la catastrophique campagne de l’ancien Premier ministre était pourtant sur toutes les lèvres. "Nous n’avons aucune ligne, les divisions sont désormais sur la place publique et tous les autres candidats font campagne étape par étape avec meetings, présentations de programme et déplacements" se désole un jeune fillonniste des Vosges.

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- Des soutiens qui se comptent sur les doigts d'une main -

"Il faut qu’il se retire, lui ou le retrait, c’est de toute façon le chaos" assure un maire LR de Meurthe-et-Moselle. "Les parrainages sont bouclés le 17 mars, il faut agir avant sinon il sera trop tard et la droite n’aura pas de candidat à la présidentielle" s’inquiète-t-il. Ce jeudi matin, le maire UDI de Nancy Laurent Hénart, dont son parti a suspendu son soutien à Fillon, lui a demandé dans la presse régionale de se retirer. Les élus LR du département, Valérie Debord, Jean-François Husson, Jacques Lamblin sont silencieux et ne font plus campagne pour leur candidat. Le maire UDI de Villers-lès-Nancy et élu à la métropole de Nancy François Werner a suivi Bruno Le Maire (qui l’avait soutenu à la primaire) en se mettant en retrait de la campagne.

En Moselle, le député-maire LR de Sarreguemines reste toutefois solidement attaché à François Fillon. M. Lett a assuré que son candidat est victime d’"une manipulation qui (me) fait vomir" et craignait qu’il renonce, affirmant que "seul le peuple français sera juge". Durant la campagne de la primaire il avait accueilli le candidat dans son fief notamment dans l’usine Smart d’Hambach pour une visite consacrée au travail. Le sénateur LR de Meuse reste aussi un fidèle soutien de M. Fillon. L’ancien président de la région Lorraine qui était présent mercredi au QG du candidat souhaite que Fillon "tienne". Mettant en cause les juges et la presse, il continue de défendre sur les plateaux parisiens et en Meuse sur le terrain un candidat qui avait été largement plébiscité dans son département rural.

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- De nombreus silences, les militants absents du terrain -

Nadine Morano, députée européenne du Grand-Est, est quant à elle également revenu au premier rang des soutiens de M. Fillon alors qu’elle avait assisté à une réunion de parlementaires frondeurs il y a quinze jours pour le retrait du candidat. "C’est une machination orchestrée par l’Elysée" a carrément lancée l’ex-porte flingue de Nicolas Sarkozy. "Vous condamnez médiatiquement comme vous avez condamné Sarkozy. Fillon a le droit de se battre" a-t-elle lancé hier au QG de campagne aux journalistes.

Ces dernières heures, la plupart des militants Les Républicains de la région s’inquiétaient du ton que prend la campagne. "On m’a invité à aller au rassemblement de dimanche à Paris pour dire notre colère face aux juges. Mais je suis étudiant en droit ! " s’alarme un jeune militant LR de Nancy. "Ce sont des méthodes d’extrême droite, même Marine Le Pen ne va pas aussi loin dans la campagne…" dit une sympathisante LR qui a pourtant voté François Fillon. "Je me reconnaissais dans son programme économique et sa droiture… mais là, mettre autant en cause les juges, les journalistes… imaginez le quinquennat" dit-elle à LORACTU.

En attendant un possible plan B, les militants lorrains tentent tant bien que mal à se battre sur le terrain et les réseaux sociaux. "Mais nos arguments ne touchent que les plus radicaux, les plus motivés à en découdre, on arrive plus à séduire de nouveaux électeurs" dit un responsable de section départementale. Les sondages commencent à inquiéter les équipes locales : selon une étude Elabe publiée ce jeudi, François Fillon est distancé à 19% derrière Emmanuel Macron (24%) et Marine Le Pen (27%). 

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