07/03/2011 |
Depuis la dernière élection Présidentielle en France et sur le modèle de Barack Obama, les politiques utilisent de plus Internet pour leur communication.
Crédits photo : DR
Les candidats des élections cantonales se rapprochent des électeurs en vue du 20 mars 2011, date du premier tour. Alors que tracts et autres documents officiels sortent des presses, la campagne se mène aussi sur Internet.
LIRE AUSSI : A QUOI SERVENT LES ELECTIONS CANTONALES ?
LES VERTS AVANCENT LEURS PIONS
INTERVIEW : LIONEL COSSIN, CANDIDAT UMP
INTERVIEW : PHILIPPE LEROY, PRESIDENT DU DEPARTEMENT DE LA MOSELLE LAISSE SA PLACE
FRONT NATIONAL : IL CREE AUSSI LA POLEMIQUE EN LORRAINE
Une communication en marge des canaux traditionnels
La campagne des élections cantonales est déjà bien en marche. En Lorraine, les candidats commencent déjà leur prospection auprès de leurs électeurs et les rotatives sont en marche dans les sièges de campagne pour éditer les premiers documents. Officiellement, le ministère de l’Intérieur mettra en ligne les listes des candidats par canton à partir du 7 mars. Mais aujourd’hui, la campagne avance aujourd'hui sur un autre terrain : celui d’internet.
On le sait, le web facilite la mise en ligne de contenu à destination du plus grand nombre. Il est donc devenu un outil de communication à part entière dans le domaine du marketing politique. Un rapide tour du web suffit à s’en convaincre : une grande majorité des partis politiques français ont a minima un site internet. Car si la toile facilite la publication de documents officiels, de tracts, et de notes, elle installe tout aussi facilement le dialogue et la discussion.
Dans ce domaine on se souvient de Barack Obama, véritable pionnier lors de sa campagne présidentielle. Il fut parmi les premiers responsables politiques à utiliser le web de manière sérieuse, comme un véritable outil de communication. Loin de se limiter à son seul site internet, le président américain multipliait les messages sur les réseaux sociaux Twitter et Facebook.
Au regard de l’efficacité de cette communication par les outils du web, les autres responsables politiques n’ont pas tardé à suivre la tendance. Si depuis la présence sur le web est un impératif de la communication politique, qu’en est-il de l’utilisation d’internet à échelle locale ? Comment les élus locaux mobilisent-ils ou non les outils en ligne pour mener leur campagne pour les cantonales de 2011 ?
Communiquer sur le web : entre présence « par défaut » et présence « maîtrisée »
Un simple détour par un moteur de recherche suffit à nous faire remarquer que la majorité des candidats lorrains aux élections cantonales sont présents sur le web. En effet, même s’ils n’ont pas de site internet ou de blog, leur nom est cité au moins une fois par un titre de presse en ligne. Malgré tout, nombreux sont les candidats qui affirment leur présence sur internet de manière volontaire. Élus et responsables locaux lorrains ont donc pris conscience d’une maîtrise nécessaire de leur communication sur Internet pour mener à bien leur campagne.
Principaux outils utilisés : les blogs et les réseaux sociaux. Véritables allégories de la démocratie alliant simplicité de publication et libre discussion, ces moyens de communication forment un tandem solide et efficace. LOR’Actu est allé à la rencontre de deux candidats pour connaître plus précisément leur usage d’internet, et obtenir leurs avis sur l’utilisation de cet outil dans le cadre d’une communication politique.
Julien Freyburger
Conseiller municipal, Julien Freyburger (UMP) est candidat aux élections cantonales de Maizières-lès-Metz. Il mène une campagne de proximité, allant à la rencontre des habitants et des acteurs locaux. Le blog qu’il anime depuis 2009 s’est donc naturellement imposé dans le cadre de son action. "Internet me sert à faire passer des idées et des messages", déclare-t-il. La simplicité d'internet se ressent autant du côté des électeurs que des candidats. Pour lui "c'est une technologie extraordinairement simple, un bon vecteur pour faire passer des idées", et ses électeurs sont "affranchis des contraintes de la vie quotidienne grâce à une mise à disposition permanente de l'information".
Son blog, l'email, et Facebook lui permettent de rencontrer des acteurs avec lesquels il n'aurait pas l'occasion d'échanger physiquement. Mesuré, M.Freyburger conçoit le web comme un "vecteur complémentaire" qui peut aboutir à des conversations de visu. Il modère en effet ses propos en soulignant qu' "il ne remplace pas l'essentiel du travail d'élu local qui se fait au moyen du contact direct".
Lorsqu'on évoque les problèmes qu'il est possible de rencontrer sur internet, l'élu réagit immédiatement. "Internet peut à la fois permettre des échanges de fond mais c'est aussi malheureusement un lieu de désinformation." Avant de souligner que ce problème ne concerne pas que l'information en ligne : "Internet est à l'image de la société".
Malgré un emploi du temps chargé, il prend du temps à répondre aux commentaires que les électeurs lui laissent. "Sur mon blog, les commentaires sont libres qu'ils soient positifs ou négatifs. Je n'aime pas la censure et j'essaie d'y répondre le plus souvent possible". Il nous fait d'ailleurs remarquer qu'il lui reste quelques commentaires à traiter ce soir.
Blog de campagne : Blog-notes de Julien Freyburger
Agnès Migaud
Au canton de Metz 2, Agnès Migaud (MoDem) mise sur des idées concrètes et un débat de fond. N'hésitant pas à aller à la rencontre directe des gens, elle sonne aux portes pour dialoguer avec eux. Elle qualifierait sa campagne de proximité, même si elle estime que le terme perd en valeur puisque la plupart des candidats s'en revendiquent. Avant d'être une personnalité politique investie de fonctions, Agnès Migaud tient à ce qu'on connaisse réellement qui elle est. En résulte un blog à son image, qui mêle billets d'humeur, photos du patrimoine messin, et documents officiels pour sa campagne. Pas question pour elle de dissocier sa campagne de son tempérament : "mon blog sert à révéler aux gens quel type de personnalité je suis". Pour elle, le web est une extension des rencontres qu'elle fait au gré de ses sorties. Son blog lui permet de "donner du sens au quotidien" au même titre que les discussions qu'elle mène de visu.
Elle affirme sa présence sur internet grâce à trois outils : Facebook, son blog, et le site du MoDem de Metz. Plus qu'une attention portée à ces trois sites, elle attache une importance particulière à les lier entre eux. Ainsi, sa page Facebook reprend les titres des articles qu'elle rédige sur son blog, et le site du MoDem la cite à plusieurs reprises. "Mes outils sont en connexion permanente et provoquent un effet «boule de neige».
"
En terme de débat politique, Mme Migaud mise sur la réflexion et surtout sur le temps. Là où nous aurions tendance à penser que l'information circule à une vitesse fulgurante sur le réseau, elle estime au contraire qu' "Internet donne du temps à la réflexion". Cette particularité à allouer du temps à formuler ses idées lui est héritée de son positionnement politique. Envisageant le centre comme "n'appartenant à personne", elle souhaite "créer une troisième dimension politique". En somme, un lieu en marge du clivage de la gauche et de la droite encourageant au partage et à la diffusion des idées.
Loin des débats qui explosent sur la toile, elle dit se concentrer sur le fond. "Honnêtement, je n'ai pas beaucoup le temps de voir ce qu'écrivent les autres candidats sur Internet. Écrire prend du temps et je ne veux pas être influencée par la parole des autres. Il me semble important d'être moi-même." Même si elle admet que la publication de contenu soit facile sur internet, elle préfère ne pas s'encombrer de l'aspect technique pour mieux l'alimenter. "J'essaie d'écrire sur mon blog presque tous les jours".
Blog de campagne : Le blog d'Agnès Migaud
Des usages multiples
Si à l'échelle nationale l'utilisation d'internet a tendance à se standardiser, la situation est loin d'être similaire à échelle locale. Peut-être que son usage est encore trop récent pour réellement y déceler une utilisation dominante. À l'heure actuelle, chacun s'approprie la technologie en cohérence avec son état d'esprit et sa propre sensibilité pour donner de multiples orientations au débat politique.