22/06/2012 |
La situation économique et sociale de la Lorraine n’est pas au vert. Les voyants sont plutôt rouges et certains indicateurs sont alarmants. Une productivité en baisse, un chômage de plus en plus fort et un dynamisme économique plus fort au Luxembourg.
> En Lorraine, le marché de l'emploi est toujours en panne
Gilbert Kransener, rapporteur de la situation économique et social de la Lorraine pour le CESEL (Conseil Economique, Social et Environnemental) est formel : la situation économique dans la région n’est pas bonne. « Il suffit de regarder un indicateur clé, le taux d’utilisation des outils de production. Il est en baisse continue depuis le début de la crise et n’est pas revenu à son niveau d’avant crise » s’inquiète-t-il. En effet, il est aujourd’hui de 72%, tandis qu’il était de dix points plus élevé il y a quelques années.
« Cette baisse a des conséquences directes sur la création d’emplois. Depuis 1 an on constate une dégradation importante de l’emploi en Lorraine. Avant il y avait de petites améliorations, mais chaque mois le chômage augmente… » affirme l’expert. « En Lorraine on est à 25 000 emplois en moins par rapport à la période hors crise de 2008 depuis un an. On crée peu et pas assez d’emplois ». Le nombre d’offre d’emploi comptabilisé chez Pôle Emploi est également en nette baisse…
Le chômage structurel inquiète également les décideurs économiques et politiques. « Le chômage structurel, c’est-à-dire de longue durée est en hausse. C’est 60 000 demandeurs d’emploi qui sont au chômage depuis au moins 3 ans. Ils ont de plus en plus de difficulté à retrouver un job. Quand il s’agit d’un chômage court c’est moins grave, mais le structurel est inquiétant » s’alarme-t-il. Pareil pour les jeunes ou les + de 50 ans. Ce sont les premières victimes.
Seul facteur qui peut redonner le sourire face à ce sombre tableau : les créations d’entreprise en hausse. 440 lancements de nouvelles boîtes au premier semestre 2012. « Beaucoup de chômeurs vont créer leur entreprise puisqu’ils ne trouvent pas de travail. Le statut d’auto entrepreneur a aussi beaucoup de succès. Ça peut être un complément de revenus… » Affirme Gilbert Kransener du CESEL.
« Le Luxembourg crée 3 000 emplois/an pour les lorrains soit une usine Smart chaque année ! »
« Après cette phase d’élections, la présidentielle et les législatives on espère bien une redynamisation des politiques d’emploi en France » poursuit-il. Avec les plans sociaux qui se multiplient aux quatre coins du pays et les entreprises en difficultés ou menacées de fermetures telles que l’usine d’ArcelorMittal à Florange, la pression sur le gouvernement Ayrault est énorme. « La solution d’abord est macro-économique. Il faut trouver des solutions en Europe. Par exemple des pays comme la Grèce, l’Espagne ou l’Italie qui sont dans en mauvaise passe sont des consommateurs, ils achetaient nos produits. Aujourd’hui on exporte moins… c’est important. Enfin du côté de la Lorraine, il faut miser sur la stratégie industrielle et conserver, développer l’automobile, l’agroalimentaire par exemple. Il faut mutualiser les actions entre acteurs économiques. Dans l’économie verte il y a aussi des potentiels de développement ».
Enfin, les regards sont forcément tournés vers le Luxembourg. Chaque jour 70 000 frontaliers vont de l’autre côté pour travailler, et forcément consommer. « On ne peut pas imaginer une Grande Région sans le Luxembourg ! Ce pays crée chaque année 3 000 emplois à destination des Lorrains… l’équivalent d’une usine Smart par an. En 10 ans, c’est 30 000 emplois ». Par ailleurs, pour cet expert économique le Luxembourg connaît moins de difficultés dans la crise car il a misé sur la Recherche et les nouvelles technologies. « Ils dépensent plus que la région en recherche et développement alors que c’est un pays de 500 000 habitants, en Lorraine nous sommes plus de 2 millions » affirme-t-il. On sait ce qu’il nous reste à faire…