La caissière de chez Cora : «je ne suis pas à l'abri d'un licenciement»

Thionville - 06/11/2011 13h57
Nicolas Z.
La caissière de chez Cora : «je ne suis pas à l'abri d'un licenciement»
Société

La caissière de chez Cora Mondelange de son pseudonyme médiatique ou plutôt Anne-Marie Costa revient sur l’affaire du ticket de caisse qui lui a valu des menaces de licenciement de la part de son employeur. Elle est accusée d’avoir volé un bon de réduction imprimé au dos. Elle revient pour nous en exclusivité sur le buzz de l’année et nous livre sa vérité.

LOR’Actu.fr : Rappelez-nous les faits exacts qui vous été reproché par la direction de Cora Mondelange ?

Les faits exacts qui me sont reprochés c’est un vol de ticket de caisse. On m’a ensuite convoqué à un entretien préalable de licenciement, après cet entretien je découvre qu’on m’a fait un rappel à la loi, qu’on me reproche de ne pas être à jour dans mes arrêts maladie et on me reproche aussi des lettres d’insultes.

Comment avez-vous réagi à l’annonce de votre licenciement ?

Quand j’ai reçu ma lettre, ça s’est très mal passé. En fait je réalisais, d’une part qu’ils ont été jusqu’au bout et qu’ils ont porté plainte. C’est la parte de mon travail, je ne savais pas quoi faire. Je dois élever mon fils seul, je suis vraiment écroulée à cet instant.

Considérez-vous avoir volé ce ticket de caisse ou qualifieriez-vous ce geste d’anodin ?

Je ne pensais pas avoir fait un vol en prenant ce ticket et je l’ai fait ouvertement à ma caisse.

Comment ce vol a-t-il été prouvé ?  

Je pense que j’ai été surveillée parce qu’il fallait le faire pour, à ce moment-là tomber sur moi alors qu’il n’y avait pas de clients autour. Je suis membre élue au syndicat CGT et depuis l’arrivée de la nouvelle direction on est tous surveillés. S’ils me surveillaient à ce moment-là c’est qu’ils le faisaient depuis un moment et du coup ils m’attendaient pour le ticket. On reçoit aussi beaucoup de lettres recommandées de Cora…

Les employés : harcelés par des courriers recommandés

Crédit Photo : Google Street View 

Quel est le contenu de ces lettres recommandées que vous recevez de la part Cora Mondelange ?

Pour ma part j’ai reçu une lettre recommandée après avoir effectué une mission de mon mandat syndical, c’est-à-dire que je parlais à une collègue employée, le directeur est venu me dire « Bonjour »… et le lendemain j’ai reçu une lettre recommandée comme quoi je n’avais pas à le faire, que je ne pouvais pas l’interrompre dans son travail. Son courrier était très méchant… Une autre collègue a reçu un courrier car elle a fait ses achats pendant sa pause en laissant son panier derrière sa caisse, elle n’en avait pas le droit d’après Cora. Mon autre collègue André Martz, c’est 35 recommandés depuis l’arrivée de la nouvelle direction. C’est vraiment de la surveillance tout le temps…

Ensuite après avoir été accusée de vol par Cora, vous vous rendez au commissariat pour porter plainte contre Cora pour séquestration. Et là vous apprenez que le magasin a porté plainte contre vous pour vol.

En allant déposer plainte pour séquestration c’est là que j’ai découvert qu’ils portaient plainte contre moi pour vol. La décision du procureur de Thionville s’est faite sous deux jours. J’ai eu un rappel à la loi… pour un vol de ticket de caisse, c’est bien noté sur le rappel à la loi.

Un entretien préalable de licenciement a-t-il eu lieu ?

Oui oui… les faits se sont déroulés dans les environs du 24 septembre, j’ai reçu une convocation en octobre et l’entretien était prévu le 7 novembre. Il a été annulé, mais il faut savoir que l’entretien a juste été supprimé mais il faut savoir que ma chef de caisse organise des réunions d’une heure et demie pour rappeler les faits  aux hôtesses de caisse et leur dire que «ce n’est pas tout, elle a du voler autre chose», alors imaginez ce que mes collègues pensent de moi…

Aujourd’hui est-ce que vous craignez d’être licenciée par Cora du jour au lendemain ?

Oui tout à fait. Je ne pense pas que si je retourne chez Cora, je n’irai pas sans reproches. Je ne suis pas à l’abri d’un licenciement.

Quelle est l’ambiance de travail dans votre magasin ?

J’ai appelé deux collègues et j’ai été très déçue qu’ils me mettent sur le dos d’autres choses et qu’on dise « qu’Anne-Marie Costa a volé d’autres choses… qu’on me surveille souvent pour ça». L’ambiance est négative, on a l’impression qu’on va perdre notre travail, voilà l’ambiance. On essaye de faire croire que les caissières vont perdre leur travail à cause de la CGT, à cause du bruit qu’à provoqué cette affaire. Le problème c’est que ce n’est pas nous qui avons fait le bruit, ce sont les médias et les internautes. Pour les salariés c’est la CGT.

Anne-Marie Costa : «Je subis des pressions indirectes de la part de Cora»

Anne-Marie Costa lors de son témoignage dans Sept à Huit 

Crédit Photo : TF1 

Est-ce que vous subissez des pressions de la part de Cora depuis le buzz provoqué par cette affaire ?

Les pressions ne sont pas directes puisque je n’ai pas de rapport avec Cora. Elles partent par mes collègues. On m’a dit que c’était trop, que les médias en avaient trop faits, c’est là que la pression est.

Un buzz énorme provoqué sur les réseaux sociaux en quelques heures seulement. Vous attendiez-vous à un tel retour ?

Absolument pas ! J’imaginais que les gens allaient trouver cette affaire aberrante mais je ne pensais pas que ça allait prendre une telle ampleur. Au niveau des radios, des télévisions, absolument pas.

Qui a sorti cette affaire dans la presse ? Vous ou bien votre syndicat ?

C’est suite à une assemblée générale dans le local de la CGT de Cora Mondelange où cette affaire a été évoquée. Je ne pensais pas que ça allait faire un buzz incroyable comme ça…

Regrettez-vous ce buzz ?

Je ne peux pas le regretter, ce n’est pas moi qui l’a provoqué. Je ne peux pas me réjouir ou regretter. Si les gens ont autant réagi c’est qu’ils ont besoin de dire que quelque chose ne va pas. Si cette affaire continue à enflammer les réseaux sociaux c’est parce qu’ils comprennent qu’elle n’est pas terminée. C’est de la fumisterie de dire que tout va bien, que je vais être réintégrée. Bien sûr je n’ai pas perdu puisque l’entretien préalable de licenciement  a été annulé mais ça n’efface pas tout le reste.

Avez-vous le projet ou en tout cas l’envie de quitter Cora ?

On m’a posé plusieurs fois la question (hésitante), mais je ne sais pas, je ne sais plus. Je ne peux pas vous répondre.

Allez-vous porter plainte contre Cora suite à cette affaire ?

Avec mon avocat, on fera ce qu’il y à faire, oui. Il y a des choses qui ne se font pas et mon avocat fera le nécessaire.

Vos collègues de Cora vous soutiennent-ils ? Quelles sont leurs réactions ?

J’ai beaucoup de messages de soutien de la part de collègues à l’extérieur, celles en congés maternité par exemple. A l’intérieur du magasin, non, puisqu’elles ont trop peur, trop peur de la perte d’emploi. Elles se font monter contre moi. Je n’ai donc pas beaucoup de soutien de la part de mes collègues.

Votre enfant est-il au courant maintenant ?

Mon fils est au courant de ce qu’il s’est passé quand j’ai dû aller à la gendarmerie. Je lui ai expliqué que j’avais un petit souci puisqu’il m’attendait. Il est courant également car j’ai appuyé sur le bouton de la télévision et il a bien compris que j’étais à la télé. Mais il ne faut pas trop que je lui en raconte car ce n’est pas trop bon. Son papa étant décédé depuis 3 ans, je ne dois pas trop en faire.

Plainte contre Cora : « On ira jusqu’au bout »

Etes-vous confiante aujourd’hui ?

Je ne sais pas, j’ai vraiment le soutien dont j’ai besoin, on ira jusqu’au bout. Même les gens que je ne connais pas me soutiennent.

Le procureur de Thionville n’a pas maintenu votre plainte mais a donné raison à Cora. En voulez-vous à la justice ?

Oui ! C’est une plainte pour vol quand même, là on se dit que ce n’est pas possible, qu’on est dans un autre monde parce qu’il y a des choses beaucoup plus importantes. Il ne fait rien pour faire appliquer la loi (ndlr. le procureur de la République de Thionville)

Enfin, quand allez-vous reprendre votre poste chez Cora puisque vous êtes actuellement en arrêt maladie ?

Je ne sais pas, je ne sais vraiment pas. Je suis toujours sous antidépresseurs, je ne sais pas du tout.

Propos recueillis par téléphone le samedi 5 novembre 2011. 

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