Pour ses 25 ans, la région assure que Lorraine Airport "a vocation à exister"
L’aéroport régional de Lorraine désormais piloté par la nouvelle région Grand-Est fête cet automne ses 25 ans. Après de nombreuses zones de turbulence, le président de la méga-région veut dessiner une perspective à cet équipement toujours déficitaire.
Lundi après-midi, le président (Les Républicains) de la région Grand-Est qui pilote également l’aéroport de Lorraine – Lorraine Airport – situé entre Metz et Nancy a assuré aux employés de l’équipement public et aux élus locaux que l’avenir du site est «garanti». L’aéroport qui fête cette année ses 25 ans a traversé de nombreuses tempêtes et a dû à plusieurs reprises se réorganiser. C’est le 28 octobre 1991 que l’aéroport enregistre son premier vol commercial à destination de Marseille. Depuis, le site situé entre les deux grandes villes de Lorraine ne cesse de s’interroger sur son avenir. «Il y a eu des périodes de doutes, d’adaptation à l’évolution du marché, c’est désormais l’année de la maturité» assure Philippe Richert.
En 1963, les CCI de Moselle et de Meurthe-et-Moselle se mettent d’accord pour la création d’un aéroport à vocation régionale alors que deux plateformes existent, à Metz-Frescaty et Nancy-Essey. Alors que le secteur du transport aérien est en plein boom en France, les régions se livrent une féroce bataille. Toutes veulent leur aéroport, symbole de puissance estiment-elles et de rayonnement. C’est la région Lorraine qui va alors suivre l’avis des deux chambres économiques et engager 350 millions de francs (soit 58 millions d’euros) pour sa construction. Si les prévisions de la première année sont meilleures qu’attendues et supérieures au trafic des deux ex-aéroports, la région Lorraine va vite déchanter et constater la difficulté à faire face aux aéroports concurrents voisins. Paris bien sûr mais aussi Strasbourg ou encore Bâle-Mulhouse. Luxembourg qui est situé à moins d’une heure de route va aussi constituer une épine dans le pied de Lorraine Airport.
Si 2005 constitue son année record avec 355 000 passagers, l’arrivée deux ans plus tard du TGV Est dans la région va bouleverser les habitudes des consommateurs. Avec une gare TGV à seulement quelques encablures de l’aéroport et les principales villes, Metz, Nancy, Thionville, la Meuse, les Vosges connectées à 1H30 de Paris environ. La liaison et le hub vers la capitale de Lorraine Airport est alors supprimé et la fréquentation du site va repartir à la baisse. Un peu plus de sept ans après l’arrivée de la LGV, le trafic de l’aéroport s’est stabilisé à 258 000 passagers en 2015, en légère hausse de 4% par rapport à l’année précédente.
- "Nous n’avons pas pour vocation de faire fermer progressivement cet aéroport" -
Philippe Richert, président de la région Grand-Est qui pilote aussi l'aéroport régional de Lorraine.
«En 2016, le trafic devrait être en repli» prévient Philippe Richert qui évoque un «contexte social agité» dans certains pays desservis par des compagnies aériennes partant de Lorraine Airport. L’objectif affiché par la nouvelle région qui hérite du réengagement de l’ex-Lorraine qui a avait repris les commandes de l’aéroport en 2011 est de réduire progressivement le déficit». En difficulté, l’établissement public affiche aujourd’hui une perte annuelle de 1,6 millions d’euros. «L’objectif est de l’amener à 500 000 euros en 2020» assure Philippe Richert qui a aussi clairement indiqué que «la part de la Région devait être moins importante qu’aujourd’hui». Comprendre donc que l’aéroport devra prouver que son modèle économique est viable sans compter indéfiniment sur des rallonges de la région Grand-Est.
Philippe Richert a aussi annoncé l’investissement de la région à hauteur de 1,7 millions d’euros pour l’achat d’un simulateur de vol permettant aux pilotes de compagnie de se former. Outre ce premier simulateur, il existe une «option» pour l’achat d’un second équipement, selon M. Richert. Pour se développer, Lorraine Airport compte aussi à partir de janvier 2017 sur des vols vers Cuba, nouvelle destination en vogue dans les Caraïbes et sur le détournement provisoire d’une partie du trafic de Luxembourg «sous 18 mois». Ainsi, il pourrait être opéré un renvoi d’ascenseur entre les deux aéroports comme durant une partie du printemps dernier où le trafic lorrain était absorbé par le Grand-duché. Au mois d’avril, Lorraine Airport a complètement rénové sa piste et a confié son trafic à son voisin luxembourgeois, le temps de sa fermeture.
«Lorraine Airport a sa place, à vocation à exister» a assuré Philippe Richert qui a défendu sa place comme président de l’équipement. «Nous n’avons pas pour vocation de faire fermer progressivement cet aéroport, si j’ai pris la présidence de cet équipement, c’est pour agir» a-t-il martelé.
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