26/06/2014 11:32 |
Crédits photo : Conseil de l'Europe
La réforme territoriale qui sera examinée par le Sénat revient sur le devant de la scène. Le Conseil régional de Lorraine débattait ce jeudi matin de son futur mariage avec l’Alsace. Jean-Pierre Masseret qui défend cette union assure que la région ne «perdra pas son identité».
Le conseil régional de Lorraine débattait ce jeudi avant son voisin alsacien de la réforme territoriale qui ambitionne de diviser par deux le nombre de régions. Le mariage programmé de l’Alsace et de la Lorraine dans l’Est alors que le Champagne et la Franche-Comté veulent aussi être inscrites au faire-part divise la classe politique régionale. Jean-Pierre Masseret (PS) qui dirige la Lorraine défend bec et ongle la future fusion avec l’Alsace conscient qu’il doit faire face à de nombreuses critiques.
Selon lui, «la Lorraine ne perdra pas son identité après le mariage avec l’Alsace». Des propos relayés par Julien Vaillant (PS) qui assure que «les vosgiens resteront vosgiens, tout comme les meusiens ou encore les Lorrains…». Les socialistes de la majorité régionale défendent ce rapprochement avec l’Alsace pourtant seule région métropolitaine détenue par l’UMP. «Seuls les conseils régionaux fusionneront pour plus d’efficacité. Le droit local existe et existera encore. Ce n’est pas la peine d’agiter des peurs» a rassuré M. Masseret en ouverture de la séance du conseil. «La réforme est utile sinon la France meurt de ses conservatismes et face au corporatisme». «Il faut passer au-dessus des postures politiciennes» a conclut Jean-Pierre Masseret.
Du côté du PS, on assure naturellement soutenir la réforme portée par François Hollande et Manuel Valls. Angèle Dufflo (PS) assure qu’il faut «des régions puissantes car nous avons besoin de sens et d’ambition pour une réforme qui touche aux cinquante prochaines années». «Nous sommes heureux du rapprochement de l’Alsace et de la Lorraine qui ont un destin commun et une histoire. Le traité de Verdun avait acté l’Alsace-Lorraine» rappelle la conseillère régionale socialiste. «Le débat sur la capitale régionale est une perte de temps, les grandes villes doivent devenir des métropoles sans que l’une ou l’autre joue un rôle plus important» plaide-t-elle. «Il y a une cohérence avec l’Alsace, l’A4 ou la ligne TGV Paris-Strasbourg sont de bons exemples» selon elle.
Le FN : "Metz doit devenir capitale" de l’Alsace-Lorraine
Pour EELV qui fait partie de la majorité, il faut des «territoires autonomes» et «étendre la clause de compétence générale». Pour les communistes et le Front de Gauche, la réforme est aussi une bonne idée mais les élus d’extrême gauche préviennent. Ils seront vigilants notamment sur le devenir du personnel et la place des services publics de proximité à l’issue du mariage de l’Alsace et de la Lorraine.
"Cette réforme est fait dans l’urgence. Il s’agit d’une réponse à l’échec cuisant du PS aux municipales et aux européennes" selon Nadine Morano (UMP).
Du côté du Front National, la réforme territoriale ne passe absolument pas. Selon Thierry Gourlot (FN), la Lorraine «doit défendre son identité» comme l’ont fait la Bretagne ou la Corse. «Cette réforme va créer des divisions entre les secteurs ruraux et urbains. Il s’agit d’un démentiellement des services publics» dénonce le parti de Marine Le Pen. «Personne ne connaît rien de cette fusion. Vous avez renoncé à défendre Metz puisque le débat sur la capitale régionale n’a pas lieu d’être selon vous» a apostrophé le leader frontiste en s’adressant à Jean-Pierre Masseret. «Strasbourg est déjà capitale européenne, Metz doit être la capitale régionale. On peut avoir deux capitales pour être plus fort» selon lui. «Le mariage entre une région de gauche et une région de droite est bien l’illustration du système UMPS». Le FN «défend l’organisation commune-département-Etat» plaidant pour une disparition des régions.
Morano (UMP) : "une réponse à l’échec de la gauche"
Enfin, pour l’opposition UMP-UDI-Nouveau Centre, on n’est pas tendre avec Jean-Pierre Masseret. Nadine Morano (UMP) qui conduit l’opposition affirme que le débat est nécessaire mais s’oppose très clairement au mariage de l’Alsace et la Lorraine. «Cette réforme est fait dans l’urgence. Il s’agit d’une réponse à l’échec cuisant du PS aux municipales et aux européennes. Mais cela ne correspond pas aux priorités des Français. Il s’agit d’un alibi pour détourner l’attention. Vous nous faites perdre beaucoup de temps puisque la droite avait déjà proposé une réforme territoriale et vous aviez voté contra au Sénat» a fustigé Nadine Morano s’adressant à son adversaire M. Masseret.
«Maintenant vous tentez de convaincre les lorrains que cette réforme est bonne…» a-t-elle dénoncé. «C’est une réforme brouillonne faite sur un coin de table de l’Elysée. François Hollande ne connaissait même pas le nombre de régions retenues quelques heures avant l’annonce…» ironise-elle surnommant la réforme «XXX». «Et pourquoi l’Alsace-Lorraine ? Quid de la capitale régionale ? Et des fonctionnaires ?» interroge l’ancienne ministre de Nicolas Sarkozy. «Que va-t-on trouver dans le contrat de mariage ? Rien !» s’agace l’eurodéputée UMP. «La sanction électorale arrivera très vite même si vous tentez de repousser les élections régionales…» a-t-elle conclut avant de quitter l’hémicycle.