29/05/2013 |
Depuis des mois, les demandeurs d’asile ne cessent d’affluer en Meurthe-et-Moselle, plus précisément à Nancy. Une mise au point de la situation s’est imposée lors du Conseil municipal qui a eu lieu lundi 10 mai.
Un flux continu de demandeurs d’asile. Lors du Conseil municipal, le maire de Nancy André Rossinot a invité Jean-Marie Schléret, délégué de la santé et au logement, à faire un point sur la situation à Nancy et en Meurthe-et-Moselle où se trouvent six centres d’accueil dont trois sous l’autorité de l’ARS (Accueil de Réinsertion Sociale). Une situation de plus en plus difficile qui ne cesse de s’aggraver. 1 227 demandeurs d’asile sont arrivés en Meurthe-et-Moselle en 2011, principalement Albanais et Kosovars, mais ce chiffre a pratiquement doublé en 2012 avec l’accueil de 2456 personnes. Parmi ces demandeurs d’asile, les primo-arrivants ont également doublé entre 2011 et 2012, passant de 527 à 1083.
Les lieux d’accueil sont saturés, comme en Moselle
Au niveau du classement des départements accueillants le plus de demandeurs d’asile, la Meurthe-et-Moselle occupe le 12ème rang sur 100 et la quatrième place concernant les mineurs. Et la situation est loin de s’améliorer depuis le début de l’année. 130 mineurs et 246 majeurs sont arrivés dans le département, soit 376 demandeurs d’asile, alors que l’année dernière à la même période, la Moselle en accueillait 288. En avril 2013, 70 personnes ont débarqué en Meurthe-et-Moselle, Jean-Marie Schléret, président du conseil de surveillance de l’ARS, a d’ailleurs précisé que 14 demandeurs d’asile s’étaient présentés en une seule journée mardi dernier. La situation est donc plus que préoccupante, d’autant plus que l’Etat demande que ces personnes soient logées...
Saturation des lieux d’accueil d’urgence. Durant l’hiver, les demandeurs d’asile en situation d’attente ont été accueillis dans les gymnases Capello à Nancy et Brossolette à Vandoeuvre. L’école de Remicourt à Villers-lès-Nancy a ensuite pris le relais mais avec 14 nationalités différentes, la mission des travailleurs sociaux est plus compliquée, notamment lorsqu’il s’agit de monter des dossiers avec des interprètes. Actuellement, une douzaine d’hôtels du département et du Grand Nancy sont utilisés pour loger 610 personnes, des établissements où il n’y a plus de places selon Jean-Marie Schléret. L’ARS loue également 80 chambres meublées et 31 logements. Face à cette situation extrêmement difficile, 15 personnes logent actuellement dans les bureaux des travailleurs sociaux du Centre Camille Mathis à Nancy.
Lors du Conseil municipal, Jean-Marie Schléret a évoqué « une situation compliquée dans laquelle les solutions ne sont pas très nombreuses » rappelant que « c'est de la responsabilité de la préfecture » et que les travailleurs sociaux sont exténués.
André Rossinot a déclaré regretter la non-application des décisions de justice concernant notamment les reconduites des frontières qui restent sur le territoire malgré un jugement contraire. La députée Chaynesse Khirouni excluant « toute intervention politicienne » a proposé de travailler avec l'équipe municipale, comme elle le fait actuellement avec le préfet en tant que député de Meurthe-et-Moselle. Valérie Debord a tenu à mettre en avant le choix difficile des travailleurs sociaux qui, devant le manque de places, sont obligés de choisir selon elle « entre une femme battue et des demandeurs d'asile ». En réponse, Mathieu Klein lui a demandé de ne pas stigmatiser ou faire d'amalgames, provoquant la réaction vive de Laurent Hénart qui a réclamé « moins de leçon et plus d'action ». Surpris par cette réaction, le candidat socialiste aux municipales de 2014 a invité son futur adversaire à ne pas «saisir ce sujet pour rentrer en piste sur les questions de sécurité, on aura l'occasion dans les prochains mois de débattre sur ce sujet.»