21/03/2013 |
Après l’annonce des chiffres du chômage et leur hausse de 60 % en 5 ans, la situation semble critique au sein de la région lorraine. Mais qu’en est-il vraiment ? La Lorraine est-elle vraiment au fond du gouffre ? Réponse avec Roger Cayzelle, Président du CESEL (Conseil Economique, Social et Environnemental).
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Tout d’abord, comment expliquez-vous de tels chiffres ?
Evidemment, la crise est en cause. Toutes les régions de tradition industrielle sont en difficulté. La Picardie, le Nord-Pas-de-Calais, la Normandie et bien sûr la Lorraine. Elles ont également un autre désavantage vis-à-vis des autres régions. Elles se situent au “nord”. La France tend à se développer vers le sud. Nous perdons actuellement 5 000 postes dans l’industrie depuis 10 ans. C’est énorme. Néanmoins, une reconversion semble compliquée. Tout d’abord, humainement. Les gens qui ont toujours travaillé dans l’Industrie sont déstabilisés lorsqu’on leur demande de se reconvertir au sein d’un autre domaine. Ils ne se sentent pas forcément aptes. Et pourtant ! Ils ont tort de le penser. Des exemples ont su démontrer que les reconversions dans des domaines très éloignés pouvaient être possibles. Et même, parfois, aller bien au-delà de nos espérances. 5 à 10 % des chômeurs viennent de licenciements économiques. Il faut savoir les revaloriser. Notre cas est loin d’être désespéré. La ville où les pauvres sont les plus nombreux n’est pas en Lorraine. C’est à Montpellier, contrairement à ce que l’on pourrait penser. Nos difficultés ne sont pas irrémédiables. Nous avons toujours su nous maintenir. Et cela va continuer.
«Nous continuons d'intéresser les investisseurs»
D’après vous, y a-t-il de l’espoir malgré la chute de l’industrie?
Pour l’instant, il n’y a aucun signe de rebond. Nous sommes 2,3 millions de lorrains et peu de perte d’habitants pour le moment. Les pertes d’habitants sont le signe de la mauvaise santé d’une région. Les gens veulent la fuir. Nous nous maintenons grâce à la proximité avec le Luxembourg et l’Allemagne. Mais, l’industrie est loin d’être morte en Lorraine. Des investissements se font chaque année sur nos sols. ArcelorMittal, bien qu’en difficulté, a réinjecté 7 millions d’euros pour la création de l’usibor, un nouvel acier à destination des marchés automobiles. Il sera produit dès le mois prochain. Mais ce n’est pas tout. C’est plus de 10 groupes industriels qui investissent régulièrement sur nos terres. Parmi eux, se trouvent l’entreprise Safran en Meuse, Setforge et Sydeme en Moselle, Manoir Industrie en Moselle mais aussi en Meurthe-et-Moselle, mais aussi la société Velin dans les Vosges. Les investissements oscillent entre 7 millions et peuvent parfois aller jusqu’au milliard. Alors non, la Lorraine et son industrie ne sont pas au bord du gouffre. Nous continuons d’intéresser les investisseurs. Nous avons toujours le potentiel pour cela.
Êtes-vous confiant en l’avenir de la Lorraine ? Comment la région peut-elle rebondir ?
Oui, je le suis. On travaille avec la Chambre du Commerce et de l’Industrie pour pallier au taux d’embauches. Il y a de nombreuses possibilités. Des reconversions mais aussi des poursuites pour d’autres entreprises. Il y a toujours des perspectives. Nous estimons que dans 10 ans nous verrons une esquisse de rebond pour la Lorraine. Il faut le temps que cela se mette en route. Cela ne peut se faire en un jour. Mais 10 ans, c’est déjà rapide. Nous pourrons confirmer ce rebond quand nous verrons de nouveau des personnes issues d’autres régions s’installer en Lorraine. Lorsque l’on inversera notre solde migratoire, c’est que l’on aura changé notre image mais aussi que l’on aura de nouveau des impulsions grandissantes sur nos terres. Le point positif que l’on constate déjà aujourd’hui, c’est une forte prise de conscience et un mouvement de mobilisation de la part des élus. Il faut rassurer les gens. La Lorraine a de l’avenir !