PHOTOS. A Trémery, Hollande compte sur la relance de PSA pour contenir une déroute aux départementales
REPORTAGE & PHOTOS. Le président de la République a profité du calendrier de PSA pour surfer sur l’annonce d’une bonne nouvelle économique à deux jours du second tour des départementales qui s’annoncent compliquées pour la gauche et qui devrait perdre de nombreux bastions dont l’Essonne ou encore la Corrèze.
C’est les bras chargés de cadeaux que François Hollande a débuté sa visite sur le site de l’usine PSA de Trémery en Moselle, à quelques kilomètres de Metz. Mais les ouvriers ne sont pas dupes dans un contexte où les élections départementales de dimanche s’annoncent catastrophique pour le PS. Alors que PSA a décidé jeudi lors d’un comité exécutif de confier sa nouvelle ligne de production de moteurs à essence à son site de Moselle, François Hollande en a profité pour sauter dans un avion et l’annoncer en personne aux 5 300 salariés. Une poignée d’ouvriers et de cadres ont pu approcher le chef de l’Etat et le ministre de l’Economie Emmanuel Macron qui a œuvré en coulisses pour que la France puisse décrocher cette production face à la concurrence espagnole.
PSA devrait investir 60 millions d’euros sur son site de Trémery avec l’aide des collectivités locales dont la région Lorraine, le département de la Moselle, la ville de Metz ou encore Metz Métropole.
Venu visiter l’usine après un bref discours, les salariés ont pu rencontrer le chef de l’Etat. Selfies, discussions directes et poignées de mains se sont succédés dans une usine dont l’avenir est garantit au sein d’un groupe qui a été sauvé de la faillite. «Cette année on va toucher 1 300 euros de prime annuelle grâce aux bons résultats (…) l’année dernière ce n’était que 30 euros» se réjouit un salarié croisant le chef de l’Etat venu observer sa ligne de production. Le constructeur automobile était en effet en proie à de grosses difficultés financières. La perte nette, qui se chiffrait à 2,3 milliards en 2013, a été ramenée à 706 millions d’euros l’année dernière.
"Une bonne nouvelle pour toute la Lorraine"
Hollande est venu «annoncer une bonne nouvelle pour toute la Lorraine» assurant que «l’industrie automobile en France connaît une reprise». «C’est une première depuis 10 ans, la production de voitures dans notre pays se redresse, plus de 2 millions de voitures en 2014 soit une hausse de 5%» s’est réjouit le chef de l’Etat qui était accompagné de plusieurs membres de son gouvernement dont Emmanuel Macron, ministre de l’Economie. Depuis sa nomination à Bercy il y a un an, il n’avait encore jamais effectué de visite aux côtés du président de la République qu’il a conseillé pendant deux ans à l’Elysée.
Le président de la République a rappelé que l’Etat «a pris sa part» dans le redressement du groupe PSA alors que son P-DG, Carlos Tavares se réjouissait du redressement économique de son entreprise lors d’une allocution précédant celle de François Hollande. «L’Etat a apporté 7 milliards d’euros de garantie à la banque PSA Finances et a fait son entrée au capital de l’entreprise (à hauteur de 14%, NDLR)» a-t-il rappelé, évoquant aussi l’arrivée au capital du groupe automobile chinois Dongfed. Evoquant des «financements indispensables», le chef de l’Etat a rappelé que la Chine immatricule 20 millions de voitures chaque année et que la France doit «en prendre sa part».
«Le redressement de PSA est aussi lié aux salariés» a assuré François Hollande devant une poignée d’ouvriers et de cadres de l’usine de Trémery, la plus importante au monde pour le groupe en terme de production mécanique (1,58 million de moteurs et 893.000 boîtes
de vitesses fabriqués en 2014). Lors de cette visite à deux jours d’un scrutin électoral – dénoncée par le FN et certains syndicats dont la CGT – le président de la République a voulu reprendre la main sur les dossiers économiques et sociaux alors que l’actualité était dominée par la progression du Front national aux départementales, aux attentats de Tunis et à la menace terroriste ou encore par un crash d’avion dans les Alpes.
"C’est à moi de convaincre les Français que la reprise est là"
En marge de son discours, face aux journalistes, M. Hollande a assuré que c’est à lui de convaincre les Français que la reprise économique arrive en France. «Chaque fois qu’il y aura des investissements, il y aura des emplois» a promis le président de la République aux journalistes, souhaitant «stimuler l’investissement». «PSA a réussi à se redresser en quelques mois et à investir ici en Lorraine dans un nouveau moteur» s’est-il réjouit. Alors que le chômage a de nouveau progressé en février (+0,4%), le chef de l’Etat a évité de répondre aux questions des journalistes sur ce point.
François Hollande a aussi annoncé depuis la Moselle l’instauration dès le 1er avril, «en plus du bonus écologique», la création d’une «prime à la conversion des véhicules diesels polluants achetés avant 2001». Pour l’achat d’un véhicule hybride, la prime sera de 6 500 euros et 10 000 euros pour une voiture électrique.
Comme son grand concurrent Renault, PSA est historiquement un spécialiste des motorisations diesel qui représentaient plus de 70% du marché français de la voiture neuve. François Hollande a salué l’initiative de PSA d’investir dans un moteur à essence plus propre alors que l’année 2015 sera marquée par la conférence climat à Paris. Un «événement mondial où se jouera l’avenir de la planète» martèle François Hollande.
Mais en février, les voitures diesel ne représentaient plus que 59% des modèles vendus en France, contre 73% en 2012. Et les spécialistes voient cette tendance se poursuivre, en raison notamment des préoccupations en matière d'environnement et de santé liées au diesel, accusé de dégager des particules fines cancérigènes.
La surprise Ecomouv’
Le chef de l’Etat est aussi venu avec une nouvelle totalement inattendue. La création de "100 à 150 emplois" à Metz pour compenser la disparition d'Ecomouv', la société qui devait se charger de collecter l'écotaxe, enterrée par le gouvernement. Ces nouveaux emplois seront créés sur une "plateforme que Pôle Emploi va mettre en place" sur le site d'Ecomouv', installé dans l'ancienne base aérienne 128 dans la banlieue de Metz, a précisé le chef de l'Etat. Cette plateforme sera un centre d'appel téléphonique en lien avec Pôle Emploi, et elle devrait recruter "en priorité des anciens salariés d'Ecomouv'". Sa mise en route est prévue pour l'instant dans le courant du "deuxième semestre" 2015, a confié une source proche du dossier. "Tous les salariés d'Ecomouv' disposeront de conditions dans le plan social exemplaires", a par ailleurs affirmé François Hollande vendredi.
Dans un canton où le Front national est arrivé en tête (31%) devant le sénateur Divers droite Jean-Louis Masson pourtant très ancré, la visite de François Hollande ce matin annonçant la création de nouveaux emplois est sans nul doute un signal envoyé aux électeurs. Le PS arrivé troisième au premier tour dimanche devrait connaître une déroute au second tour ce 29 mars en perdant la plupart des départements en France et de nombreux élus en Lorraine.
3Commentaires