25/12/2012 |
Après Noël, seule la Moselle inscrit un jour férié en Lorraine. Aux côtés de l’Alsace, les salariés bénéficient d’un jour de repos supplémentaire. Impossible de trouver un magasin ou un service public ouvert. Beaucoup de mosellans migrent en Meurthe-et-Moselle le temps d’une journée.
Pourquoi les mosellans et alsaciens bénéficient-ils d’un jour férié le 26 décembre ? Il s’agit en fait d’une vieille tradition qui compose le droit local d’Alsace-Moselle. Une ordonnance du 16 août 1892 précise le jour chômé. Les Alsaciens et les Mosellans ont deux jours fériés supplémentaires (par rapport au reste de la France) : le jour de Saint Étienne, fêté le 26 décembre, et le Vendredi Saint (qui précède le dimanche de Pâques). Ainsi, c’est Saint Etienne qui est à l’honneur ce jour là, premier martyr de l’histoire du christianisme.
Ce jour du 26 décembre était chômé en France avant 1905, date où l’Alsace et la Moselle étaient encore sous contrôle allemand. Après que la France laïque ait décidé de se séparer de ce jour férié car religieux, les trois départements réunis à la France en 1918 refusèrent d’abandonner les avantages que l’Allemagne de Guillaume II leur avait offerts.
Ce jour férié particulier à la Moselle a de petites répercutions sur les habitudes des mosellans. Entre repos et aller-retour du côté du département voisin, chacun apprécie à sa manière ce jour chômé. Ainsi de nombreux commerces et services publics seront fermés en ce mercredi 26 décembre. « De nombreux clients se tournent vers la Meurthe-et-Moselle pour faire leurs achats après Noël et dépenser leurs étrennes » constate un commerçant messin. Le Luxembourg quant à lui affiche aussi un jour férié. « Impossible donc qu’ils se tournent vers le Grand-Duché, ils préfèrent aller à Nancy » constate-t-il. Mais ce jour férié supplémentaire est néanmoins populaire chez de nombreux salariés. « On peut se reposer après deux jours de fête » ajoute un père de famille « épuisé du rythme des fêtes » et qui doit « se lever tôt d’habitude. »
Doit-on supprimer le concordat Alsace-Moselle ?
Le débat est historique. Doit-on supprimer ce concordat spécifique à trois départements Français : la Moselle, le Bas-Rhin et la Haut-Rhin ? D’un coût de 58 millions d’euros en 2011 selon les DNA, le concordat représenterait ainsi 0,015% des dépenses de l’Etat. Selon ses détracteurs, le droit spécifique à l’Alsace-Moselle qui permet le financement des cultes par la force publique est anticonstitutionnel et n’appliquerait pas l’article 1 de la Constitution. « La France est une République indivisible, laïque, démocratique et sociale. Elle assure l’égalité devant la loi de tous les citoyens sans distinction d’origine, de race ou de religion ». Les politiques s’en sont également beaucoup mêlées ces dernières années, notamment durant les temps de campagnes électorales. Jean-Luc Mélenchon s’était par exemple engagé à le supprimer s’il était élu.
D’autres comme Nicolas Sarkozy ou Marine Le Pen se sont dit favorables au maintien du concordat alsaco-mosellan. François Hollande lors de la campagne avait assuré ne pas vouloir toucher au droit local une fois élu. « Je ne remettrai pas en cause les dispositions de lois spécifiques qui s’appliquent à l’Alsace-Moselle. Elles sont l’héritage historique du rattachement de ces régions à l’Allemagne entre 1871 et 1918 et sont une composante essentielle de l’identité alsacienne au même titre que le bilinguisme et la culture régionale » avait-il assuré en avril 2012.
Le Président de la République a même assuré dans son engagement n°46 durant la campagne vouloir constitutionnaliser la loi de 1905 (séparation Eglise-Etat) mais sans toucher au concordat spécifique à l’Alsace et à la Moselle. « Je proposerai d’inscrire les principes fondamentaux de la loi de 1905 sur la laïcité dans la Constitution en insérant, à l’article 1er, un deuxième alinéa ainsi rédigé : ‘'La République assure la liberté de conscience, garantit le libre exercice des cultes et respecte la séparation des Églises et de l’État, conformément au titre premier de la loi de 1905, sous réserve des règles particulières applicables en Alsace et Moselle.'’» avait-il promis dans sa profession de foi.
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