A Cattenom, les incidents se multiplient à la centrale nucléaire
Le plan d’urgence mis en place jeudi après un incident «mineur» à la centrale nucléaire de Cattenom (Moselle) révèle que les incidents se sont multipliés ces derniers jours. Le site nucléaire a été en proie à de multiples difficultés techniques, provoquant la colère des ses détracteurs pas seulement écologistes.
Avec ses quatre réacteurs de 1 300 mégawatts, mis en service entre 1986 et 1992, Cattenom est la septième centrale au monde en puissance installée, et la deuxième en France pour sa production d'électricité. Implantée à 5 km de Thionville, elle emploie 1 200 salariés et 300 prestataires permanents.
Hier, le réacteur numéro un de la centrale a rencontré un incident ce jeudi après-midi selon EDF qui a confirmé l'arrêt de sa première tranche après cet incident. Selon EDF, un arrêt automatique du réacteur s’est produit sur l’unité de production n°1 de la centrale. A la suite de cet événement et "en application des procédures", la centrale nucléaire de Cattenom a déclenché un "plan d’urgence interne à titre préventif" Cet incident a été classé 1 sur l'échelle des incidents nucléaires qui part de zéro et va jusqu'à 7, a précisé l'ASN. Une ouverture de vanne intempestive dans le circuit secondaire est à l'origine de l'événement, survenu sur le réacteur n°1. Une injection d'eau de sécurité a été enclenchée. "
"Il n'y a pas eu de rejets radioactifs à l'intérieur du site et dans l'environnement" a répété une porte-parole de la Préfecture de Moselle. 70 personnes étaient mobilisées dans le cadre de cet plan d'urgence préventif, a indiqué la centrale nucléaire à LORACTU.fr. Rapidement, les services de l’Etat ont tenté de rassurer les habitants alors que les messages se multipliaient sur les réseaux sociaux à propos de la gravité de cet incident. Peu après 18h, le plan d’urgence préventif a été levé et le réacteur était de nouveau apte à fonctionner. "Les conditions permettant le raccordement au circuit normal de refroidissement à l’arrêt "sont maintenant atteintes. La connexion à ce circuit est effectuée et le réacteur ramené à des conditions normales de fonctionnement" indiquait un communiqué de la Préfecture.
Un incident découvert tardivement au bout d’un mois
Un incendie s’est récemment déclaré dans une partie «non nucléaire» de la centrale. Samedi dernier, 23 mai, vers 0h15, la centrale de Cattenom a fait appel aux pompiers suite à la détection d'un «dégagement de fumée» sur une pompe d'alimentation en eau du condenseur situé en salle des machines de l'unité de production n°1, en arrêt programmé depuis le 14 février 2015. Le même réacteur touché par l’incident de jeudi. Le début d’incendie avait été maitrisé avant l’arrivée des sapeurs-pompiers. La direction de la centrale nucléaire a précisé avoir averti l’ASN, «comme c’est le cas à chaque incident, même quand il est mineur et ne s’inscrit pas sur l’échelle INES» nous affirme un porte-parole de Cattenom.
Un autre incident s’est produit à la mi-mai découvert au bout d’un mois. Lors des phases de vidange et de remplissage de la piscine du bâtiment réacteur, le niveau de l'eau de la piscine est mesuré à l'aide de plusieurs capteurs. Le 14 mai 2015, lors des opérations de vidange de la piscine du bâtiment réacteur de l'unité n°1, les équipes de la centrale détectent une donnée anormale dans les mesures réalisées par un capteur. Des contrôles sont immédiatement menés. Ceux-ci mettent en évidence que des vannes de liaison entre le capteur et le circuit primaire sont fermées alors qu'elles devraient être ouvertes pour garantir la disponibilité de la mesure. Les analyses menées dans la foulée démontrent que l'origine de l'écart dans la mise en configuration des vannes se situe entre le 14 avril 2015 et la date de sa détection. Un incident qui a été classé au niveau 1 de l’échelle INES sur 7 à cause de la détection tardive de cette anomalie.
Des employés contaminés il y a an, des survols de drone
L’été dernier, des salariés ont été victimes d'une contamination radioactive. Quatre intervenants qui venaient de réaliser «des travaux de décontamination de la piscine du bâtiment réacteur de l'unité de production n°2» avaient fait sonner les systèmes de détection à la sortie de «la zone nucléaire» D'après l'exploitant de la centrale, ils avaient été pris en charge par le service médical de la centrale. Les examens avaient «révélé de légères traces de contamination interne mais qui n'ont aucune conséquence sur leur santé». Pas d'hospitalisation : les salariés «ont regagné normalement leur domicile» et ont l'objet d'un «suivi». En mai 2014, dix salariés d'une entreprise extérieure avaient été contaminés, toujours dans l'unité de production n°2.
L’ASN avait demandé à EDF de mettre en œuvre «une action prioritaire» pour remédier à la «maîtrise insuffisante des opérations de maintenance dans leur planification comme dans leur réalisation ». Une déficience qui « peut avoir des impacts défavorables, par la désorganisation qu'elle entraîne, sur la qualité des opérations de maintenances elles-mêmes».
Outre ces incidents, la centrale de Cattenom avait également été survolée à plusieurs reprises par des drones. Des appareils qui ne seraient pas dangereux pour la sécurité de la centrale à en croire sa direction mais qui montre des failles dans la sécurité aérienne du site nucléaire. Une polémique qui a touché d’autres centrales nucléaires en 2014 et en 2015.
EDF exclut de fermer Cattenom, le Luxembourg a fait pression sur Hollande
Le Luxembourg a récemment demandé à François Hollande d’envisager la fermeture de la centrale de Cattenom, sans réponse favorable de sa part alors qu’il s’est engagé à arrêter l’activité de Fessenheim en Alsace. Le gouvernement luxembourgeois mais aussi els voisins de la Sarre et de Belgique sont particulièrement hostiles à cette centrale, et ce dès son ouverture. A chaque incident, les autorités de ces pays qui ont d’ailleurs renforcé leur coopération avec la France pour la sécurité nucléaire, demandent une fermeture de Cattenom.
La direction de la centrale avait également rejeté toute idée de fermeture. "On ne m'a pas demandé de me préparer à la fermeture de la centrale de Cattenom" avait assuré Guy Catrix, directeur du site face aux journalistes en février 2015. Un chantier est en cours pour prolonger sa durée de vie de 10 ans.
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