A Sarre-Union, les lycéens toujours en garde-à-vue alors que la piste antisémite s’écarte

Société

Le cimetière juif de Sarre-Union (Bas-Rhin) profané par plusieurs adolescents de la région. PHOTO : Pierrot Picard/ LORACTU.fr

Les cinq jeunes sont toujours placés en garde-à-vue dans plusieurs compagnies de gendarmerie dans le Bas-Rhin et en Meurthe-et-Moselle, six jours après la profanation du cimetière juif de Sarre-Union découverte dimanche. Le parquet a décidé de la prolongation de ces gardes-à-vue débutées lundi matin vers 10H45 jusqu’à mercredi matin où une décision sur l’avenir judiciaire de ces lycéens sera prise.

"De l’inconscience", selon un professeur

La quasi-totalité des adolescents suspectés habitent dans la ville de Sarre-Union, 3 000 habitants, et son scolarisés dans le lycée de la ville, deux autres à Sarrebourg en Moselle. Un seul jeune habite Lunéville en Meurthe-et-Moselle. Selon les derniers éléments de l’enquête, la piste antisémite s’éloigne. Ces jeunes n’auraient pas été motivés par le caractère religieux du lieu qui a été complètement saccagé.

Les adolescents expliquent de leur côté avoir considéré le cimetière comme «abandonné». «Ça montre bien que c'était de l'inconscience», rebondit Denis Lieb, un professeur d'économie du lycée Georges-Imbert. «Ça n'était pas préparé, pas prémédité. Ils ont fait ça par bêtise, par ennui», ajoute le professeur. Selon nos informations, cette opération, particulièrement violente ne serait «qu’un jeu» pour ces adolescents ont-ils expliqué en garde-à-vue.

"On ne s'attaque pas à un cimetière juif par hasard"

Une explication qui ne convainc pas les responsables religieux alsaciens. «On ne s'attaque pas à un cimetière juif par hasard, à plus forte raison quand ce sont des gens du coin», estime Pierre Lévy, responsable du Conseil représentatif des institutions juives d'Alsace. Au total, les enquêteurs ont comptabilisé 250 tombes dégradées dans le cimetière juif.

Des gendarmes à Sarre-Union, mardi 17 février 2015. PHOTO: PIERROT PICARD/ LORACTU.fr

Les cinq mineurs placés hier en garde à vue encourent sept ans de prison pour profanation de sépulture en raison de la religion des défunts et dégradation en réunion d’un bien appartenant à autrui. Mais, selon le Parquet, les peines pourraient être minimes en raison de l’excuse de minorité des suspects.

Les cinq suspects ont un profil comparable à ceux qui en janvier 2001 s’en étaient également pris à ce cimetière juif de Sarre-Union en renversant 54 tombes. À l’époque, quatre adolescents âgés de 13 à 15 ans, interpellés, avaient admis avoir agi par désœuvrement.

Un message troublant sur Facebook

Selon les Dernières Nouvelles d’Alsace, les enquêteurs de la gendarmerie de Strasbourg chargés de l’enquête s’intéressent aux SMS échangés par ces jeunes leurs ordinateurs et leur profil Facebook. L’un des jeunes suspects a laissé ce message sur son profil Facebook: "Bon les gens, je compte organiser dans pas longtemps un petit groupe afin d'aller explorer quelques endroits abandonnés (Maisons, Manoirs, Châteaux, Gares, etc...) Qui serait partant ? Faites aussi parvenir quelques une de vos idées, si vous en avez".

Deux jours plus tard (jeudi 12 février, NDLR), un groupe d'adolescents dont l'auteur de ce message, se rend, en deux temps, entre 15h et 18h, d'abord à quatre puis à cinq, au cimetière juif de Sarre-Union, selon le quotidien. La découverte des 250 pierres tombales profanées est faite dimanche. Lundi matin, face au scandale médiatique et politique, l’un  des jeunes se dénonce de lui-même et dénonce ses quatre complices.