Le Parquet de Metz (Moselle) a annoncé l’ouverture d’une information judiciaire contre Henri Leclaire, témoin devenu suspect du procès de Francis Heaulme qui a été reporté ce mardi.

Incroyable coup de théâtre dans le procès du «routard du crime», Francis Heaulme. Le procès du tueur en série est reporté a une date ultérieure a décidé la Cour d’Assises de la Moselle où comparait depuis ce lundi le meurtrier déjà jugé pour neuf crimes. Il est sur le banc des accusés 28 ans après le double meurtre de Montigny-lès-Metz. En 1986, deux enfants âgés de 8 ans avaient été assassinés à coup de pierre près d’une voie ferrée.

Pourquoi le procès est-il suspendu et reporté ? Deux témoins de dernière minute accusent Henri Leclair du meurtre des deux enfants alors que Francis Heaulme est le seul à comparaître devant les Assises.

Des indices "graves et concordants" contre Henri Leclaire

Et pour cause, Henri Leclaire serait passé aux aveux, ce week-end. Il aurait confié à l’épouse d’un avocat messin être celui qui a fracassé le crâne de Cyril Beining et Alexandre Beckrich, en septembre 1986. De tels aveux pourraient mettre hors de cause Francis Heaulme qui est de nouveau jugé pour les deux infanticides qui n’ont toujours pas mis en lumière leur auteur. Le président de la Cour d’Assises de la Moselle a donc décidé d’entendre Henri Leclaire dès mardi matin.

Pourtant, Henri Leclaire, lui, était cité comme témoin dans le procès de Francis Heaulme. Cet homme devait initialement être entendu comme témoin le 8 avril prochain dans le procès de Francis Heaulme. Mais son audition a été avancée à mardi à la suite de deux témoignages de dernière minute qui l'ont mis en cause: l'un, connu vendredi, d'un conducteur de train; l'autre, connu samedi, d'une femme d'une cinquantaine d'années, Marie-Christine Blindauer. Ces deux témoins de dernière minute affirment avoir vu M. Leclaire, seul, sur la scène de crime où avaient été tués Cyril et Alexandre.

L’avocat général a estimé qu’il y a des «indices graves et concordants» contre Henri Leclaire. «Il convient de renvoyer l’affaire à une session ultérieure pour permettre à la justice de poursuivre sa recherche» a également dit l’avocat général. Le président de la Cour d’Assises de la Moselle a finalement décidé de renvoyer le procès à une date ultérieure, tout en s’excusant auprès de Patrick Dils, condamné pour rien dans cette affaire. "Puisse une telle catastrophe judiciaire ne jamais se reproduire" a-t-il lâché ce mardi après-midi. 

La vérité d’ici 2015-2016

Le procès, qui pourrait donc être celui de Francis Heaulme et Henri Leclaire, n'aurait donc pas lieu avant fin 2015 ou 2016, près de 30 ans après les faits. «Une décision difficile mais nécessaire» pour le président de la Cour d’Assises de la Moselle qui a décidé de reporter le procès à une date ultérieure tandis qu’une nouvelle enquête s’ouvre dans une affaire très complexe.

Cette décision de la cour d'assises, qui devrait permettre de déterminer une éventuelle implication d'Henri Leclaire dans cette affaire, repousse le procès d'environ deux ans. Un délai d'attente qui désespère Jean-Claude Beining, le père de Cyril qui a été tué il y a 28 ans à l’âge de 8 ans à Montigny-lès-Metz. "J'espère qu'on connaitra la vérité un jour. Mais est-ce-que je serai là encore pour la voir ? Je ne sais plus. On ne sait plus quoi penser", estime le père de famille interrogé par Europe 1.

Si ce dernier déplore la lenteur de la justice dans cette affaire, il est confiant dans le fait de voir éclater "la vérité". Et de conclure : "la justice n'est pas assez rapide surtout dans une affaire criminelle. On arrivera à avoir un coupable, mais dans combien de temps ?" a-t-il ajouté au micro de la radio.

AUDIO. Le père de l’un des enfants tués déplore le report