09/09/2011 |
Le haut-fourneau de Florange, géré par Arcelor-Mittal s'arrêtera en octobre
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L’information bouleverse les 1 000 salariés du haut fourneau d’Arcelor-Mittal à Florange, en Moselle. Les élus de la vallée de la Fensch sont inquiets, le gouvernement tente de rassurer tandis que la société Mittal promet une fermeture «temporaire et provisoire». Le point sur la situation sociale tendue.
Le géant mondial de l’acier va fermer un deuxième site industriel en Lorraine après celui de Gandrange. Au total 1 000 salariés sont concernés. Ils seront au chômage partiel à partir d’octobre et ce jusqu’à 2012 au moins. C’est un nouveau coup dur pour l’emploi en Lorraine, notamment dans le secteur nord de la Moselle. Fait extraordinaire, suite aux nombreuses réactions des élus (lire ci-contre), Arcelor-Mittal a convoqué une conférence de presse afin de justifier son choix par «un ralentissement saisonnier et les fluctuations de la demande dans certaines zones géographiques en Europe». L’entreprise promet par ailleurs que cette fermeture est provisoire car le P6 de Florange sera «mis en veille jusqu’à ce que le niveau de la demande permette un redémarrage» indique la multinationale. Quant au P3, l’autre haut-fourneau, il sera également fermé jusqu’à la fin de l’année.
Aurélie Fillippetti : « Arcelor Mittal sacrifie la Lorraine »
"Ici reposent les promesses de Nicolas Sarkozy" notaient les syndicalistes pour l'usine de Gandrange qui est aujourd'hui fermée
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Sur l’antenne de France Info, la députée socialiste de Moselle a dénoncé la décision d’Arcelor-Mittal de fermer ce nouveau haut-fourneau. «De qui se moque Arcelor Mittal ?» s’énerve-t-elle. «Ils ne font qu’augmenter leur marge et les dividendes des actionnaires» a-t-elle déclaré. «Aujourd’hui ils n’ont plus besoin de la Lorraine, ils la sacrifient !» conclut la députée PS. Aurélie Filippetti appelle Nicolas Sarkozy et le gouvernement à agir contre “la politique spéculative” du groupe industriel. Néanmoins le chef de l’Etat n’avait pas brillé par son efficacité lors de la fermeture de Gandrange.
Michel Liebgott, député-maire de Fameck (PS): «C’est une décision lourde de conséquences. ArcelorMital fait une fois encore le choix du court terme. Cette stratégie est dangereuse pour l’emploi des salariés d’ArcelorMittal mais aussi pour toutes les entreprises de sous-traitance. Et pour les outils de production qui faute d’investissements perdent régulièrement en compétitivité. On ne peut accepter de pareilles orientations d’un groupe qui a tout de même fait près de 2,5 milliards de dollars de bénéfices au seul premier trimestre et qui se préoccupe plus de finance et de rentabilité que de l’avenir de ses outils. […]»
Philippe Tarillon, maire de Florange (PS): «L’Etat et ArcelorMittal s’étaient engagés à la fermeture de Gandrange à la pérennisation de la filière liquide pour ainsi voir aboutir le projet Ulcos. ArcelorMittal nous envoie un signal négatif pour Ulcos, projet structurant qui pérenniserait à long terme notre site. Les arrêts successifs de l’outil de production finiront par le condamner. Nous n’accepterons pas d’assister, passifs, à la fin de la sidérurgie en Lorraine.»
François Hollande, candidat à la primaire (PS): «Je suis solidaire des Mosellans qui après Gandrange sont une nouvelle fois frappés par la crise de la sidérurgie. L’économie du département est lourdement fragilisée par le groupe ArcelorMittal. Le gouvernement aurait dû conditionner son autorisation de recourir au chômage partiel sur le site à des engagements précis du groupe quant à la réouverture des installations.»
Jean-Pierre Masseret, président socialiste du conseil régional et Président de la Région Lorraine: «Cette décision d’arrêter les hauts fourneaux sans aucune maintenance condamne l’outil industriel et menace le projet Ulcos. Cela confirme la crainte que nous avons eue dès le début, Mittal est davantage un financier qu’un industriel.»
Le ministre de l’industrie « espère un redémarrage »
Martine Aubry interpelle directement le chef de l'Etat sur la situation tendue de Florange
Crédit Photo : Olivier Liévin | LOR'Actu
La décision d’arrêter le haut-fourneau de Florange fait réagir au plus haut sommet de l’Etat. Interpellé par les syndicats et l’opposition, le ministre de l'Industrie Eric Besson a indiqué vendredi qu'il allait recevoir la direction d'ArcelorMittal pour s'assurer que tout est fait pour pouvoir redémarrer «dès que possible».
En plus de François Hollande, sa rivale socialiste Martine Aubry interpelle directement le Président de la République. «L'abandon de l'usine de Florange menace l'ensemble de l'industrie sidérurgique de Lorraine. En 10 ans, la région a perdu un quart de ses emplois industriels», déclare Aubry. «J'appelle le président de la République et le gouvernement à en finir avec les gesticulations et les promesses sans lendemain et à agir enfin pour la sauvegarde de nos usines et nos emplois» conclut-elle dans un communiqué de presse.