A Metz, le centre commercial Muse attendu comme le messie pour dynamiser la ZAC
Le chantier du gigantesque ensemble «Muse» est attendu comme le messie par de nombreux élus messins pour dynamiser la ZAC de l’Amphithéâtre qui peine pour l’instant à devenir le quartier en vogue pour sortir, consommer et y vivre. Mais Muse inquiète aussi ses détracteurs.
Le quartier est encore en pleine ébullition. Mardi matin – après 10H et même durant la pause déjeuner où les rues du centre-ville sont habituellement bien garnies – celles de la ZAC de l’Amphithéâtre sont encore désertes. Derrière la gare TGV, il y a bien plus d’ouvriers sur les chantiers qui s’affèrent que de messins qui circulent dans les rues alors que Pompidou est désert en cette journée de fermeture hebdomadaire. «Les autres jours, le quartier ne profite pas vraiment de l’effet Pompidou, en tout cas plus maintenant» tranche un habitant, l’un des premiers du quartier qui doit accueillir 140 000m2 de logements. Il est impatient qu’on puisse enfin s’amuser ici et «pas seulement partir le matin et rentrer de son travail le soir».
«Ici nous ne sommes pas au milieu de nulle part» assure le maire (PS) de Metz Dominique Gros, casque de chantier vissé sur la tête. Comme un poisson dans l’eau au milieu des dalles de béton et des ouvriers du gigantesque projet Muse où il posait une première pierre mardi matin, M. Gros assure «que le centre de la ville se situe géographiquement ici». «Nous ne sommes pas au milieu de rien, il y a deux quartiers autour Queuleu et le Sablon, il y a la gare et le centre-ville historique». «Il n’est pas question de faire concurrence au centre-ville actuel, il s’agit ici de construire une nouvelle ville, celle du 21ème siècle» se défend le maire socialiste qui revendique de nombreux projets urbains. Celui qui estime avoir réveillé la «belle endormie» lorraine dès son élection en 2008 attend avec impatience le projet Muse.
- Un quartier encore désert la journée -
En gris encore en chantier, le centre commercial Muse et au fond le futur centre de formation de la fonction publique prêt à ouvrir.
Il y a dix ans, la boue et les déchets étaient disséminés sur ce gigantesque terrain de 39 hectares, ex-friche ferroviaire, qui aujourd’hui s’urbanise à vue d’œil. D’abord les Arènes de Metz qui accueillent spectacles et compétitions sportives puis l’emblématique centre Pompidou-Metz en 2010. Le centre culturel qui a d’abord été une locomotive pour la ville s’essouffle. Une fois descendu du TGV les touristes venus d’Ile-de-France s’ennuient. Ni centre commercial, ni restaurants, ni offre culturelle supplémentaire. D’ici fin 2017 la donne doit changer. Les voyageurs auront l’embarras du choix : boutiques, restaurants et bars, centre des congrès, hôtels avec services ou encore salles de cinémas. «Muse sera une locomotive c’est certain. Des investisseurs regardent déjà du côté de Metz avant même son ouverture» se réjouit l’adjoint Richard Lioger quoi préside la SAREMM, l’aménageur de cette zone. Il annonce l’ouverture d’un restaurant au printemps 2017 dans une cellule désespérément vide depuis des années, barrées d’un gigantesque panneau «à louer». Dans la gare, le chef étoilé Michel Roth va ouvrir un restaurant dans la gare de Metz voisine tandis que le designer mondialement connu Philippe Stark va ouvrir son premier hôtel à son nom dans le quartier. «Le chantier doit démarrer après celui de Muse courant 2018, on attend le dépôt du permis de construire» assure Dominique Gros. Il pourrait être déposé dans une quinzaine de jours.
Le projet Muse quant à lui doit accueillir plus de 110 boutiques et services, une dizaine de restaurants. Parmi les hits : Primark qui «a préféré ouvrir à Metz et qui n’ira pas au Luxembourg, sa zone de chalandise c’est jusqu’à deux heures de route» assure un dirigeant d’Apsys qui commercialise Muse. «85% des espaces sont commercialisés» se réjouit Apsys qui considère que 100% des cellules seront louées à l’ouverture prévue le 25 octobre. Il y aura aussi Carrefour Market (5 700 m²), IdKids, Superdry, Zadig & Voltaire, Habitat, Guess, Lollipops, Mango (700 m²), New Look, Sephora, Flying Tiger, Undiz, Levi’s, Adidas notamment. Burger King ou encore Colombus Coffee complèteront l’offre de restauration. Muse n’est d’ailleurs pas qu’un futur temple de la consommation mais aussi un complexe de bureaux et de logements. Mardi, la première pierre d’une résidence pour séniors a été posée. Les plus de 60 ans pourront même se baigner dans une piscine sur le toit de ce gigantesque bâtiment de 700m2 consacré à une vie paisible pour les séniors.
- Après Pompidou, Muse est le deuxième étage de la fusée -
Metz (Moselle), mardi 29 novembre. Dominique Gros, maire (PS) de Metz et Jean-Luc Bohl, président (UDI) de Metz Métropole.
Le centre des congrès sera aussi la pierre angulaire de ce nouveau quartier qui est déjà à un stade bien avancé. «C’est le futur des 50 prochaines années qui se construit ici» selon Dominique Gros qui a co-construit ce projet avec son homologue UDI Jean-Luc Bohl qui préside Metz Métropole. Pour de nombreux détracteurs, ce futur quartier va abimer l’attractivité du centre-ville qui peine déjà à maintenir son offre commerciale à flot. «Pas du tout» répond Richard Lioger. «C’est une nouvelle ville, les habitants de l’Amphithéâtre et des quartiers voisins ne vont pas forcément au centre-ville au quotidien» assure-t-il, affirmant que Muse ne cannibalisera pas le centre urbain. Le centre Waves ouvert en périphérie de Metz au sud de l’agglomération au bord de l’autoroute A31 n’aurait pas eu d’impact sur Metz même. «Regardez H&M ouvre à Waves mais inaugure quelques mois plus tard une grande boutique en plein centre à Saint-Jacques !» assure l’élu. Monoprix et Starbucks cherchent aussi des emplacements au centre, considéré encore comme un gage de prestige pour les grandes marques.
Seule ombre au tableau pour le quartier pour l’instant: le suspense Kinépolis qui voit un chemin de croix s’ouvrir devant lui. Le groupe belge qui doit construire un multiplexe à côté de Muse se voit confronter aux recours des contestataires qui contredisent l’exclusivité du marché du cinéma offert par la ville. «Ne vous inquiétiez pas, je m’en occupe» a glissé Dominique Gros à Maurice Bansay, le PDG et fondateur d’Apsy. Les opposants sont prévenus.