Après le fiasco de Florange, les emplois promis par Hollande se font attendre

Thionville - 15/09/2016 18h14 - mis à jour le 15/09/2016 18h29
Lu 6 954 fois -   LORACTU.fr La Rédaction
Après le fiasco de Florange, les emplois promis par Hollande se font attendre
Economie
Photo : ARCHIVES/ Frédéric Henry/ LORACTU.fr

François Hollande qui a promis cette semaine de revenir à Florange dans les prochaines semaines est attendu au tournant par les habitants de la vallée encore marquée par la fermeture des hauts-fourneaux. Le projet alternatif Métafensh censé créer des emplois fait figure de maigre compensation. 

Promis alors que les hauts-fourneaux de Florange refroidissaient à peine, l'institut de recherche public sur la sidérurgie devait ouvrir "fin 2015", assurait François Hollande il y a un an en Lorraine, et "faire qu'il y ait plus d'emplois" dans l'emblématique vallée de la Fensch. Douze mois plus tard, le chantier est toujours en cours et si tout le monde souhaite encore croire aux promesses d'emplois, on parle aujourd'hui plus volontiers de maintien que de création.

Baptisé "Metafensch", l'institut, qui s’est installé définitivement à Uckange (Moselle) au printemps 2016, a pour vocation de "penser l'avenir" de la métallurgie en lien permanent avec les industriels de la région, qui pourront s'en servir comme d'un outil de recherche et d'expérimentation.

Trois fours de recherche de pointe seront installés - le dernier devrait arriver mi-2017 - et une quinzaine d'employés, chercheurs et techniciens seront en permanence sur le site pour aider à développer de nouvelles techniques et à appuyer les efforts de recherche et de développement des gros industriels, mais aussi des PME et PMI, de la vallée. Pour l’instant, les fours ne sont pas encore installés, selon le maire de la commune. 

- Terre de promesses non tenues -

(PHOTO: ARCHIVES/ FRED HENRY/ LORACTU.fr)

Concrètement, l'institut a été pensé pour permettre à ces acteurs de bénéficier d'outils et de cerveaux qu'ils ne peuvent pas toujours avoir en interne. Pour l'instant, "six projets ont été choisis après des tours de table avec les industriels de la région", explique le directeur de Metafensch, Neill McDonald.

Asco Industrie est l'un d'entre eux. Gilles Auclaire, directeur Recherche et développement chez le producteur d'acier, est ravi: "Quelque chose qui n'existait pas avant (...) qui comble un chaînon manquant". "Nous avons un centre de recherche, qui a des moyens qui sont les siens, des moyens développés", explique-t-il. "Mais quand on veut passer de la conception à l'industrialisation, parfois on doit passer par une échelle intermédiaire: c'est typiquement la vocation de l'outil Metafensch qui vient d'être créé". "Cela va nous permettre d'expérimenter de nouvelles solutions acier pour nos clients, pour tester si ce que l'on a conçu va leur servir", dit-il, enthousiaste.

Dans une région minée par les fermetures d'usines et les délocalisations, encore marquée par la fermeture de Florange, toute aide au maintien de l'industrie est bienvenue. Les applications concrètes des recherches sont tenues secrètes - propriété intellectuelle oblige. Mais plusieurs axes sont définis, avec en ligne de mire la réduction de déchets et la responsabilité écologique.

Un meilleur recyclage des produits industriels - notamment les sièges de voitures - est à l'étude. Le travail sur la poudre de titane qui, de bonne qualité, permet de créer des prothèses bien mieux acceptées par le corps humain. Ou encore le recyclage de pièces de titane pour l'aéronautique: grâce à la poudre de titane, plus malléable, il est possible de fabriquer des pièces plus proches de la forme finale et d'éviter le maximum de perte de matière.

"Penser l'avenir" 

Pour l'instant, à côté du chantier, seuls quatre petits préfabriqués, fouettés par le vent, abritent les premiers employés, dont Neill McDonald. Le tout sous le regard des hauts-fourneaux d'Uckange, fermés en 1991. "Symboliquement, c'est bien tombé", reconnaît Michel Liebgott, député socialiste de Moselle et président de la communauté d'agglomération du Val de Fensch, qui participe aux travaux.  "C'est la place idéale pour penser l'avenir sans oublier le passé".

Avec la fermeture des industries et la concurrence féroce de l'acier chinois, le passé de la vallée de la Fensch, marqué notamment par le conflit à ArcelorMittal, a vu disparaître de nombreux emplois.

En investissant 20 millions d'euros dans Metafensch - qui devra être à l'équilibre en 2018 -, le gouvernement espérait y remédier et créer de nouveaux postes. Si, en posant la première pierre du site il y a un an, François Hollande parlait encore d'un institut qui allait "servir à la création d'emplois", aujourd'hui l'espoir est plutôt que cela en maintienne.

"Le premier objectif est de consolider les emplois", reconnaît M. Liebgott. "La compétition est tellement féroce... Il existe des niches, on peut, ici et là, arriver à des innovations qui seront créatrices d'emplois - des dizaines, des centaines. Plus des milliers". "De nos jours, les investissements ne créent pas plus d'emplois forcément au niveau des techniciens", abonde Lionel Bellotti, secrétaire fédéral pour FO métallurgie, qui rappelle qu'en France entre 1993 et 2015 quelque 25.000 postes ont disparu dans la sidérurgie.

François Hollande et des élus locaux dans les locaux de Métafensh à Uckange (Moselle), lors d'une visite en 2014 où il assurait avoir tenu ses promesses sur le dossier Florange.

En Europe, en sept ans, ce sont l'équivalent de 50 millions de tonnes de capacité de production qui ont fermé. "Politiquement, après Florange, il fallait une annonce dans la région", ajoute M. Bellotti, qui ne voit pas d'un mauvais oeil l'institut de recherche public. "C'est nécessaire". "C'est nécessaire, mais pas suffisant". Son syndicat avait dénoncé une "trahison" du chef de l'Etat après l'arrêt, en avril 2013, des hauts-fourneaux de Florange. En 2012, pendant la campagne présidentielle, François Hollande avait promis une loi obligeant un industriel se désengageant d'une usine française à la céder à un repreneur.

- Des contrats pour de la recherche et développement -

Lionel Buriello, de la CGT à Florange, espère se tromper mais ne peut s'ôter "l'intime conviction que c'est le +miroir aux alouettes+". "Au départ on y croyait", reconnaît-t-il. "Mais pour l'instant, on n'a pas grand-chose à se mettre sous la dent".

Cette année,  Metafensch, Safran, Aubert & Duval et Erasteel ont signé plusieurs contrats de R&D, dans le but de développer la filière titane française du futur", Aubert & Duval et Erasteel (groupe Eramet) seront chargés de l'élaboration, du recyclage et de l'atomisation des alliages de titane, Safran de la spécification de ces alliages et des procédés de fabrication additive, et Metafensch de la "structure et des moyens de recherche à échelle pilote",
c'est-à-dire à échelle semi-industrielle en simulant les procédés. Mais après les plus de 600 emplois envolés de la fillière chaude de l’usine ArcelorMittal de Florange, la compensation reste bien mince. Si des ingénieurs sont mobilisés pour ce projet industriel, la vallée qui reste avant tout ouvrière attend toujours les emplois promis par M. Hollande.

(Avec AFP)

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2Commentaires

Urgo
Victor U. - il y a 6 jours
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En général, les structures crées par l'Etat ne sont jamais compétitives. Elles coûtent plus cher qu'elles ne rapportent. Rien ne vaut la dynamique du privé, dont les méthodes de management sont plus audacieuses. Ne nous leurrons pas, ici point de "Silicone Vallée", mais plutôt.... Silicose Vallée. Et ça fait toute une différence. Répondre
Rémy Nicolle
Rémy N. - il y a 3 jours
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Rémy La réalité de MetaFensch est bien différente de celle décrite dans cet article. cf article du Républicain Lorrain http://www.republicain-lorrain.fr/edition-de-thionville-hayange/2016/09/15/metafensch-en-attendant-le-president MetaFensch: préparer le futur de la métallurgie et de ses nouvelles techniques de production, monter en gamme dans les produits et faciliter la création d'emplois dès demain. Une contribution à l'avenir de l'industrie dans notre pays...grâce à des partenariats public-privé. Répondre
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