Nancy: 12 ans de réclusion pour un malade psychiatrique auteur d'un meurtre sur un parking

18/09/2015
AFP

Un ancien toxicomane de 48 ans, souffrant de troubles psychiatriques, a été condamné vendredi soir à Nancy à 12 ans de réclusion criminelle pour avoir tué par balle, un soir de février 2012 sur un parking de supermarché, un homme qu'il ne connaissait pas et avec qui il avait eu une altercation.

Les jurés de la cour d'assises de Meurthe-et-Moselle ont considéré que l'accusé souffrait au moment des faits d'une pathologie psychiatrique qui avait altéré, mais pas aboli, son discernement. Ils ont assorti sa peine d'un suivi socio-judiciaire et d'une injonction de soin pendant 10 ans.

Les jurés sont allés au-delà des réquisitions du parquet, qui avait préconisé une peine de 10 ans. "La maladie a aidé au passage à l'acte mais le passage à l'acte était déjà dans sa poche", a fustigé l'avocat général, Claude Palpacuer. "Quand on se promène avec un pistolet chargé, potentiellement, on a intégré l'idée de s'en servir et de tuer", a estimé le magistrat.

Le drame avait eu lieu le 24 février 2012 en banlieue de Nancy. La victime, un chef d'entreprise de 47 ans, marié et père de deux enfants, avait été tuée d'une balle en pleine poitrine.

La défense a plaidé, en vain, la thèse de la légitime défense: pour Me Alexandre Gantois, "tout est parti d'un échange de regards", et son client a dû "réagir face à des violences", car selon lui la victime lui a asséné des "coups de parapluie" - ce dont plusieurs témoins ont attesté à la barre.

"Comment peut-on se sentir menacé par un parapluie?", a rétorqué l'une des avocates de la famille de la victime, Me Zohra Agbo, comparant l'accusé à "une grenade dégoupillée qui pouvait exploser à tout moment" et qui avait "l'intention de tuer".

Le procès a mis en lumière les carences dans la prise en charge médicale de l'ancien toxicomane, atteint de schizophrénie et de paranoïa: depuis plusieurs mois, il ne bénéficiait plus d'aucun suivi, or "il peut devenir très dangereux en l'absence de traitement", a observé le Dr Francis Boquel, expert psychiatre.

En outre, "la consommation de stupéfiants associée à la pathologie fait flamber la problématique délirante", a ajouté l'expert.

Au moment du drame, l'homme se sentait menacé et ne sortait jamais sans une arme de poing chargée dans sa poche. Après les faits, il avait pris la fuite, avant d'être interpellé trois semaines plus tard.

"C'est un effroyable concours de circonstances", a commenté l'autre avocate de la partie civile, Me Marion Pontille. "La probabilité pour que ces deux chemins se croisent aurait dû être nulle, inexistante", a-t-elle ajouté, rejetant toute idée de légitime défense.

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