10/02/2011 03:14 |
Le haut fourneau U4 et l'un des symboles de la ville. Le maire compte sur cet atout pour faire briller sa ville.
Crédits photo : Olivier Liévin - LOR'Actu.
Le maire d'Uckange n'en pouvait plus : coups de feu, violences et menaces des dealers qui ont pris le contrôle d'un quartier de la ville. Ces faits divers berçaient le quotidien des habitants. L'élu PS a écrit au ministre de l'Intérieur pour obtenir des renforts de sécurité. Depuis les choses ont bougé. Il se confie dans une interview accordée à LOR’Actu.
« Mon envie de démissionner était bien réelle »
Vous annonciez en novembre dernier par voie de presse votre volonté de démissionner suite à la situation compliquée que vit votre ville. Qu’en est-il aujourd’hui ?
En effet la situation était devenue incontrôlable. Des trafics de drogue en plein jour, des fusillades, des règlements de comptes et bien d’autres faits divers inacceptables pour la population. De tels actes sont inqualifiables. Depuis 30 ans je suis engagé en politique, je n’ai jamais vu telle situation. Ma menace de démissionner était bien réelle. Quand vous faites face à un mur, vous êtes forcément désespéré. Mais depuis les choses ont avancé.
Vous avez donc écrit une lettre à Brice Hortefeux, ministre de l’Intérieur pour lui réclamer de l’aide. Vous a-t-il reçu ?
Non, Brice Hortefeux ne m’a pas reçu. Mais son cabinet a confié le dossier au préfet de Lorraine et au sous-préfet d’arrondissement qui m’ont reçu. Nous avons une longue discussion de près de deux heures durant laquelle des promesses ont été faites. Des moyens supplémentaires seront mis en place pour lutter contre la forte criminalité à Uckange. Je dois les revoir en mars.
Quelles sont ces promesses ?
Actuellement on peut voir de plus en plus de gendarmes et de policiers qui circulent dans la ville pour assurer la sécurité des habitants. Par ailleurs un plan de Rénovation Urbain prévoit la rénovation du quartier sensible de la ville qui concentre 50% de la population. 22 millions d’euros seront investis.
Vous avez beaucoup médiatisé votre détresse face à tous ces débordements. Elle a été très critiquée. En avez-vous trop fait ?
Non je ne pense pas. Cette médiatisation a été bénéfique pour faire avancer les dossiers. Dès lors où j’ai annoncé ma volonté de démissionner par voie de presse, j’ai de suite été écouté par les pouvoirs publics. Les personnes ayant critiqué cet appel au secours se sentent surement responsables de la situation catastrophique vécue par la ville. La population m’a en tout cas soutenu dans ma démarche.
Aujourd’hui quelle est la situation à Uckange ?
Elle s’est beaucoup calmée. La population d’Uckange est beaucoup plus sereine. Mais la situation peut déborder à tout moment.
« Nous allons installer des caméras dans les rues »
Que pensez-vous de la vidéo-surveillance pour lutter contre la délinquance ?
Uckange a déjà près de 40 caméras dans ses lieux publics… mais vous savez ce n’est pas la solution miracle. Néanmoins, nous allons bientôt installer des caméras dans les rues de la ville.
Quand on fait le rapprochement entre délinquance et immigration, quel est votre avis ?
Encore une facilité du Front National… Quand vous avez des jeunes qui n’ont pas de diplôme, de travail et de projet, il est facile de tomber dans la drogue qui rapporte bien plus que d’exercer une activité légale. Mais vous savez les délinquants sont aussi bien « blancs » que « noirs » ou encore issus de l’immigration ou pas du tout. Ne faisons pas d’amalgame. L’origine ethnique n’a aucun rapport.
Où en est le dossier « des Tilleuls », le grand ensemble résidentiel du quartier sensible qui est un lieu d’échange important pour les produits stupéfiants ?
Le dossier passe en commission lundi prochain (ndlr. le 14 février). Si tout va bien, l’immeuble sera détruit. S’en suivra un relogement des familles.
Les suppressions de postes sont importantes à la rentrée prochaine en Lorraine, Uckange sera-t-elle touchée ?
Je suis professeur de technologie au collège d’Uckange, donc je vis cette situation au quotidien. Ces suppressions de postes sont désastreuses pour l’enseignement et surtout dans les établissements situés en ZEP (ndlr. Zone d’Education Prioritaire). Dans une classe de collège ou lycée en ZEP, c’est 24 élèves par classe au maximum pour travailler dans de bonnes conditions. Avec ces suppressions de postes les effectifs des classes vont augmenter, ce qui va rendre notre travail plus complexe. Les regroupements de classe sont inévitables.
Le taux de chômage est important à Uckange. Quels sont les atouts de la ville pour redresser la situation ?
Le maire ne peut malheureusement pas donner de l’emploi à ses habitants. Mais en plus du Pôle Emploi nous développons une « boutique de l’emploi » pour accompagner les demandeurs d’emploi dans leurs démarches. Il faut savoir que près de 25% des habitants du quartier « sensible » sont au chômage. Uckange est une ville pauvre depuis la disparition de la sidérurgie. Il faut donc mettre en avant nos atouts. Uckange bénéficie d’une bonne situation géographique avec des axes de transports stratégiques (A31, A30 et une gare SNCF qui sera rénovée). Enfin le tourisme peut être aussi un développement important pour la ville avec le succès du parc du haut-fourneau U4 à Uckange.
Enfin, allez-vous tenter un nouveau mandat de maire en 2014 malgré toutes ces difficultés ?
Tout dépendra de l’évolution de la situation. Mais je ne réfute pas la possibilité de me représenter pour les prochaines municipales.