VIDEOS. Condamné à mort en Indonésie, le messin Serge Atlaoui n'a plus de recours

France - 21/04/2015 17h06 - mis à jour le 22/04/2015 16h09
LORACTU.fr La Rédaction
VIDEOS. Condamné à mort en Indonésie, le messin Serge Atlaoui n'a plus de recours
Société
Serge Atlaoui dans sa cellule de prison en Indonésie, en mars 2008. PHOTO : MEIGNEUX/SIPA

Le Français de 51 ans, arrêté en 2005 et condamné deux ans plus tard à la peine capitale pour trafic de drogue, demandait un procès en révision. L’homme est originaire de Metz (Moselle). 

La Cour suprême d'Indonésie a rejeté l'ultime recours d'un Français condamné à mort pour trafic de drogue, qui demandait un procès en révision, a déclaré mardi l'un des trois juges qui ont participé à la prise de décision. 

"Une formation collégiale de trois juges a rejeté un recours en révision du Français Serge Atlaoui dans le couloir de la mort pour drogue", a précisé le juge Suhadi, qui n'a qu'un patronyme comme nombre d'Indonésiens. "Il n'y a pas de nouveaux éléments, et les raisons avancées dans le recours ne peuvent pas effacer le crime commis par le condamné", a-t-il ajouté.

Arrêté dans un laboratoire clandestin de production de drogue

Serge Atlaoui avait été arrêté en 2005 dans un laboratoire clandestin de production d'ecstasy près de Jakarta et condamné deux ans plus tard à la peine capitale. Cet artisan soudeur de 51 ans s'est toujours défendu d'être un trafiquant de drogue, affirmant qu'il n'avait fait qu'installer des machines industrielles dans ce qu'il croyait être une usine d'acrylique. L'affaire avait fait grand bruit en Indonésie, et le président de l'époque s'était rendu sur place.

Le Français avait saisi la Cour suprême en espérant obtenir un procès en révision, estimant qu'il ne méritait pas la peine de mort.
La semaine dernière, le ministre des Affaires étrangères, Laurent Fabius, avait déjà reçu l'ambassadeur d'Indonésie à Paris. Il lui avait fait part de son «extrême préoccupation ». Et il avait demandé à l'Indonésie d'examiner le dossier « sans précipitation».

Laurent Fabius demande de "la clémence" et promet des "conséquences" à l’Indonésie 

En cas de rejet du recours par la Cour Suprême, Paris a fait savoir, par la voix de l'ambassadrice de France à Djakarta, Corinne Breuzé, que cette éventualité aurait des « conséquences » sur les relations bilatérales. La France, qui a aboli la peine de mort en 1981, y reste « opposée en tous lieux et en toutes circonstances», a rappelé la diplomate.

Sabine Atlaoui, la femme du condamné à mort avait lancé avec émotion un appel au président indonésien Joko Widodo : « Mon mari n'est pas un baron de la drogue. Il ne mérite pas la peine de mort. En votre âme et conscience, n'exécutez pas mon mari », a-t-elle dit lors d’une conférence de presse la semaine dernière.

La famille du Français a imploré mardi Hollande et l'Union Européenne (UE) de le sauver, tandis que le ministre des Affaires étrangères Laurent Fabius affirmait que la France "continue à espérer un geste de clémence" après le rejet du recours de la condamnation à mort.

S'adressant à la presse à l'issue d'une rencontre avec son homologue cubain, le chef de la diplomatie française a ajouté : "Nous sommes extrêmement préoccupés par cette décision et cette menace qui, si elle était mise à exécution, aurait évidemment des conséquences sur les relations entre ce pays et la France", rapporte l’AFP.

La famille implore Hollande et l’UE de le sauver 

Un rassemblement pour sauver Serge Atlaoui avait été organisé à Metz (Moselle), sa ville d'origine, en mars dernier. 

"Ce qui nous choque dans cette affaire, c'est bien évidemment le sort de notre compatriote, mais aussi le fait que tout le monde reconnait qu'il n'a joué qu'un rôle mineur, à supposer qu'il a joué un rôle, et ceux qui dirigeaient cette affaire de drogue, qui étaient des Indonésiens, n'ont pas été condamnés à la même peine", a poursuivi Laurent Fabius.

"Le procès en première instance s'est déroulé dans des conditions extrêmement discutables, puisqu'il n'avait pas d'interprète, la procédure elle-même donne lieu à beaucoup de contestations", a poursuivi le ministre.

Son avocat a assuré sur I>Télé après avoir appris le rejet de la Cour Suprême être «consterné». «On envoie à la mort quelqu’un qui est innocent. Si la France est intervenue de toutes ses forces, c’est qu’elle croit qu’il est totalement hors de cause» a poursuivi son conseil sur la chaîne d’informations. «Nous allons continuer à nous battre pour l’honneur de M. Atlaoui» a-t-il assuré, indiquant qu’il va «faire pression sur l’Union européenne». 

«Il n’a rien trafiqué, il a été manipulé. On lui a demandé de souder une machine dont l’usage ne lui a pas été précisé» assure Me Richard Sédillot. «Le boulant étant bien payé, loin de son pays et de sa région, il a accepté» rappelle l’avocat. «On a décidé que c’était un trafiquant de drogue, on le juge d’ailleurs plus sévèrement (…) le propriétaire de l’usine a introduit le même recours devant la Cour Suprême et il est examiné depuis 18 mois. Celui de mon client a été rejeté en une audience» déplore-t-il. «La peine de mort est populaire en Indonésie, on veut juste faire preuve de pseudo fermeté» assure l’avocat du messin, dénonçant une décision politique alors que le pays est très touché par le trafic de drogue. 

Présent dans un rassemblement de soutien dans sa ville d’origine, le maire de Metz, Dominique Gros (PS), avait estimé pour sa part qu'exécuter Serge Atlaoui serait "tout simplement un meurtre".

Le président de l’Indonésie justifie la fermeté contre les trafiquants de drogue  

Joko Widodo, le président indonésien, justifié sa fermeté à la télévision. "Nous voulons envoyer un message fort aux trafiquants de drogue qui se servent de l’Indonésie comme usine et montrer le sérieux que nous mettons pour éradiquer le problème de la drogue, et cela passe par l’exécution si le tribunal les condamne à mort", persiste le président sur Al Jazeera.

"Maintenant, j'ai peut-être encore une chance", avait déclaré Atlaoui dans un entretien téléphonique à l'AFP depuis sa prison en février dernier. A propos de son travail dans une usine qui produisait de la drogue, il a continué à affirmer de pas être au courant de ces activités illégales. "Quand je suis revenu, j'ai vu tous ces produits chimiques, ça m'a fait tiquer, je me suis dit qu'il y avait quelque chose de louche", raconte-t-il, ajoutant n'avoir "jamais perçu" l'argent promis.

La France, farouchement opposée à la peine de mort abolie en 1981, a en outre à nouveau averti mardi, par la voix de Laurent Fabius, l'Indonésie qu'une exécution de Serge Atlaoui aurait des "conséquences" sur les relations bilatérales. Si celui-ci était passé par les armes, il serait le premier Français à être exécuté en 38 ans, selon l'ONG Ensemble contre la peine de mort.

Marié et père de quatre enfants, il pourrait être exécuté en même temps que d'autres étrangers - d'Australie, des Philippines, du Brésil et du Nigeria - également condamnés à mort pour trafic de drogue.

(Avec AFP)

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