Un tableau de Fernand Léger sur la Grande Guerre ne trouve aucun acquéreur
La "Popote de la vache enragée", un tableau méconnu de Fernand Léger qui tourne en dérision les conditions de vie difficiles des poilus durant la Première guerre mondiale, n'a pas trouvé preneur lors d'une vente aux enchères samedi à Nancy, a-t-on appris lundi auprès du Conseil départemental de la Meuse.
L'oeuvre, une huile sur toile d'environ 80x80 cm dont la valeur est estimée à 450.000 euros, montre un soldat avec son képi rouge de poilu courant pour attraper une vache aux yeux exorbités et aux naseaux dilatés semblant indomptable. Mise aux enchères au prix de départ de 180.000 euros, "l'oeuvre n'a pas trouvé preneur", a indiqué lundi à l'AFP Véronique Harel, en charge de la mission centenaire au Département.
Actuellement exposé au Centre mondial de la paix à Verdun, le tableau est prêté gracieusement par son propriétaire, un Américain qui souhaite rester anonyme. La toile y restera visible au public au moins jusqu'à fin 2016, année du centenaire de la bataille de Verdun.
Fernand Léger (1881-1955), mobilisé durant quatre ans durant la Grande Guerre, notamment comme brancardier, a réalisé cette toile en 1915, probablement alors qu'il se trouvait dans un cantonnement à l'arrière du front meusien de l'Argonne, qui subissait des bombardements.
L'artiste avait offert la toile à son supérieur militaire, le capitaine Blanc. L'oeuvre avait été conservée longtemps au sein de la famille du militaire avant d'être cédée.
"C'est une oeuvre atypique, une toile-cadeau de petit format composée de trois morceaux" qui proviennent de sacs de farine et d'un couvercle d'une caisse de munitions, a expliqué Mme Harel. Elle présente des collages, notamment des morceaux de tissu rouge provenant de vrais uniformes de soldats.
Ce tableau de Léger s'inscrit dans le courant cubiste et exprime un sentiment de "dérision pendant la guerre", a souligné Mme Harel. "La nourriture est un sujet de prédilection chez les soldats: durant la guerre, on mange mal et dans ces moments où la mort est présente, on rit de ces choses", a-t-elle ajouté.
"Le fait que cette oeuvre n'ait pas trouvé preneur est pour l'instant une bonne nouvelle", qui va permettre au Département de se porter acquéreur, a dit cette responsable. Le Conseil départemental pourrait notamment négocier avec son propriétaire un prix d'achat plus faible que sa valeur estimée, a estimé Mme Harel.
(Avec AFP)
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