31/03/2014 09:26 |
Un nouveau procès de Francis Heaulme s’est ouvert ce lundi à Metz (Moselle). Le mystère plane toujours autour du meurtre de deux enfants à Montigny-lès-Metz survenu il y a 28 ans. Francis Heaulme est-il coupable ?
Quelques jours avant l'ouverture du procès de Francis Heaulme, accusé du double meurtre de Montigny-lès-Metz, un nouveau témoin a été ajouté à la liste, selon une information de France Bleu Lorraine. Un ancien employé de la SNCF a été entendu par le président de la cour d'assises de Moselle.
De service le jour du crime, le 28 septembre 1986, il raconte se souvenir d'un homme, courant le long des voies ferrées avec un t-shirt taché de sang. Mais selon lui, cet individu serait Henri Leclaire, selon France Bleu Lorraine, qui avait avoué à deux reprises avant de bénéficier d'un non-lieu. Initialement soupçonné et condamné à deux reprises, Patrick Dils a été innocenté en 2002. Heaulme a reconnu avoir vu les deux enfants mais nie être l'auteur des meurtres.
Un autre vient s’ajouter à l’affaire Francis Heaulme qui est de nouveau jugé pour les meurtres de deux enfants à Montigny-lès-Metz. Il aurait envoyé une lettre anonyme à la police contenant un faux témoignage.
Un autre rebondissement
Le tueur en série a été récemment identifié comme l'auteur d'un courrier anonyme envoyé à la police peu après le meurtre des deux enfants à Montigny-lès-Metz en 1986, crime pour lequel il est jugé à partir de lundi 31 mars, révèle Le Républicain Lorrain (article payant) ce mardi.
Christine Jouishomme, graphologue auprès de la Cour de Cassation affirme que l’auteur de cette lettre anonyme envoyée à la police est Francis Heaulme. Son expertise a été sollicitée par le président de la cour d'assises de Metz, où se tiendra le procès du tueur en série du 31 mars au 23 avril prochain. Un procès hors-norme pour un meurtre non élucidé alors que Francis Heaulme avait déjà mis en examen dans cette affaire.
Dans cette lettre manuscrite bourrée de fautes d’orthographe, il évoque une voiture "clair petite genre Peugeot Renault", faisant écho à une Fiat Panda de couleur claire qui était recherchée par les enquêteurs à l’époque du meurtre. La lettre est accompagnée du dessin d’un visage masculin avec quelques mots décrivant un homme potentiellement présent le jour du crime.
Il "surveillait de près" l'enquête
"Cette lettre expédiée le 11 octobre 1986 prouve que Francis Heaulme surveillait de près l'évolution de l'enquête dès le début." Me Dominique Boh-Petit, l'un des avocats des parties civiles. Une telle lettre pourrait en effet ajouter au dossier un élément prouvant la culpabilité de Francis Heaulme dans le meurtre de Cyril et Alexandre, âgés de 8 ans au moment du drame. Le routard du crime a-t-il voulu faire croire à la police qu’un témoin anonyme a aidé les enquêteurs via cette lettre, finalement écrite de sa main ?
L’avocat de Francis Heaulme affirme que l’écriture de cette lettre par le tueur en série ne prouve en rien sa culpabilité dans l’affaire de Montigny-lès-Metz.
Francis Heaulme avait été mis en examen en juin 2006 puis avait bénéficié d'un non-lieu en décembre 2007, le juge d'instruction ayant estimé qu'il n'y avait pas de charges suffisantes. Mais en 2012, la justice pourrait bien de nouveau le faire passer devant un tribunal. Il a toujours nié les faits. «Montigny, c’est pas moi. Mon style, c’est l’Opinel. Et j’étrangle à mains nues…» avait lancé le tueur en série lors du dernier procès de Patrick Dils, à Lyon, en 2007.
Le routard du crime est finalement jugé pour le double meurtre alors que Patrick Dils avait été condamné à deux reprises avant d'être finalement innocenté. Après plusieurs années d’enquête, Heaulme avait été innocenté faute de preuves pour ces crimes. Mais la famille de l’une des victimes avait fait appel de cette décision. C’est ainsi que la chambre d’instruction de Metz avait relancé l’enquête contre le quinquagénaire.
L'avocat général près la Cour de cassation avait préconisé le rejet de la demande de Francis Heaulme. Ainsi, le Routard du Crime avait de grandes chances d’être rejugé devant les assises pour les meurtres de Cyril et Alexandre, tués à Montigny-lès-Metz. La Cour de Cassation a finalement suivi la position de l’avocat général. La Cour a décidé de rejeter le pourvoi en Cassation formulé par l’avocate du tueur en série.
"J’étrangle à mains nues"
Le 21 mars 2013, la chambre de l'instruction de la cour d'appel de Metz avait estimé que la présence sur les lieux du «routard du crime», justifiait que Francis Heaulme soit renvoyé devant les assises pour le double meurtre de Montigny-lès-Metz. Par le biais de son avocate, l’homme a affirmé qu’il s’est pourvu en cassation. La Cour de Metz a eu trois mois pour examiner le pourvoi. L’avocate du présumé meurtrier de Montigny-lès-Metz déjà condamné pour neuf autres meurtres assure que son client «n’a pas les épaules solides pour un nouveau procès» et que son «état de santé ne le permet pas, notamment à cause de deux récents infarctus».
Alexandre Beckrich (à gauche) et Cyril Beining (à droite) retrouvés morts en 1986 à Montigny-lès-Metz (Moselle)
A la suite d’une enquête qui a duré quatre ans, le Parquet a décidé de renvoyer Francis Heaulme devant un tribunal pour un quatrième procès. Faute de preuve contre lui, il avait été acquitté. Ainsi, le meurtre de ces deux enfants de 8 ans était resté impuni. Mais lors du précédent procès, un témoin affirmait également avoir vu le tueur avec un vêtement ensanglanté le soir du meurtre. Par ailleurs, Francis H. lui-même avait affirmé s’être rendu sur les lieux du crime le même soir. En 1989, c’est Patrick Dils (16 ans au moment des faits) qui avait été condamné à la réclusion criminelle à perpétuité pour le double meurtre. Il sera reconnu innocent en 2002, après avoir passé 15 ans en prison. L'une des plus graves erreurs judiciaires en France.
Francis Heaulme avait été mis en examen en juin 2006 puis avait bénéficié d'un non-lieu en décembre 2007, le juge d'instruction ayant estimé qu'il n'y avait pas de charges suffisantes. Mais en 2012, la justice pourrait bien de nouveau le faire passer devant un tribunal. Il a toujours nié les faits. « Montigny, c’est pas moi. Mon style, c’est l’Opinel. Et j’étrangle à mains nues… » avait lancé le tueur en série lors du dernier procès de Patrick Dils, à Lyon, en 2007.
Il crie son innocence, son père estime qu’il "est gentil"
Heaulme est d’ailleurs sorti de son silence depuis sa cellule. «Vingt-huit ans après les faits, non, je ne comprends pas. Surtout que j’ai déjà dit que ce n’était pas moi. Pour moi, c’est une erreur judiciaire aussi lourde que celle de Patrick Dils» avait-t-il confié au gratuit 20 Minutes. «Si je sors un jour de prison, c’est sûr, je me ferai tout petit» a estimé le tueur en série. Dans cette interview au quotidien, il assure avoir de bonnes conditions de détention, recevoir quelques visites et quelques courriers. «J’ai commis des erreurs. Mais je paye pour tout ça. Je continue à payer. Je pense que les gens comprendront» avait conclut le routard du crime.
Les journalistes de l'émission 7 à 8 de TF1 ont récemment rencontré le père de Francis Heaulme, alors que le tueur en série comparaîtra une nouvelle fois, à la fin du mois, devant une cour d'Assises pour le double meurtre de Montigny-lès-Metz. "Je n'ai jamais été violent avec lui. Je le grondais parfois quand il faisait une petite bêtise, mais il n'a jamais fait de grandes bêtises", explique-t-il.
Pour Marcel Heaulme, son fils a été traumatisé par le décès de sa mère. "Le jour qu'elle est décédée j'ai vu Francis tourner en rond tellement il était paniqué. C'était terrible pour lui. Il n'aurait pas pu devenir fou à partir de la mort de sa mère. Il y a quelques trucs dans la tête qui s'en vont. Mais je ne pense pas", confie le père de Francis Heaulme.
"Il est innocent Francis, je peux le certifier. Par la suite, la vérité sortira. A cause de Christine, il n'aurait jamais pu les supprimer parce que Christine, c'est sa sœur, elle avait des enfants, ils avaient dans les sept, huit ans".
Le procès de l’un des tueurs en série les plus célèbre» de France se tiendra à Metz dès le 31 mars prochain pour s’achever le 23 avril.