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08/08/2014 18:56
Nancy, France /
Politique
La Rédaction

L’interpellation d’une famille de demandeurs d’asile à Nancy (Meurthe-et-Moselle) fait polémique après la diffusion d’une vidéo amateur sur les réseaux sociaux. Le PS demande des explications au gouvernement pour «que toute la lumière soit faite».

 

La famille réveillée à 6h par un serrurier et la police. Le 5 août dernier, à six heures du matin, Souren et Asya Babayan, Arméniens, et leurs 2 enfants âgés de 7 ans et de 8 mois dormaient au CADA (Centre d’accueil et d’hébergement des demandeurs d’asile) de Nancy. Jean-François Raffy, secrétaire général de la Préfecture de Meurthe-et-Moselle et un fonctionnaire de la police aux frontières (PAF) se sont présentés à la porte de leur chambre, précise l’association Réseau Education Sans Frontière (RESF).

 

La mère de famille «a refusé de sortir» tandis que le père n’a pas ouvert la porte à la police nécessitant l’intervention d’un serrurier précise l’association. «Elle a été empoignée et traînée dans l’escalier sur les trois étages. Les deux enfants ont été pris par la police malgré leurs pleurs et la résistance de l’aînée. De nombreuses personnes ont été témoins de la scène et des vidéos ont été prises» s’indigne RESF tandis que la vidéo amateur a été diffusée sur internet et déjà relayée par plusieurs médias. Selon Réseau Education Sans Frontière qui a révélé l’affaire dans un communiqué, la mère de famille «porte des marques sur les jambes et les bras de cette descente contrainte des escaliers».

  

Une mère de famille trainée au sol, les policiers «violents». Lors de l'interpellation, les cris et les insultes fusent : "Il ne faut pas faire ça, c'est pas normal", répète l'homme qui filme la scène. "Vous trouvez ça normal ?", demande le résident à un policier. "Arrêtez. Ce qui n'est pas normal c'est de crier", lui répond le policier.

 

Le rappel de la promesse d'Hollande en 2012 

 


Selon RESF, Asya et ses enfants ont ensuite été conduits au commissariat de police puis transférés au Centre de rétention de Metz aux alentours de 10 heures du matin. Le lendemain, mercredi 6 août, la famille a été expulsée, destination l'Arménie.  L’association a d’ailleurs dénoncé la «violation de la promesse présidentielle de ne plus placer d’enfant en rétention, deux enfants ont été enfermés dans un CRA qui, en outre, n’est pas équipé pour recevoir des bébés de 8 mois».

 

Le PS choqué interpelle le gouvernement… de gauche.Le Parti socialiste a annoncé dans un communiqué avoir «découvert avec stupéfaction les images vidéo de l’interpellation d’une famille de demandeurs d’asile». Le parti de la majorité «s’interroge notamment sur les méthodes utilisées par les forces de l’ordre pour emmener de force une famille avec deux jeunes enfants, au petit matin». «Sans préjuger de la situation administrative de cette famille, on ne peut traiter de la sorte des personnes, en particulier lorsque leur seule faute est de n’avoir pas de titre de séjour» fustige le PS dans un communiqué très dur contre le gouvernement.

 

«Si les reconduites à la frontière des personnes séjournant sur le territoire sans titre de séjour sont nécessaires, elles doivent se faire dans le respect des droits et de la dignité des personnes» poursuit-il. Le PS interpelle directement le gouvernement en lui demandant «que toute la lumière soit faite sur cette affaire qui ne peut que choquer». 

La famille porte plainte. La famille a envoyé une plainte au procureur de Metz pour violences et violation du domicile. «La préfecture est passée en force. L'expulsion du domicile est illégale», déplore maître Brigitte Jeannot. «Madame nous a envoyé des photos, elle présente encore des bleus. Et le mari a été expulsé alors même qu'il a fait une crise d'épilepsie en centre de rétention» écrit L’Express.

 

«Il y a un acharnement de la préfecture sur cette famille pour des raisons qui m'échappent», regrette de son côté, l'élu Pascal Laurent. «Je ne suis pas fier de ce qu'il s'est passé dans ma commune. J'ai appris plus tard que j'aurais pu arrêter la procédure, je le regrette amèrement aujourd'hui» assure l’un des adjoints au maire d’Essey-Lès-Nancy où est implanté le centre pour réfugiés.

 

La préfecture de Meurthe-et-Moselle se défend. «Ce sont des situations humainement difficiles tant pour les éloignés que pour les fonctionnaires», observe Jean-François Raffy, le secrétaire général de la Préfecture. «Mais il n'y a eu ni violences, ni excès de zèle. La mère a juste été transportée. La famille savait qu'elle devait regagner l'Arménie. Elle a été déboutée à maintes reprises». Selon ce haut fonctionnaire, le crochetage de la serrure était légal étant donné que les locaux des CADA sont publics.

 

La famille qui est de nouveau en Arménie a fait appel de la décision d’expulsion devant le Tribunal Administratif. 

 
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