Amer constat dans les allées du Livre sur la Place à Nancy. Les ventes sont en baisse, la concurrence d’Internet n’arrange rien et les lecteurs sont surtout des zappeurs devant leurs écrans.

A en croire les allées noir de monde sous le grand chapiteau du Livre sur la Place, la grande tendance c’est lire. « Oui l’évènement marche très bien, mais ces milliers de personnes que vous croisez dans les allées sont surtout à la recherche des stars de l’écriture » regrette un petit auteur lorrain. En témoigne les longues files d’attente pour Amélie Nothomb par exemple. « C’est une niche qui lit de façon assidue et qui achète plusieurs livres par mois »

La librairie Didier de Nancy qui occupe une grande place parmi la quarantaine d’entreprises du livre présente le reconnaît. « Si on regarde les chiffres c’est en baisse. Mais si vous prenez les gros du secteur de l’édition c’est pareil ». Pour la librairie qu’on ne présente plus dans la cité ducale « la renommée est surtout basée sur les ouvrages universitaires et d’architecture ». Les ventes se portent bien selon M. Didier qui gère d’une main de fer son commerce.

On notera l’absence du livre numérique dans les allées du Livre sur la Place. Internet est aussi sur toutes les lèvres. « Amazon et Internet n’ont pas les mêmes règles sociales et fiscales notamment. Tout le monde sait qu’Amazon est au Luxembourg… Elle n’a pas tort » conclut le libraire qui rebondit sur les propos d’Aurélie Filippetti, ministre de la Culture et de la Communication qui affirme qu’Amazon « risque de tuer les libraires indépendants ».

« Le net est un véritable risque pour les indépendants »

Photo : Eric Dubois/ LOR'Actu.fr

Un autre auteur, luxembourgeois, ne croit pas à Internet. Le quadragénaire préfère se rendre en librairie. « J’ai pas l’impression que je vends plus de livres sur Internet qu’en librairies. Le bouche à oreille fait venir les gens dans les magasins. C’est bien. Le net est un véritable risque pour les indépendants cela dit moi-même je n’achète pratiquement jamais sur Internet parce que j’aime aller dans une librairie, avoir le contact avec les livres. Et surtout j’aime me faire conseiller par le libraire. Une confiance s’installe avec le client » conclut-il.

Les professionnels sont pour la plupart sur la même ligne : ils reconnaissent le danger d’Internet pour le livre tel qu’il existe. Avec l’émergence du livre numérique, des tablettes, et la multiplication des loisirs numériques, les libraires, éditeurs et auteurs sentent le vent tourner. « Si ce n’est quelques best-sellers (Harry Potter, Twilight…) les jeunes changent vite et peuvent se détourner du livre. Il faut les éduquer, les éveiller et le Livre sur la Place y participe » martèle une bénévole de « Lire A Nancy ».