Le gendarme impliqué dans un accident mortel survenu mardi soir à Laxou (Meurthe-et-Moselle) est dans un état grave. Le militaire a en effet été frappé par des riverains du quartier sensible. Plus tôt, un jeune à moto a trouvé la mort après avoir percuté la voiture banalisée du gendarme.

Le jeune homme de 22 ans est mort des suites de la collision de son deux-roues contre la voiture banalisée du gendarme qui circulait dans le quartier des Provinces à Laxou, dans la banlieue ouest de Nancy. La voiture était conduite par un militaire en civil qui menait une enquête dans le quartier. Le deux roues aurait percuté la voiture alors qu’il circulait à grande vitesse. Selon les premiers éléments, la voiture qui voulait tourner à gauche à un carrefour n’a pas pu éviter la moto arrivant à vive allure.

Selon Thomas Pison, Procureur de la République de Nancy, le jeune à moto circulait à vive allure «sans casque, sans éclairage et à priori sur la roue arrière» pour s’amuser. Avant l’accident, il effectuait des tours du quartier sur sa moto à très vive allure. Le jeune motard a été déséquilibré alors qu’il s’engageait sur un ralentisseur. Au moment où il a perdu le contrôle de son deux-roues il a glissé vers le sol et sa moto est allée percutée le côté de la voiture banalisée du gendarme. C’est ce choc qui a été fatal selon le magistrat.

Le gendarme en service a alors tenté de secourir le jeune homme tombé au sol en sortant de la voiture. Malgré les premiers secours portés, il est décédé sur place. Au moment où il a voulu sauver la vie de la jeune victime, il a été agressé par «plusieurs dizaines d’individus habitant dans le quartier». Très énervés, les riverains ont porté une pluie de coups de poing et de pieds contre le gendarme en civil. Le Procureur affirme qu’il a été victime «d’un acharnement de violence» à deux reprises avant de pouvoir s’enfuir pour rejoindre un hôpital de Nancy.

Le gendarme "dans un état grave"

L'Avenue de l'Europe où s'est déroulé le drame. Photo : GOOGLE STREET VIEW

Le gendarme qui appartient au groupement militaire de Dijon (Côte d’Or) a été violemment frappé au nez et au visage. Il est blessé «sérieusement» et devrait écoper d’une ITT de plus de huit jours a-t-on appris du Parquet de Nancy lors d’un point presse. Selon le Procureur, le gendarme agressé est dans un «état grave» mais son pronostic vital n’est pas engagé. Il a de nombreuses fractures au nez, au visage et aux côtes. Ce mercredi soir, il est toujours hospitalisé et devrait subir plusieurs opérations. «Il n’a toujours pas été entendu et devrait l’être dès que son état physique le permet. Son témoignage sera déterminant» selon le magistrat.

Le militaire impliqué dans l’accident mortel quittait en voiture le quartier après avoir effectué une surveillance pour els besoins d’une enquête. Il allait rejoindre deux autres collègues présents dans le quartier quand le drame s’est joué. «Ses collègues ont assisté à une partie de la scène et ce sont eux qui ont pu l’évacuer vers l’hôpital» a commenté le Procureur.

La victime de l’accident, âgée de 22 ans, n’était pas connu des services de police ou de la justice et n’était pas visé par l’enquête menée par ces trois gendarmes. Selon le procureur, les individus qui ont frappé le gendarme ignoraient «sa qualité, son métier et ses motivations à être présent dans ce quartier». Il n’y a eu aucune interpellation et les enquêteurs ne pourront pas compter sur la vidéosurveillance car ce boulevard très passant de Laxou n’est pas équipé en caméras. «Les auditions des nombreux témoins se poursuivent» a assuré le Procureur. 

Une enquête est ouverte par la sûreté départementale de Meurthe-et-Moselle pour déterminer les circonstances du drame. Le Parquet va ouvrir une information judiciaire pour «homicide involontaire» dans le cadre de la mort du jeune à moto et pour «violences en réunion» après les violents coups portés contre le gendarme.

«La famille est traumatisée par la perte d’un fils et d’un frère» a commenté Thomas Pison tout en excluant la possibilité de violences ou d’émeutes urbaines dans le quartier. En effet, le quartier jugé sensible est placé depuis 2013 en Zone de Sécurité Prioritaire et bénéficie de moyens policiers supplémentaires. Au lendemain du drame, le calme est revenu dans le quartier mais les riverains sont sous le choc.