Attentat de Nice: le gouvernement accusé de mensonge sur le dispositif de sécurité
Le journal «Libération» accuse en une de son édition de jeudi le gouvernement d’avoir menti sur le dispositif de sécurité déployé par l’Etat le soir du 14 juillet à Nice (Alpes-Maritimes), frappée par un attentat qui a fait 14 morts. Seuls deux policiers municipaux étaient postés à l’entrée piétonnisée de la Promenade des Anglais.
Les accusations du quotidien national sont lourdes. Le journal «Libération» dans une longue enquête portée à la une de son édition de jeudi 21 juillet, une semaine jour pour jour après l’attentat de Nice, accuse le gouvernement d’avoir menti sur le dispositif de sécurité mis en place pour la fête nationale frappée par un attentat terroriste. Photo et témoignages à l’appui, les journalistes assurent que le sécurité était sous-estimée et que la communication gouvernementale était loin de la réalité. Des accusations et des sous-entendus portés notamment par la droite, avec en tête Christian Estrosi, président (LR) de la métropole de Nice et Eric Ciotti, député (LR) des Alpes-Maritimes.
Une seule voiture de police municipale barrait la Promenade des Anglais, là où elle devenait piétonne, quand est arrivé le camion conduit par Mohamed Lahouaiej Bouhlel le 14 juillet à Nice, affirme le quotidien Une information qualifiée de "contre-vérité" par le ministère de l'Intérieur.
#Exclusif La police nationale ne protégeait pas l'entrée du périmètre piéton le 14 juillet https://t.co/U5yegtJI2g pic.twitter.com/Yj2YibNiGL
— Libération (@libe) 20 juillet 2016
Le journal s'appuie sur "une source policière qui a pu visionner les images de la vidéosurveillance (...)" mais aussi des photos prises quelques instants avant le drame - dont une publiée en une où l’on voit seulement deux policiers municipaux faire la circulation avec des gilets jaunes - "un seul véhicule de police, celui des agents municipaux, se trouvait au milieu de la chaussée, côté mer", à l'endroit où l'artère devenait piétonne. Il s’est avéré que le terroriste au volant du camion de 19 tonnes s’est ensuite engouffré dans la promenade en montant sur le trottoir et en contournant le barrage de police municipale constitué par quelques barrières grises.
- Une voiture de police municipale pour faire barrage -
Aucun membre de la police nationale n'est alors présent, toujours selon Libération, qui cite notamment un témoin. "Et pour cause, ceux-ci ont été relevés aux alentours de 20H30 par leurs collègues municipaux. Il n'y a donc aucune voiture de police nationale susceptible de barrer la chaussée", poursuit le quotidien. Une information confirmée par la radio Europe 1 qui a publié à l’antenne et sur son site internet le témoignage d’une policière municipale de Nice qui assure qu’il n’y avait aucun dispositif de police nationale. "La police municipale a pris son service à 19 heures sur site et il n’y avait pas d’effectif de police nationale. A l’instant où le camion pénètre sur le trottoir et qu’il s’engage dans la zone réservée, on a des policiers municipaux qui sont en coupure de circulation, avec un véhicule et des barrières posées par les services de la Ville", détaille Sarah Baron citée par la radio.
Attentat de Nice : "il n’y avait pas d’effectif... par Europe1fr
Bernard Cazeneuve, ministre de l’Intérieur, accusé de mensonge par Libération s'indigne alors dans la nuit de mercredi à jeudi des "contre-vérités que le journal a publiées" et s'interroge sur "la déontologie des journalistes qui ont signé cet article". Le ministre dénonce des "procédés, qui empruntent aux ressorts du complotisme [et] sont graves, car ils laissent penser que le préfet des Alpes-Maritimes, le ministre de l’intérieur et le premier ministre auraient cherché à travestir la vérité."
"La police municipale avait comme prévu relevé la police nationale sur ce barrage mentionné par le journal à 21H00" assure le ministre qui ajoute que la police nationale sécurisait bien la "zone événementielle de la Prom'Party en tant que telle" en tenant un "point de contrôle et de protection" avec deux voitures "stationnées dans le sens longitudinal". "Six policiers nationaux" étaient présents au point d’entrée du camion et ont été "les premiers intervenants face au camion meurtrier", ajoute le ministère. Le ministère "confirme donc que l'accès à la zone piétonne de la Prom'Party sur la Promenade des Anglais était sécurisé par un barrage de la police nationale".
- Cazeneuve dénonce l'enquête du journal, ouvre une enquête pour faire transparence -
Le ministre de l'Intérieur dans les locaux de la police municipale de Metz (Moselle), en 2015. (PHOTO: ARCHIVES/ ARNAUD SCHERER/ LORACTU.fr).
"La mission périmétrique était confiée pour les points les plus sensibles à des équipages de la police nationale, renforcés d'équipages de la police municipale" avait assuré la préfecture des Alpes-Maritimes tandis que Manuel Valls avait rejeté à la télévision au lendemain de l’attentat qu’il n’y avait pas de faille dans le dispositif de sécurité à Nice. Mercredi à l’Assemblée, le chef du gouvernement a répliqué en assurant que le dispositif de sécurité avait été validé par la ville. "Un arrêté du 11 juillet signé par le directeur général adjoint de la ville (...) réglementait la circulation sur la Promenade des Anglais et ses abords, car c'est une responsabilité du maire, de la police municipale" a-t-il ajouté, notant que le tableau de mobilisation des policiers nationaux était à la disposition de la justice.
Le ministre de l'Intérieur a saisi l'Inspection générale de la police nationale "d'une évaluation technique du dispositif de sécurité et d'ordre public" en place à Nice le soir du 14 juillet, au coeur d'une polémique à la suite de l'attentat qui a frappé la ville. "Cette enquête administrative" de la police des polices "permettra d'établir la réalité de ce dispositif, alors que des polémiques inutiles se poursuivent", déclare jeudi Bernard Cazeneuve dans un communiqué, évoquant une "démarche de transparence et de vérité". L’élu local Christian Estrosi a salué la décision de M. Cazeneuve.
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