03/10/2014 12:51 |
La ministre chargée de la Famille s’est engagée, dans une interview accordée à LOR’Actu.fr, à préserver le montant des allocations familiales en 2015 alors que le gouvernement est accusé de s’attaquer aux prestations familiales. Elle réaffirme aussi son opposition à la GPA. Laurence Rossignol effectue un déplacement en Moselle ce vendredi.
Manuel Valls affirme ce vendredi dans une interview accordée au quotidien La Croix que la GPA (Gestation pour Autrui) «est et restera interdite en France». Est-ce un gage fait à la «Manif pour Tous» deux jours avant une manifestation ?
C’est d’autant plus un gage qu’une répétition de notre position depuis plusieurs mois, voire depuis plusieurs années. Nous ne le cessons de le rappeler. C’est un rappel nécessaire à 48h d’une manifestation. Cela est utile de le rappeler d’autant plus pour montrer que les slogans de cette organisation n’ont pas lieu d’être. A tous ceux qui sont tentés de s’y rendre, ils doivent s’avoir que la mobilisation n’a pas d’intérêt.
Nous n’avons jamais changé de position. La GPA est devenu un marché mondial et humain. La France ne doit pas y contribuer. Les femmes qui deviennent des mères porteuses et les enfants qui naissent dans le cadre d’une GPA ne doivent pas devenir des marchandises.
Manuel Valls était pourtant favorable à la GPA lorsqu’il était candidat aux primaires du PS en 2011…
Manuel Valls à cette occasion ne méconnaît pas la souffrance des couples qui ne peuvent pas avoir d’enfants. Entre temps, le marché de la GPA s’est développé dans des proportions folles que nous n’imaginions pas. Il s’est organisé, mondialisé et structuré. Il existe désormais des contrats de dizaines de pages pour encadrer le mode de vie des femmes qui sont chargées de porter les enfants. Il n’y a pas de GPA gratuite et surtout éthique. Nous ne voulons pas bouleverser la filiation en France.
"Nous ne voulons pas bouleverser la filiation"
Le premier ministre s’est aussi engagé à ne pas transcrire de manière automatique les actes de GPA à l’étranger. Comment l’expliquer aux familles qui sont dans ce cas ?
Les enfants nés de GPA à l’étranger peuvent devenir Français et ne seront pas des enfants fantôme. De plus les actes de naissance étrangers sont reconnus dans notre pays. Je le répète, nous ne voulons pas bouleverser la filiation. Le gouvernement ne changera pas sa position sur le sujet, comme nous l’avons fait depuis notre arrivée en 2012. François Hollande et Manuel Valls s’y sont engagés.
Sur le dossier de la PMA pour les couples homosexuels, quelle est la position du gouvernement ?
Les sujets de la PMA et de la GPA ne sont pas liés, il est important de le souligner. Nous avons saisis le comité d’éthique qui doit se prononcer courant 2015. Le gouvernement souhaite avoir un état précis du débat dans la société avant de prendre une décision. On ne peut pas encore dire ce que le gouvernement fera.
Nicolas Sarkozy souhaite inscrire dans la Constitution des verrous juridiques pour interdire la PMA pour les couples homosexuels et la GPA. Qu’en pensez-vous ?
Cette proposition est farfelue. Il doit avoir plus sérieux pour la Constitution qui est là pour régir les institutions du pouvoir pas pour y poser des verrous. Il méconnaît gravement la Constitution.
A-t-il changé, selon vous ?
Je ne peux que constater ce que je vois à la télévision. Je l’ai vu deux fois. En juillet dernier au 20H pour critiquer durement les juges et lors de son annonce de candidature il y a quelques semaines. C’est le Nicolas Sarkozy que l’on a connu. Quand il a évoqué le cas du mariage pour tous et des familles, il a divisé de nouveau les Français. Le Nicolas Sarkozy qui divise les Français est de retour. Assez-vite au fil de l’interview, il est redevenu celui que l’on connaît tous.
"Pas plus d’économies sur les familles en 2015"
Division par trois de la prime à la naissance pour le second enfant, réduction de la durée du congé parental pour les mères… de nombreuses voix s’élèvent pour dénoncer la «familophobie» du gouvernement. Vos actions auront-elles un effet négatif sur la natalité ?
Les Français soutiennent nos engagements sur la réduction des dépenses. Nous devons faire 50 milliards d’euros d’économies d’ici 2017. Je tiens à rappeler qu’en 2007 la branche famille était excédentaire mais qu’en 2012 il y avait un déficit de 2 milliards d’euros. L’ancien gouvernement de Nicolas Sarkozy n’a fait aucune réforme de structure pour changer la situation. Pour continuer à bénéficier de notre modèle social, il faut faire des efforts. La politique est juste et nous voulons la préserver. Les familles modestes et pauvres sont aussi préservées. Il ne faut pas limiter la politique familiale au versement de prestations. Le gouvernement s’engage aussi à la création de 275 000 places d’accueil pour la petite enfance d’ici 2017. Grâce à ce dispositif, la natalité de la France est bonne.
Les familles vont-elles devoir faire davantage d’efforts ?
Je tiens déjà à préciser que nous ne supprimons pas la prime à la naissance ! Elle reste de 900 euros pour le premier enfant. C’est à partir du second enfant que l’on doit la réduire. En 2015, il n’y aura pas d’efforts supplémentaires. Le niveau des allocations familiales ne baissera pas en 2015. Il n’y aura pas davantage d’économies sur les familles l’année prochaine.
Allez-vous recevoir les représentants de la Manif pour Tous qui regagnent la rue ce dimanche ?
J’ai déjà reçu la Manif pour Tous à plusieurs reprises. Les discussions ne me feront pas changer d’avis mais ils permettent de confronter nos points de vue. Ma porte est ouverte. Il faut arrêter de dire qu’ils ne sont pas écoutés et reçus. Elle est reçue très longuement à chaque fois qu’elle vient au ministère. Depuis, je n’ai pas eu de nouvelles demandes de rendez-vous.