Le maire (UDI)  de Nancy va rendre hommage vendredi soir, onze ans après sa mort, à Jean-Pierre Humblot. Cet ancien restaurateur homosexuel de la ville avait été tué par deux adolescents de 16 ans en 2003 en raison de son orientation sexuelle. Un crime homophobe qui avait traumatisé la ville. 

 

Nancy va se souvenir ce vendredi soir onze ans après l’assassinat de Jean-Pierre Humblot qui avait marqué toute une ville. Ce restaurateur nancéien, âgé de 63 ans à l’époque du drame avait été poussé dans un canal de la cité ducale par deux adolescents mineurs âgés de 16 ans. Régulièrement dans ce quartier pourtant calme de Nancy, les homosexuels étaient pris pour cible. Le maire (UDI), Laurent Hénart, va rendre un hommage vendredi soir, onze ans après le drame en présence des représentants des associations LGBT de la ville encore marqués par la violence du drame.

 

Jean-Pierre Humblot est mort sur la rive du canal de la Marne au Rhin le 1er août 2003 «parce qu’il était homosexuel ou supposé tel». L’instruction judiciaire et le procès en cour d’assises des mineurs qui avaient suivi son décès ont d’ailleurs reconnu le caractère homophobe du crime. Ses auteurs ont été condamnés à 5 ans d’emprisonnement, dont 3 ans avec sursis et une mise à l’épreuve de 3 ans et reconnus coupables de «violences volontaires ayant entraîné la mort sans intention de la donner, avec préméditation, en réunion, et en raison de l’orientation sexuelle de la victime ». Les deux auteurs circulaient en scooter le long du canal le soir du crime. 

 

 

Agés de 16 ans lorsqu’ils ont poussé Jean-Pierre Humblot dans le canal, ils ont été jugés par une Cour d’Assises des mineurs alors qu’ils étaient âgés de 20 ans au moment du procès. Les parties civiles et le procureur avait dénoncé le caractère homophobe et la violence des faits. Les deux adolescents avaient poussé le sexagénaire à l’eau avant de s’enfuir alors que ce dernier appelait à l’aide. Le restaurateur ne savait pas nager. 

 

Le parquet de Nancy avait fait appel de la condamnation des deux jeunes hommes estimant qu’elle n’était pas assez sévère. En 2009, la cour d’assises des mineurs des Vosges avait confirmé la condamnation en appel, soit 5 ans d’emprisonnement, dont 3 ans avec sursis et une mise à l’épreuve de 3 ans. Les deux jeunes qui fréquentaient régulièrement les bords du canal réputés pour être un lieu prisé par les homosexuels de Nancy faisaient partie d’une bande d’une vingtaine de garçons. Certains avaient été condamnés pour des agressions à caractère homophobe. 

 

Depuis ce crime homophobe, la ville de Nancy rend hommage chaque année à Jean-Pierre Humblot lors d’une cérémonie solennelle. L’occasion pour les représentants politiques de tous bords de rappeler leur lutte contre l’homophobie. Une stèle a été installée au bord du canal. Dégradée en 2009, elle avait été volée et une croix gammée avait été taguée sur son support. Un geste dénoncé par la municipalité et par plusieurs personnalités PS de l’époque.