Réforme territoriale: sur YouTube, des chanteurs alsaciens pleurent leur région "alsassinée"

France - 13/03/2015 18h35 - mis à jour le 13/03/2015 18h43
LORACTU.fr La Rédaction
Réforme territoriale: sur YouTube, des chanteurs alsaciens pleurent leur région "alsassinée"
Culture
PHOTO : "L'Alsace, ma région"

"On m'a alsassinée, écartelée, on m'a privée de tout!": une vingtaine d'artistes alsaciens viennent d'enregistrer un clip pour s'opposer à la fusion de leur région avec la Lorraine et la Champagne-Ardenne, mais le titre et le ton de la chanson font grincer quelques dents.

"J'étais une région de vie et de raisin, de grands crus, de houblon, de choucroute et de vin. Mais qu'en reste-t-il à présent, disséminée aux quatre vents?", s'interroge la chanson, diffusée depuis jeudi sur YouTube. Sur une mélodie pop évoquant un hymne des "Enfoirés", l'Alsace y est décrite comme "déchue de (ses) droits", privée de sa "fierté", ou encore affublée d'une "cicatrice" qui "pour toujours restera visible".

Enregistré cette semaine par un collectif d'artistes âgés de 16 à 35 ans, le clip "Alsassinée" avait été vu vendredi après-midi plus de 4.500 fois sur YouTube, moins de 24 heures après sa mise en ligne. Et la chanson devrait figurer en bonne place dans l'accompagnement sonore de la nouvelle manifestation contre la fusion des régions, prévue samedi à Strasbourg.

Des milliers de vues

L'auteur du texte, Thierry Brenner, revendique le jeu de mot du titre, qui évoque évidemment un "assassinat". Pour autant, a-t-il précisé à l'AFP, "il ne faut pas y voir quelque chose de polémique, c'est juste un projet artistique".

Evoquer un assassinat n'est pas forcément exagéré, "du moins en ce qui concerne notre langue", a jugé pour sa part Jean-Georges Trouillet, porte-parole du parti régionaliste "Unser Land" ("Notre pays"). Pour le reste, a-t-il reconnu, "évidemment que la réforme ne fera pas disparaître la choucroute et les colombages".

La vidéo divise la classe politique

Le jeu de mot, en revanche, n'a pas plu à la conseillère régionale (PS) d'Alsace Pernelle Richardot, qui a twitté: "Jouer avec peurs plus facile que de construire". "Ce texte accuse le gouvernement et les politiques d'assassinat, sans les nommer. Ce n'est pas anodin, et ça va trop loin", a dit à l'AFP Mme Richardot. "En substance, ce n'est qu'un message de haine. On attise les peurs, on joue sur les fantasmes, mais l'Alsace ne perdra pas son vignoble parce qu'il y aura cette fusion!" a-t-elle ajouté.

"Le titre ne me dérange pas, je ne le prendrais pas au premier degré", a jugé pour sa part le chansonnier et cabarettiste Roger Siffer, défenseur de longue date du dialecte et de la culture régionale.

Pour autant, sur le fond, "si la langue alsacienne est en difficulté, c'est la faute des Alsaciens qui ne l'ont pas transmise, et la fusion des régions n'y changera rien", a-t-il estimé.

(Avec AFP)

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1 Commentaire

Urgo
Victor U. - il y a 1 an
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Appelons cela, du régionalisme mal placé ! L'Alsace conservera sa spécificité et toutes ses prérogatives dans le cadre de la nouvelle région. Il n'est nullement question de la...champagniser, de l'ardenniser ou de la lorrainiser. D'ailleurs chacun conservera son identité propre et un lorrain, un alsacien ou un champenois ne deviendra jamais un ardennais. Et cela vaut dans le sens inverse. Mais, ce que craignent les alsaciens, et à juste titre, c'est la péréquation. Ils craignent de devoir partager leurs richesses avec des territoires moins avantagés qu'eux. Enfin, c'est une hypothèse. Répondre
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