Bure: les militants opposés au stockage de déchets radioactifs évacués
Des opposants au projet Cigéo de stockage de déchets radioactifs à Bure (Meuse) qui occupaient un bois pour empêcher le lancement des travaux, ont été évacués jeudi, et des forces de l'ordre étaient encore sur place à la mi-journée, ont indiqué des militants et la préfecture.
"Ce matin à 06H30, la police a évacué des dizaines de personnes", a annoncé Me Etienne Ambroselli, dont "des enfants que nous avons pu faire partir", a-t-il ajouté.
L'Agence nationale pour la gestion des déchets radioactifs (Andra), à l'origine du projet, avait porté plainte contre l'occupation par anti-Cigéo du bois de Mandres-en-Barrois, qu'elle avait acquis, et demandé à la préfecture l'expulsion des opposants.
Lors de l'opération, qui a duré une heure, "deux gendarmes ont été blessés, l'un par l'explosion d'une fusée de barricade, le second par morsure d'un opposant", qui a été interpellé, selon un communiqué de la préfecture.
Un opposant a aussi été blessé par brûlures, et a pu être pris en charge par des habitants d'un village voisin mais n'a pas nécessité d'hospitalisation, selon une source proche des manifestants.
"Nous n'étions pas assez face à la répression policière, mais c'est la meilleure publicité qu'on puisse nous faire, nous reviendrons, plus nombreux(ses) et déterminé(e)s", a ajouté cette source, jointe par téléphone.
Dans un communiqué, le Réseau "Sortir du nucléaire" a appelé "à amplifier la résistance contre le projet Cigéo et à les rejoindre massivement sur le terrain lors des prochains rendez-vous".
Les opposants ont donné rendez-vous à leurs soutiens vendredi à 6h à Bure, "pour bloquer les travaux et reprendre la forêt", et les 9 et 10 juillet pour un "week-end forêts en résistance".
Cette opération a eu lieu alors que les opposants avaient entamé une procédure en rétractation de l'ordonnance d'expulsion, et qu'une audience devait avoir lieu le 13 juillet, à la demande de l'Andra.
"On joue le jeu, on est légalistes, et on est face à de la violence institutionnelle radicale", a dit Me Ambroselli.
Interrogé sur la décision d'intervenir avant l'audience, le préfet de Meuse, Jean-Michel Mougard, a répondu lors d'une conférence de presse que la procédure en référé n'avait pas de caractère suspensif.
Le projet Cigéo doit accueillir à Bure, à la frontière entre la Meuse et la Haute-Marne, les déchets les plus radioactifs ainsi que ceux ayant la durée de vie la plus longue, à 500 mètres sous terre.
Selon le site internet de l'Andra, s'il est autorisé, "Cigéo est prévu pour être exploité de manière progressive pendant au moins 100 ans".
Mi-mai, le Sénat a adopté une proposition de loi visant à donner l'autorisation législative nécessaire à la poursuite du projet. Le texte doit être examiné par l'Assemblée nationale.