Décès de Jean-Marie Pelt, père de l'écologie urbaine

Metz - 24/12/2015 10h11
LORACTU.fr La Rédaction
Décès de Jean-Marie Pelt, père de l'écologie urbaine
Société
Jean-Marie Pelt en 2014 lors d'un tournage à Rodemack (Moselle), son village natal. PHOTO: Franck Gaillard (Centre Jean-Marie Pelt)

Jean-Marie Pelt, précurseur de l'écologie urbaine, écrivain, botaniste, homme de radio à ses heures, est mort mercredi à l'âge de 82 ans, laissant en héritage une multitude de livres et l'Institut européen de l'écologie, créé à l'aube des années 1970 à Metz.

"C'était un formidable raconteur du vivant (...) un spécialiste des plantes et de l'âme humaine", a déclaré Denis Cheissoux, journaliste à France Inter et ami de 25 ans de Jean-Marie Pelt. "Comme un encyclopédiste du 18e siècle, il reliait les choses entre elles (...) C'était un homme bon au visage bienveillant, mais pas un doux rêveur: il n'était pas dupe une seconde".

Au fil d'une vie entièrement dédiée à l'étude et à la préservation de la planète, Jean-Marie Pelt a eu de nombreuses casquettes: les auditeurs de France Inter et RTL le connaissent pour ses interventions radiophoniques. Les Messins pour ses 12 années en tant que maire-adjoint (1971-1983), les responsables politiques pour son rôle d'ambassadeur européen de l'environnement et ses nombreux rapports, et les cuisiniers pour ses livres sur les épices, les plantes, les légumes...

Les amoureux des étoiles peuvent même observer, depuis 2008, l'astéroïde qui porte son nom, une façon pour l'Union internationale d'astronomie de saluer "son engagement pour l'environnement et la planète".

Il était une "figure étincelante", un "penseur visionnaire" qui avait fait de Metz "le laboratoire d'une ville-jardin plus juste et plus harmonieuse", a salué Dominique Gros, maire de la ville. Pour Antoine Waechter, président du Mouvement écologiste indépendant (MEI), qui le croisait régulièrement, M. Pelt était "un formidable vulgarisateur" et surtout le "témoin d'un paradis perdu". Il faisait partie de cette génération qui "a vu les forêts disparaître, la faune du Rhône et du Rhin (...) On a perdu les eaux claires, les paysages bocagers", a confié M. Waechter à l'AFP.

Pour la ministre de l'Ecologie, Ségolène Royal, "Jean-Marie Pelt était un homme de conviction, scientifique engagé, remarquable passeur d'idées et grand humaniste". "Ce fut l'un des grands écologues français impliqué à la fois dans la science et dans la communication de la science", a ajouté le ministre dans un communiqué.

M. Pelt était un "défenseur de notre environnement, qui avait su transmettre ses passions au grand public", a salué la ministre de l'Education, Najat Vallaud-Belkacem, sur Twitter. "Un homme passionné, lucide et bienveillant. Et un pionnier de l'écologie", a renchéri l'ancienne ministre de l'Ecologie, Nathalie Kosciusko-Morizet.

OGM et "apprentis sorciers"

Dès les années 1960, ce docteur en pharmacie et certifié de chimie, né en 1933, s'intéresse à la botanique: en janvier 1968, il devient Professeur titulaire de botanique et de cryptogamie à l'université de Nancy.

Trois ans plus tard, il crée à Metz l'Institut européen d'écologie, installé dans le cloître des Récollets. Il en sera le président jusqu'à sa mort.

Les OGM furent l'un des grands combats de sa vie: en 1997, lorsque la France autorise la mise en culture de maïs transgénique, Jean-Marie Pelt dénonce les biologistes qui ont joué "aux apprentis sorciers".

Inquiet, de plus en plus, de l'état de la planète, il cosigne en 2008 avec Gilles-Eric Seralini l'essai "Après-nous, le déluge ?", dans lequel les deux hommes soulignent "l'urgence" de réagir à l'épuisement des ressources naturelles et à la "transformation radicale des milieux et des êtres". Il a également écrit un livre avec une autre grande figure de l'écologie, Pierre Rabhi: "Le monde a-t-il un sens ?".

A quelques semaines de l'élection présidentielle de 2012, il avait appelé le prochain président de la République à faire de l'écologie sa "priorité absolue". Et en septembre 2015, au côté de Denis Cheissoux, dans l'émission CO2 Mon Amour, il avait dénoncé une "agriculture complètement soumise aux grandes multinationales".

Denis Cheissoux se souvient par ailleurs que cet homme croyant "avait une foi très personnelle, et était porteur d'un message d'optimisme. Les médias sont pleins, les églises sont vides, disait-il".

(Avec AFP)

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