A Nancy, le défi de la métropole pour "peser" face à Strasbourg

Politique

Nancy va devenir en 2016 au même titre que Strasbourg, Lyon, Paris ou Aix-Marseille une métropole. PHOTO: ILLUSTRATION/ LORACTU.fr

Nancy veut peser face à Strasbourg devenue capitale de l’Alsace-Champagne-Ardenne-Lorraine début janvier. Jeudi soir, André Rossinot (président du Grand-Nancy), François Pélissier (président de la CCI de Meurthe-et-Moselle) et Philippe Mahé (préfet) se sont livrés à un long plaidoyer pour inscrire la création de la métropole de Nancy dans la réussite économique du territoire confronté à une concurrence de plus en plus forte  de ses voisins.

La communauté urbaine du Grand Nancy comprend actuellement plus de 260 000 habitants répartis sur 20 communes. Les métropoles, au nombre de 14 actuellement comptent plus de 400 000 habitants situés dans une aire urbaine de plus de 650 000 habitants. Parmi les métropoles on compte à l’est Strasbourg puis ailleurs Lille, Montpelier, Lyon, Paris, Aix-Marseille, Nice, Nantes, Bordeaux, Grenoble, Rouen, Brest, Rennes.

Plus de compétences pour le quotidien des habitants

La métropole de Lyon est concrète depuis le 1er janvier 2015 tandis que celles de Paris et Marseille sont entrées en vigueur dès 2016. Dans le cas de Nancy, le dossier est porté par le nouveau préfet de Meurthe-et-Moselle et soutenu par le président (PS) du département et le maire (UDI) de la ville siège. André Rossinot, président de l’agglomération est l’un des artisans de la future métropole. Pour lui, il s’agit dans le cadre de la fusion de la Lorraine avec l’Alsace et la Champagne-Ardenne de ne pas laisser seule Strasbourg qui possède déjà le statut de métropole mais aussi de capitale européenne et capitale régionale. Un «statut européen fragile pour Strasbourg» prévient d’ailleurs M. Rossinot.

Le dossier est rapidement passé de projet à réalisation concrète s’est réjouit M. Rossinot qui a pesé de son influence à Matignon pour obtenir le soutien de Manuel Valls aidé de plusieurs élus socialistes du département. «Cette métropole nous permet d’être plus fort. On a dit à Strasbourg +on ne va pas vous laisser seul quand même+» a ironisé André Rossinot. Avec l’élection d’un président de région alsacien et un siège de région basé à Strasbourg, les élus de la future métropole de Nancy espèrent qu’elle pèsera davantage grâce à sa «position centrale» dans une nouvelle région qui compte 5,5 millions d’habitants.

Pour François Pélissier qui dirige la CCI de Meurthe-et-Moselle qui a récemment fusionné avec ses homologues des autres départements de Lorraine, cette métropole est un «accélérateur» et une «visibilité supplémentaire» pour les entreprises. «Les alsaciens ont annoncé vouloir se battre dans la future CCI Alsace-Champagne-Lorraine, les lorrains doivent alors être unis. C’est pour ça que notre fusion est primordiale» défend M. Pélissier. Récemment, les CCI des quatre départements ont décidé – dans la douleur – de fusionner pour faire des économies et permettre une meilleure efficacité : baisse des effectifs de 25%, des baisses de dotation d’Etat forcées, des économies de fonctionnement… «Cette fusion permet aussi une bonne chose : conforter notre poids. Le poids économique de la Lorraine (39,4%) est légèrement devant l’Alsace (38,7%) et la Champagne-Ardenne (21,9%)» se réjouit François Pélissier.

"La métropole c’est la Ligue 1"

«Nancy possède de nombreuses filières qui doivent se démarquer avec la création de la métropole. Elles doivent se structurer : santé, matériaux, numérique, tourisme d’affaires, création culturelle…» détaille François Pélissier qui défend la CCI de Meurthe-et-Moselle qui deviendra prochainement une Chambre de Commerce et d’Industrie métropolitaine. «On pourra directement travailler avec la métropole sans passer par l’échelon de la région» se réjouit M. Pélissier.

André Rossinot rappelle que la future métropole gagnera en compétences : tourisme, jeunesse, routes et logement. «Le département doit se séparer de certaines compétences pour survivre et l’une des seules collectivités qui gagne en puissance – au-delà des régions – ce sont les aires urbaines. Aujourd’hui c’est 30 millions d’habitants en France» assure celui qui devrait présider la future métropole, sans passer la main.

Le préfet du département qui défend ardemment le dossier pour l’Etat estime que la création des métropoles est l’étape la plus importante depuis les lois de décentralisation. «La métropole c’est la Ligue 1» complète Philippe Mahé. Les 20 communes du Grand-Nancy sont actuellement consultées avant une entrée en vigueur d’ici le printemps. Une nouvelle gouvernance est en gestation. En coulisses, la gauche minoritaire à la communauté urbaine s’active pour obtenir plus de poids au sein de la future métropole.