INFO LORACTU.fr – A Metz, un ancien camp nazi profané et tagué
Le fort Queuleu de Metz (Moselle) a été profané et tagué, a-t-on appris ce lundi par l’association gestionnaire de ce lieu de mémoire. Pendant la Seconde Guerre Mondiale, ce fort a servi de camp de détention par les nazis où étaient détenus des prisonniers juifs.
Jeudi, des dizaines de tags réalisés sur les façades du fort de Queuleu ont été découverts par les bénévoles de l’association qui gèrent et entretiennent ce haut lieu de la mémoire, a-t-on appris ce lundi. Selon l’association qui gère ce fort situé sur les hauteurs de la ville de Metz (Moselle), des «moyens importants» ont été mis en œuvre pour dessiner des tags «à caractère pornographique» sur des façades du fort. Sur les photos publiées par l’association que LORACTU.fr a pu consulter, on y voit de grands dessins colorés occupant plusieurs murs du fort.
«Ces dégradations portent atteinte à la mémoire et la sauvegarde de ce site, important lieu historique et mémoriel de la région où de nombreuses personnes ont souffert et péri» ont dénoncé les dirigeants de cette association, pointant du doigt une intrusion d’individus dans un lieu strictement interdit au public. «On est choqué par ces tags. Il s’agit d’un lieu de mémoire. Il y a un groupe de tagueurs qui s’est introduit sur le site. C’était organisé… C’est scandaleux» s’étrangle un porte-parole de l’association qui dénonce une «profanation en règle».
Une plainte déposée
«Certains tags sont gênants, sont déplacés par rapport à ce qui s’est passé ici. Des gens ont soufferts (…) Cette femme nue sur les murs c’est grave» poursuit ce membre de l’association. «On ne peut pas méconnaître ce lieu, cette action est volontaire et organisée. On ne peut pas ignorer que c’est un ancien camp nazi. Nous avons installé des panneaux d’information partout. Ces individus ont été au-dessus de barbelés».
PHOTOS : ASSOCIATION FORT-QUEULEU METZ
Une plainte va être déposée par l’association gestionnaire des lieux tandis qu’elle va demander à l’Etat propriétaire des lieux d’en faire de même. Le maire (PS) de Metz et le Secrétaire d’Etat aux Ancien combattants ont été interpellés dans la matinée de lundi par l’association. Cet été, l’Etat, la ville, le département et la région se sont engagés à verser près d’un million d’euros au Fort Queuleu pour sa restauration. «Après les promesses, zéro soutien, il faut que les élus se mobilisent» demande le président, Jean-Pierre Burger.
Des pillages, de la prostitution et des trafics de stupéfiants
«Les visiteurs ce week-end étaient choqués par ces tags… Des dizaines de bénévoles se mobilisent pour rénover le fort» indique l’association qui «du pillage du site : vandalismes, vols, fouilles illégales, utilisation de détecteurs de métaux, intrusions de personnes mal intentionnées, pratique de paint-ball, réalisation de graffitis, évènements inappropriés portant atteinte à la mémoire des victimes, trafic de stupéfiants, prostitution…» liste l’association.
Les travaux de construction, commencés par les Français pendant le Second Empire en 1867, ont été en grande partie repris par les Allemands pendant la première annexion suite à la défaite de 1870-1871. Pendant la Seconde Guerre Mondiale, le fort a été utilisé à des fins de camp de concentration où des juifs, des opposants au régime allemand, des résistants étaient enfermés. Entre 1500 et 1800 prisonniers (femmes et hommes) y sont interrogés et internés avant d’être envoyés dans des camps de concentration (Natzweiler-Struthof, Dachau…), de redressement (Schirmeck) ou des prisons. Trente-six personnes succombent dans le fort et quatre personnes réussissent à s’évader en avril 1944, selon l’association.
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