Le gouvernement entend construire jusqu’à 16 000 cellules de prison en dix ans
Le ministre de la Justice a détaillé ce mardi son plan pour lutter contre la surpopulation carcérale dans les prisons françaises. Dans le Grand-Est, la plupart des maisons d’arrêt font face à l’implosion et au ras-le-bol du personnel.
Il faudra construire entre 10.309 et 16.143 nouvelles cellules d'ici au 1er janvier 2025 pour permettre la généralisation de l'encellulement individuel dans les prisons, a déclaré mardi le ministre de la Justice Jean-Jacques Urvoas. Le garde des Sceaux s'exprimait lors d'une conférence de presse au centre pénitentiaire de Fresnes (Val-de-Marne) pour présenter un rapport sur l'encellulement individuel, un principe inscrit dans le droit depuis 1875 mais jamais respecté.
Parmi ces cellules, 800 à 1.500 seront des cellules doubles, selon le rapport du ministre qui juge indispensable de maintenir des cellules collectives pour les détenus qui le souhaitent ou en raison de nécessités (prévention du suicide, organisation du travail...). L'idée étant de disposer à terme de prisons françaises comportant 80% de cellules individuelles.
Le garde des Sceaux a fondé son estimation sur deux hypothèses tenant compte des évolutions récentes de la population pénale, l'une basse, l'autre haute, en dehors de toute incidence d'une politique pénale. Il a cependant reconnu la difficulté de prévoir l'évolution de la population carcérale. Pour Jean-Jacques Urvoas, un accent particulier devra être mis sur les maisons d'arrêt, où sont détenues des personnes non-jugées définitivement et des condamnés à des peines n'excédant pas deux ans, qui connaissent le surpeuplement le plus fort. Entre 9.481 et 14.666 cellules individuelles supplémentaires devront y être construites.
Le Premier ministre Manuel Valls a récemment cité le chiffre de 10.000 places à construire dans les dix ans en évoquant un budget de 3 milliards d'euros. Le gouvernement doit présenter à l'automne un "plan spécifique, concret, précis" et surtout "financé" pour le parc pénitentiaire, avait-il annoncé.
- Les prisons du Grand-Est sont pour la plupart en sur-capacité -
Dans le Grand-Est, la plupart des établissements sont confrontés comme partout en France à la surpopulation carcérale. Ainsi, en Lorraine la prison de Metz (Moselle) 580 personnes sont écrouées alors qu’elle peut accueillir 364 détenus selon des chiffres actualisés au 1er août 2016. A Nancy (Meurthe-et-Moselle), la prison de Maxéville construite sur le Plateau de Haye et qui est l’une des plus récentes de la région est au bord de l’implosion. Pour une capacité de 453 détenus, elle en accueillie 647. A Sarreguemines (Moselle), la surpopulation représente le double de sa capacité d’accueil. Ainsi, on compte 116 écroués pour une capacité de 67 places.
Seule la prison d’Epinal (Vosges) fait exception. Elle accueille 292 détenus sur une capacité opérationnelle de 294 places. Sa surcapacité est toutefois une question de mois. A Bar-le-Duc (Meuse), la surpopulation est moins importante (98 détenus pour 80 places) mais la prison est aussi touchée par le phénomène.
A Strasbourg (Bas-Rhin), le constat est alarmant avec 749 détenus se partagent des cellules pour 445 places maximum selon la capacité opérationnelle de la prison. Les autres centres de détention d’Alsace, à Mulhouse (421 pour 283) et Colmar (179 pour 120) sont aussi fortement touchés.
En Champagne-Ardenne, les centres de Reims, Chaumont, Troyes, Laon sont en surcapacité. Un souffle d’air peut être observé avec prudence dans les deux autres prisons de la région à Châlons-en-Champagne où il reste une centaine de places et Charleville-Maizières où la prison est presque à saturation (54 détenus pour 59 places).
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