A Saint-Dié-des-Vosges, stupeur et silence après l’identification du second terroriste

Vosges - 28/07/2016 15h03 - mis à jour le 28/07/2016 16h11
Lu 9 562 fois -   LORACTU.fr La Rédaction
A Saint-Dié-des-Vosges, stupeur et silence après l’identification du second terroriste
Société
Le centre-ville de Saint-Dié-des-Vosges (Vosges), où est né le second terroriste. (PHOTO: DR)

Le second terroriste de l’attentat visant une église de Normandie mardi est né à Saint-Dié-des-Vosges (Vosges). Habitant en Savoie avec sa mère, ce jeune homme âgé de 19 ans se serait radicalisé rapidement et n’avait jamais fait parler de lui jusqu’à peu. Il était fiché S depuis un mois. 

Son nom n’évoque pas grand-chose aux habitants de Saint-Dié-des-Vosges. En tout cas pas avant sa triste médiatisation survenue dès mercredi soir et d’avantage jeudi dès que son identité a été confirmée par les enquêteurs. Abdel Malik Petitjean, Savoyard de 19 ans né dans les Vosges, a été "formellement identifié" grâce à des prélèvements ADN sur sa mère, a appris l'AFP auprès du parquet de Paris. Sa carte d'identité avait été retrouvée au domicile du premier tueur, Adel Kermiche, un Français de 19 ans. Ce dernier avait été rapidement identifié par les enquêteurs.

Dans la commune de Saint-Dié-des-Vosges, 20 000 habitants, c’est la stupeur mais aussi le huit-clos. «L'enquête sur l'attentat commis mardi 26 juillet à Saint-Etienne-du-Rouvray (Seine-Maritime) est aujourd'hui conduite par le parquet de Paris. Je m'en remets naturellement à lui pour toute communication sur ce dossier» a assuré le maire (UDI) de la commune, David Valence, refusant de commenter le parcours du terroriste natif de sa ville. Globalement, personne ne se souvient de ce jeune homme de 19 ans qui s’est radicalisé soudainement. «Il ne fréquentait pas la mosquée» assure l’imam de Saint-Dié qui condamne avec «fermeté» les derniers attentats survenus en France. «La communauté musulmane est assez petite dans une commune comme Saint-Dié, on n’a jamais vu cette famille» assure-t-il.

Le second terroriste a été identifié et est bien né dans les Vosges

Le jeune terroriste qui a été fiché S récemment était connu des services de renseignement. La préfecture des Vosges de son côté s’est refusée à tout commentaire, renvoyant vers l’autorité judiciaire compétente à Paris.

- Il ne fréquentait pas la mosquée de Saint-Dié -

Dans la communauté musulmane, on ne comprend pas. «On imaginait que ce type d’individus pouvait se radicaliser dans les banlieues de région parisienne, à Marseille, à Lyon… Mais pas ici !» s’indigne Fatima, qui vit depuis 30 ans dans cette ancienne cité industrielle frappée par un taux de chômage record supérieur à la moyenne nationale. «Certes on est épargné par la grande délinquance mais ici c’est débrouille, petits trafics et jeunes qui rêvent de partir ailleurs». Certains en Syrie, d’autres réussissent et font leurs études à Paris ou préfèrent Nancy, la grande ville la plus proche. A Saint-Dié, c’est la stupeur. «Un attentat en Normandie, l’un des terroristes qui est né ici, dans une ville qui ne fait jamais parler d’elle, c’est hallucinant» s’indigne Hakim. «Ici, les musulmans sont discrets, on ne les voit pas beaucoup» affirme un habitant, tandis qu’un musulman pratiquant confirme. «Notre communauté est bien acceptée ici. Il y a parfois des regards méfiants depuis les derniers attentats mais on a toujours été bien intégré ici» assure-t-il.

Capture d'écran d'une vidéo diffusée le 27 juillet 2016 par l'EI dans laquelle deux hommes présentés comme les auteurs de l'attaque de Saint-Étienne-du-Rouvray, "Abou Jalil al-Hanafi"(g) et "Abou Omar" (d), prêtent allégeance au chef de l'EI. A droite, il s'agit du vosgien. (PHOTO: AMAQ NEWS)

Le rêve d’Abdel Malik Petitjean était visiblement plus noir. Celui qui avait eu son baccalauréat et récemment obtenu un CAP à Aix-les-Bains (Savoie) où il vivait avec sa mère aspirait à rejoindre la Syrie pour combattre aux côtés de l’Etat islamique qui a revendiqué la prise d’otage mortelle de cette église. Petitjean n'était pas connu de la justice. Il était toutefois apparu très récemment dans les radars des services antiterroristes: il avait une fiche "S" pour radicalisation depuis le 29 juin pour avoir à son tour tenté de se rendre en Syrie. Mais le fichage S des individus en France ne veut pas signifier une surveillance automatique et particulière de chaque individu. Selon Manuel Valls, la France compte plus de 20 000 fichés dont au moins 10 500 pour islamisme radical. Ces fichés S ne savent d’ailleurs pas qu’ils font l’objet de cette vigilance des services de l’Etat, la loi ne l’oblige pas.

Le second tueur était en outre vraisemblablement recherché depuis le 22 juillet, soit quatre jours avant l'attentat de mardi à Saint-Etienne-du Rouvray. Un service étranger avait alerté l'Unité de coordination de la lutte antiterroriste (Uclat) qu'un homme, à l'identité inconnue, "serait prêt à participer à un attentat sur le territoire national", information accompagnée d'une photo dont les enquêteurs trouvent à présent qu'elle ressemble fortement à Abdel Malik Petitjean.

- Comment un enfant du pays a-t-il pu faire ça ? -

LIRE AUSSI. VIDEOS. La mère d'Abel Malik Petitjean: "il est gentil, je n’ai pas fait un diable moi"

Trois personnes de son entourage familial ont été placées en garde à vue mercredi "pour permettre de recueillir des éléments sur le profil du tueur", selon une source proche de l'enquête. "Rien à ce stade ne dit que ces personnes ont quelque chose à voir avec la tuerie", a-t-elle précisé.

Si le passage à l’acte de ce jeune homme de 19 ans et sa volonté de partir en Syrie confirment sa radicalisation soudaine et sa détermination à commettre un attentat en France, sa mère ne voit pas son fils sous cet œil.  "Je connais mon gamin, il est gentil. Je n'ai pas fait un diable moi", a-t-elle déclaré au micro de BFMTV et de plusieurs autres médias. "Il ne parlait jamais de Daesh (…) On est positifs nous, on parle des trucs biens", assure-t-elle. "Mon fils n’aurait jamais pu commettre un tel acte. Il a passé le week-end chez moi. Lundi, il était parti chez l’un de ses cousins à Nancy et ne connaissaient personne à Saint-Étienne-du-Rouvray. J’ai hâte qu’il revienne à la maison" assurait mardi après-midi la mère du second terroriste présumé, sous le choc, citée par le quotidien régional Le Dauphiné Libéré. Elle a toutefois avoué ne plus avoir de nouvelles depuis lundi, la veille de l’attentat, son dernier échange était un SMS envoyé à son fils. 

Deux perquisitions ont été menées dans l’entourage du jeune homme. La première à Aix-les-Bains (Savoie), dans le quartier Franklin-Roosevelt,  par le Raid, L'appartement visé serait celui de la mère d'Abdel Malik P., là où le jeune homme résidait. Une seconde opération antiterroriste a aussi été menée dans un quartier au sud de Montluçon (Allier) au domicile d'un membre de la famille du suspect. Dans cette même ville, le suspect aurait adopté le nom de famille de son père en 2009 alors qu’il était encore mineur. 

Mercredi, l'EI a diffusé une vidéo des deux tueurs, barbus, prêtant allégeance au chef du groupe jihadiste Abou Bakr al-Baghdadi.

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