"Charlie Hebdo" de retour dans les kiosques, se vend moins mais reste très attendu
Charlie Hebdo est de retour dans les kiosques. Le choc des attentats passé, l’équipe de l’hebdomadaire pris pour cible en janvier dernier s’est remis au travail. Un nouveau numéro moins provocateur et qui se vend moins que le précédent. Mais l’engouement reste exceptionnel pour un journal qui déclinait avant les événements de janvier.
Le nouveau numéro du journal satirique Charlie Hebdo arrive aujourd'hui dans les kiosques. "C'est reparti !", la nouvelle une du journal, qui reprend son rythme hebdomadaire, représente une meute aux trousses du journal, avec en tête Marine Le Pen, le pape, Nicolas Sarkozy, une caméra de la chaîne d’information BFMTV et un jihadiste, sous la forme d'un chien noir, la kalachnikov entre les dents.
Le numéro 1179 de Charlie Hebdo, sur fond rouge et signé par Luz, est diffusé à 2,5 millions d'exemplaires contre 50.000 habituellement. Le numéro des survivants avait attiré de nombreuses personnes en kiosque et provoqué une vague d'abonnements après les attentats.
Le premier numéro après les attentats du mois de janvier s’était vendu à hauteur de huit millions d’exemplaires, provoquant de longues files d’attente chez les marchands de journaux et une rupture de stock quasi-immédiate. Plusieurs réimpressions avaient dû être opérées par l’éditeur. Cette fois pour son second numéro, pas de ruées dans les kiosques. Ce matin, en Lorraine, de nombreux numéros étaient toujours en vente dans les principaux points de distribution à Thionville, Metz ou encore Nancy.
"Les combats de Charlie sont nombreux. La laïcité, ça a toujours été un combat évident mais, avec le temps, ça a pris une dimension énorme qui nous dépasse une peu", selon Riss, nouveau patron du journal.
"Notre ligne éditoriale est la même depuis 1992. On n'est pas plus provocateurs, on n'en fait pas plus. C'est l'environnement qui a changé", poursuit Laurent Sourisseau, alias Riss. Pourtant, depuis ce jour funeste de janvier, le poids du symbole est bien là, parfois un peu lourd à porter. "On voudrait conserver notre liberté éditoriale, faire ce qu'on veut quand on a envie. On n'est pas là pour répondre à telle ou telle attente. On aimerait être vus autrement que comme un symbole. Sinon, on est figés, le journal ne peut pas évoluer", juge-t-il.
"Je n’ai pas encore vendu d’exemplaires !"
Selon un buraliste de Metz (Moselle), interrogé par LORACTU.fr, si tous les exemplaires sont arrivés ce mercredi matin, «aucun» n’a trouvé preneur après 9H30. Son point de vente est pourtant ouvert depuis 6H30. «Nous allons certainement en renvoyer. La médiatisation n’est pas aussi forte qu’après les attentats. Certes les journalistes en parlent encore mais ce n’est pas la même chose qu’après les attentats» estime-t-il.
Même constat à Thionville (Moselle) où le Charlie Hebdo est pourtant bien mis en avant à côté des quotidiens régionaux ou nationaux. «Avant les attentats, il était vendu à côté des hebdo ou des journaux spécialisés au tirage confidentiel» estime le responsable du point de vente. «J’en ai vendu quelques un, mais il m’en restera toute la journée et certainement jusqu’à la fin de la semaine» estime-t-il alors qu’à l’ouverture de son relais presse le jour de la parution du premier numéro post-attentat, il avait tout vendu à 6H.
A Paris, des la plupart des points de vente, le constat est le même. Pas d’afflux de clients pour le nouveau numéro de Charlie. «Ca se vend doucement, ça n’a rien à voir avec le dernier numéro» réalisé tout de suite après l’attaque, a indiqué un kiosquier à la gare Saint-Lazare. «En une heure, on en a vendu une vingtaine. La dernière fois, les 240 qu’on nous avait livrés étaient partis au bout d’une heure», selon un kiosquier parisien intérrogé par l’AFP.
A la gare de Lille Flandres, par exemple, nombreux sont les acheteurs de Charlie hebdo. «On en a reçu environ 300 et 150 sont déjà partis alors qu’on a ouvert à 5H30», explique Stéphanie, qui travaille dans un relais de presse. Avant les attentats, elle en recevait 16 par semaine. «La plupart des gens l’achètent avec le Canard enchaîné», souligne-t-elle.
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