Un mort sur le site d'enfouissement de déchets nucléaires de Bure
Un effondrement survenu ce mardi sur le site du futur centre de stockage de déchets nucléaires de l'Andra à Bure, dans la Meuse, a fait un mort et un blessé grave.
Une personne est morte et une autre, gravement blessée, était encore coincée à plusieurs dizaines de mètres sous terre, mardi en début d'après-midi, après un éboulement dans une galerie du laboratoire souterrain controversé de l'Agence nationale pour la gestion des déchets nucléaires (Andra) à Bure (Meuse).
C'est la deuxième fois qu'un accident mortel se produit sur ce site, fortement contesté par les associations antinucléaires, où doivent être enfouis à terme des déchets hautement radioactifs, aux confins de la Meuse et de la Haute-Marne.
Les deux victimes se trouvaient dans une galerie souterraine au moment de l'éboulement, ont précisé les secours, appelés sur place à la mi-journée. Les déblaiements sont encore en cours, et une cellule psychologique a été mise en place pour les employés.
Ni la préfecture de la Meuse, ni l'Andra n'étaient disponibles dans l'immédiat pour commenter ces informations. Une conférence de presse était cependant prévue en milieu d'après-midi, selon la presse locale.
Selon les premières informations, "le front de taille d’un fond de galerie a glissé alors que des relevés géo-physiques étaient en cours" a indiqué la préfecture de Meuse dans un communiqué. "Un éboulement est survenu lors des forages, atteignant un technicien de la société Eiffage. Celui-ci est décédé, l’un de ses collègues est légèrement blessé" indique ce communiqué des autorités.
Le laboratoire souterrain fait partie du projet d'enfouissement baptisé Cigéo, qui doit accueillir les déchets les plus radioactifs du parc nucléaire français (3% du total) à 500 mètres sous terre, ainsi que ceux ayant la durée de vie la plus longue. S'il est entré en phase de conception industrielle, il reste plusieurs étapes décisives avant la mise en service de Cigéo, prévue en 2025.
Il doit notamment être validé par le Parlement. Le gouvernement a annoncé l'an dernier qu'un texte spécifique serait présenté en 2016, après avoir tenté de faire avancer le dossier via un article de la loi Macron, finalement censuré par le Conseil constitutionnel. Un accord des députés aurait permis au mieux à la construction des installations de stockage de débuter à l'horizon 2020.
Récemment, le ministère de l'Ecologie et de l'Energie a estimé à 25 milliards d'euros le coût du projet Cigéo.
"Gigantesque poubelle atomique"
Un des deux types de déchets qui doivent être stockés par le Cigéo sont dits de «haute activité vie longue», HA-VL (principalement des résidus hautement radioactifs issus du traitement des combustibles usés, dégageant de la chaleur). Le volume de déchets HA est estimé à environ 10.000 m3, dont 30% sont déjà produits.
Les autres déchets prévus sont dits «de moyenne activité à vie longue» (MA-VL), et seraient stockés les premiers. Leur volume est estimé à 70.000 m3, dont 60% déjà produits.
Ces deux types de déchets représentent 3% du volume total des déchets radioactifs produits en France, mais concentrent plus de 99% de la radioactivité, dont 96% rien que pour les HA-VL (0,2% du volume).
A cheval sur quatre petites communes totalisant aujourd'hui quelques centaines d'habitants, le projet engage les générations futures pendant des dizaines de milliers d'années, ce qui a généré de nombreuses protestations.
Les associations antinucléaires dénoncent «une gigantesque poubelle atomique de 300 ha en surface et 15 km2 de galeries souterraines», et pointent l'obsolescence des matériaux devant servir à contenir ces déchets. Ces dernières avaient intenté une action en justice contre l'Andra, qu'elles accusent de «mensonge». Elles lui reprochent d'avoir sous-estimé volontairement la richesse du sous-sol de Bure - des nappes souterraines d'eau chaude - pour faciliter l'implantation du futur centre dans cette zone rurale.
Les associations ont été déboutées fin mars 2015. Elles ont fait appel.
(Avec AFP)
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