A Bure, deux gendarmes et un opposant aux déchets nucléaires blessés
Des opposants au projet Cigéo de stockage de déchets radioactifs à Bure (Meuse), qui occupaient un bois pour empêcher le lancement des travaux, ont été évacués jeudi, et deux gendarmes et un manifestant ont été blessés, ont indiqué des militants et la préfecture.
Les forces de l'ordre, arrivées vers 06H30, ont notamment usé de gaz lacrymogènes pour évacuer les opposants - de 15 à 25 selon la préfecture, plusieurs dizaines selon les opposants, qui se refusent à donner un chiffre exact. L'Agence nationale pour la gestion des déchets radioactifs (Andra), à l'origine du projet, avait porté plainte contre l'occupation par les anti-Cigéo du bois de Mandres-en-Barrois, qu'elle a acquis, et demandé leur expulsion à la préfecture.
Lors de l'opération, qui a duré une heure, "deux gendarmes ont été blessés, l'un par l'explosion d'une fusée de barricade, le second par morsure d'un opposant", qui a été interpellé, a indiqué la préfecture dans un communiqué. Selon la préfecture, les autorités ont trouvé "32 barricades sur les chemins du bois menant à la zone occupée" des "tranchées" et "des produits inflammables et explosifs positionnés au sein des barricades".
Un opposant, blessé par brûlures, a pu être pris en charge par des habitants d'un village voisin, selon une source proche des manifestants. "Nous n'étions pas assez face à la répression policière mais c'est la meilleure publicité qu'on puisse nous faire, nous reviendrons, plus nombreux(ses) et déterminé(e)s", a ajouté cette source.
Les opposants ont donné rendez-vous à leurs soutiens vendredi à 6h à Bure "pour bloquer les travaux et reprendre la forêt", et les 9 et 10 juillet pour un "week-end forêts en résistance", avant un "grand rassemblement" à Bure les 16 et 17 juillet. Le Réseau "Sortir du nucléaire" a appelé "à amplifier la résistance et à les rejoindre massivement sur le terrain", tandis qu'Europe Ecologie-Les Verts (EELV) a fait part dans un communiqué de sa "consternation".
- 'Violence institutionnelle' -
EELV rappelle aussi son opposition à "l'enfouissement à plus de 500 mètres sous terre de déchets radioactifs à vie longue, c'est à dire qu'ils resteront radioactifs pendant plus de 100.000 ans, et certains pendant 1 million d'années", projet qui "met en danger la nappe phréatique et les terres en surface, et engage l'humanité".
Cette opération a eu lieu alors que les opposants avaient entamé une procédure en rétractation de l'ordonnance d'expulsion et qu'une audience devait avoir lieu le 13 juillet. "On joue le jeu, on est légalistes et on est face à de la violence institutionnelle radicale", a dit Me Ambroselli.
Interrogé sur la décision d'intervenir avant l'audience, le préfet de Meuse, Jean-Michel Mougard, a répondu lors d'une conférence de presse que la procédure en référé n'avait pas de caractère suspensif.
Le projet Cigéo doit accueillir à Bure, à la frontière entre la Meuse et la Haute-Marne, les déchets les plus radioactifs ainsi que ceux ayant la durée de vie la plus longue, à 500 mètres sous terre. Mi-mai, le Sénat a adopté une proposition de loi visant à donner l'autorisation législative nécessaire à la poursuite du projet. Le texte doit être examiné par l'Assemblée nationale lundi.
(Avec AFP)
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