A Thionville, Pierre Cuny hérite de la mairie dans un contexte difficile

Politique

Pierre Cuny qui va être élu maire de Thionville (Moselle), jeudi 28 avril 2016 quinze jours après le décès d'Anne Grommerch. (PHOTO: LORACTU.fr)

Qui est Pierre Cuny, futur maire de Thionville qui sera élu par le conseil municipal jeudi soir quinze jours après le décès d’Anne Grommerch ? L’homme de 58 ans qui a toujours hésité entre l’ombre et la lumière est pourtant bien connu des habitants de la sous-préfecture de Moselle qui tente de surmonter l’émotion après le décès brutal de leur députée-maire qui a succombé à un cancer du sein. Le futur maire qui a aussi confirmé vouloir prendre la tête de l’agglomération Thionville Portes-de France (présidée par Mme Grommerch depuis le mois de janvier) a débuté sa carrière dans l’arène politique il y a une dizaine d’années. Chef de service au CHR Metz-Thionville, il est repéré par l’ancien député-maire de Thionville Jean-Marie Demange en 2006 en vue de l’élection municipale qui se déroule deux ans plus tard.

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Hésitant d’abord à se lancer, le médecin sera finalement troisième sur la liste du député de l’époque qui voulait décrocher un troisième mandat en 2008. «J’étais très proche de Jean-Marie Demange, la défaite a été dure à accepter. La question s’est posée d’arrêter ou de continuer (…) 48,07 % des électeurs thionvillois nous avaient donné leur voix. Il fallait continuer» avait confié l’année dernière M. Cuny à l’hebdomadaire La Semaine. En mars 2008, la gauche remporte finalement la mairie de Thionville avec la liste menée par Bertrand Mertz. Une parenthèse socialiste qui durera un mandat avant qu’Anne Grommerch ne reprenne la ville à la gauche en 2014 à l’issue d’un combat sans pitié.

- Demange, Grommerch : un homme marqué par les drames -

Quelques semaines après la défaite, le drame va plonger la ville dans l’horreur. L’ex-maire encore député Jean-Marie Demange abat sa maîtresse de deux balles sur un balcon de sa maison puis se suicide. La mort dans un contexte brutal de l’ancien maire de Thionville va plonger M. Cuny dans un flou complet. Propulsé leader de l’opposition de droite après la victoire de la gauche, il hésite à lâcher la politique et se concentrer sur son engagement hospitalier. Une rencontre avec Anne Grommerch alors toute jeune députée qui remplace Jean-Marie Demange va bouleverser la donne. Pas question finalement de laisser tomber le combat politique local.

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«J’ai découvert une femme qui elle aussi découvrait le monde politique, quelqu’un de pragmatique, avec une approche différente du reste de la classe politique. J’ai aimé sa candeur, son regard, son parcours» dit-il alors à propos de Mme Grommerch au même hebdomadaire. Ensemble, ils préparent la campagne de mars 2014 pour tenter de redonner la ville à la droite. De 2008 au décès d’Anne Grommerch huit ans plus tard, ils ne se quittent plus et deviennent de plus en plus proche. Dans l’entourage de Mme Grommerch, on assure que Pierre Cuny a été l’un des artisans principaux de la victoire de 2014 puis de la confirmation de juin 2015 lors de la municipale partielle. Sniper de la majorité municipale, il n’hésite pas à attaquer la gauche et à déplorer l’utilisation d’arguments relatifs à la santé d’Anne Grommerch pendant les deux campagnes.

Lors d’un discours chargé d’émotion à l’issue des obsèques d’Anne Grommerch le 20 avril, M. Cuny a estimé qu’il était difficile «en quelques minutes de résumer sept ans d’action politique» qui ont laissé une «tache indélébile dans les mémoires». Celui qui doit reprendre les manettes de Thionville jusqu’en 2020, estime qu’elle s’est «révélée» en seulement deux ans notamment en gagnant les législatives de 2012 puis les municipales de 2014. Se souvenant de sa rencontre avec Anne Grommerch en 2009, il a rappelé la «surprise», la «méfiance» et parfois «l’hostilité» qu’avait provoqué l’arrivée de Mme Grommerch dans la classe politique locale. Cet ex-cadre du privé au Luxembourg d’abord dans l’automobile puis comme directrice des ventes chez Coca-Cola, rien ne prédestinait Anne Grommerch de devenir députée puis maire.

- Des dossiers chauds l'attendent déjà -

Les municipales se passent bien en mars 2014 jusqu’à la contestation du camp adversaire à cause de 77 voix de différence puis une annulation par le Conseil d’Etat pour un tract litigieux. «Un combat violent, certainement celui de trop» tranche  Pierre Cuny à propos des municipales partielles de juin 2015 remportées largement par Mme Grommerch et sa liste. «Une belle victoire mais tintée d’angoisses pour l’avenir» poursuit le futur maire de Thionville qui «sauvait malheureusement que cette campagne des municipales pourrait être le dernier combat». 

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Celui qui devra laisser son poste de directeur du service endocrinologie-diabétologie-nutrition du CHR Metz-Thionville va bientôt diriger la seconde ville du département mais aussi une agglomération qui pourrait prochainement fusionner avec sa voisine du Val de Fensch afin de devenir la sixième agglomération en nombre d’habitants du Grand-est. Fou de sport, il pratique la course à pied, le ski, le cyclisme, après avoir mené dans sa jeunesse une carrière d’attaquant dans l’équipe du COS Villers qui l’a conduit jusqu’au niveau DHR, le deuxième échelon régional.

Ce sportif qui a traversé les épreuves qui ont marqué Thionville ces dix dernières années va devoir conduire pendant quatre ans un navire qu’il a déjà dirigé par petites périodes lors de congés de Mme Grommerch. Mais cette fois à plein temps. Attractivité du commerce du centre-ville, dynamisation du quartier gare, relations avec le Luxembourg, construction de logements, nouveau réseau de transports en commun: les dossiers ne manquent pas.