Le parquet de Metz a requis jeudi 7.500 euros d'amende, peine qu'il a lui-même qualifiée de "modérée", contre le sénateur-maire UMP de Woippy (Moselle), François Grosdidier, jugé devant le tribunal correctionnel pour détournement de fonds et de biens publics lorsqu'il était député-maire.

 

Le jugement a été mis en délibéré au 12 février.

 

"J'ai l'impression que la justice a été instrumentalisée: on s'est servi d'une institution pour régler des comptes", a estimé lors de son réquisitoire le procureur Gilles Bourdier, soulignant toutefois que l'infraction était caractérisée. De manière inhabituelle, le magistrat avait prévenu avant l'ouverture des débats qu'il avait l'intention de réclamer "des peines modérées".

 

"Je me demande pourquoi je suis là", s'est exclamé le principal prévenu, poursuivi notamment pour avoir abusé de la franchise postale parlementaire, surtout au moment de sa candidature à la présidence de l'UMP en 2004 quand il était député.

 

L'une de ses accusatrices, une opposante municipale, affirme qu'il aurait envoyé près de 30.000 plis via ce système, alors qu'il n'en a reconnu à la barre qu'environ 1.500.

 

"C'est une instruction qui a duré dix ans, exclusivement à charge, faite de 3.200 cotes (pièces du dossier), guidée par des adversaires politiques et au cours de laquelle les droits de la défense n'ont pas été respectés", a protesté M. Grosdidier, lors d'un interrogatoire de plus de deux heures.

 

 

"Je reconnais avoir utilisé la franchise parlementaire pour l'envoi d'informations parlementaires", a-t-il ajouté, en évoquant "une pratique très occasionnelle". Le sénateur a également affirmé qu'autrefois, "tout le monde le faisait, maintenant on fait plus attention, l'usage a évolué".

 

La justice lui reproche également d'avoir fait payer à sa commune des frais d'entretien et de fonctionnement de sa permanence parlementaire, des factures d'impression pour son association politique, ou encore d'avoir eu abusivement recours à des véhicules municipaux à des fins distinctes de ses tâches de maire.

 

L'élu a fermement contesté avoir ordonné à une contractuelle de la mairie de travailler à sa permanence, "où elle venait bénévolement", a-t-il soutenu.

 

Sept autres prévenus, anciens ou actuels membres du conseil municipal de Woippy ou contractuels, sont poursuivis aux côtés du maire dans ce dossier, pour prise illégale d'intérêts dans le financement d'associations locales ou pour l'utilisation détournée de véhicules municipaux.

 

Quatre d'entre eux ne se sont pas présentés à l'audience jeudi, ce qui a conduit la présidente à scinder le dossier et à décider qu'ils comparaîtraient ultérieurement, lors d'un autre procès.

 

(Avec AFP)