Départementales : en Meurthe-et-Moselle, Mathieu Klein (PS) joue sa "survie" politique
Le département, seul en Lorraine, détenu par le PS doit faire face à une droite revancharde qui compte regagner le Conseil général perdu en 1998 et un FN de plus en plus menaçant. Mathieu Klein, président (PS) du département était arrivé aux manettes dans des conditions tragiques, tant sur le plan émotionnel que politique.
Il est l’espoir de la gauche de la nouvelle grande région Alsace-Lorraine-Champagne-Ardenne. Mathieu Klein, président du département depuis moins d’un an doit conserver la Meurthe-et-Moselle dans le sillage du PS qui ressortira forcément affaibli des départementales. Si tous les départements de la future région Grand-Est sont annoncés gagnables par la droite et le centre, la Meurthe-et-Moselle pourrait être une exception. Il y a un an, le 30 mars 2014, la vie de Mathieu Klein bascule. Si ce dimanche, son destin politique aurait pu être bousculé par son élection à la tête de Nancy après une trentaine d’années de pouvoir sans partage de la droite, c’est un accident tragique qui le rattrape.
L’ombre de Michel Dinet plane
Michel Dinet, alors président du département, décède dans un accident de la route. Le département est sous le choc. Défait au municipales face à Laurent Hénart, Mathieu Klein décide de prendre la tête du Conseil général pendant une année transitoire dans l’attente des élections départementales où il va tester sa popularité de leader mais aussi jouer sa survie politique. «Je n’avais pas le choix, il s’est imposé à moi». Il renonce à ses ambitions nancéiennes et reprend douloureusement la tête du département. «Sur ces départementales, il joue sa survie. Il a perdu le pari de la mairie, s’il perd le Conseil général, il peut pointer à Pôle Emploi» tacle cruellement un proche de Laurent Hénart.
Le PS qui possède une majorité confortable (29 sièges sur 44) va devoir affronter une droite revancharde et un Front national ambitieux dans les secteurs ruraux et ouvriers de la Meurthe-et-Moselle. Sur les 44 conseillers sortants, la gauche est largement majoritaire avec 21 socialistes et 8 communistes. Dans de nombreux cantons, le score de la gauche est meilleur que dans le reste de la région et du pays. La Meurthe-et-Moselle reste une solide terre socialiste et surtout encore un bastion communiste, notamment dans le nord. En se basant sur les scores de François Hollande, 16 cantons sur 23 sont acquis à la gauche. Mais depuis la victoire de 2012, les vagues bleue des municipales puis bleue marine des européennes viennent rabattre les cartes du jeu électoral.
Le FN, jouera à l’arbitre dans la plupart des cantons
Le FN se veut arbitre de ces départementales. Avec des candidats dans tous les cantons de Meurthe-et-Moselle, le parti affiche un record de présence jamais inégalé même dans des secteurs peu favorables à Marine Le Pen. Selon le politologue à l’Université de Lorraine, Etienne Criqui, le parti bleu marine serait présent au second tour dans 19 cantons sur 23. Un record qui lui confère la place d’arbitre souhaité par Marine Le Pen. Ces seconds tours où le FN arriverait à passer sont ruraux et périurbains. Seuls les trois cantons urbains de Nancy et celui de Laxou arriveraient à éliminer le FN du jeu avec des seconds tours UMP-UDI face au PS et ses éventuels alliés.
Les seconds tours où le FN sera présent face à l’UMP, au PS ou au Front de gauche mettront les leaders politiques à l’épreuve. Laurent Hénart, maire de Nancy a déjà confirmé qu’il appellerait à voter PS en cas de duels FN-PS. Même constat à gauche où Mathieu Klein affirme plus clairement qu’il voterait pour l’UMP-UDI pour abattre le Front national. Les duels de second tour UMP-FN se joueraient à Baccarat, Dieulouard, Grand-Couronné, Jarville, Lunéville-1, Lunéville-2, Meine-en-Saintois, Mont-Saint-Martin, Nord-Toulois, Pont-à-Mousson et Toul. Les combats entre le PS et le FN devraient se jouer dans des cantons ouvriers et populaires. A Jarny, Longwy, Neuves-Maisons, Pays de Briey, Saint-Max, Maxéville et Vandoeuvre, toujours selon le politologue Etienne Criqui. Enfin, un duel FN-Front de gauche pourrait se dérouler à Villerupt, dans le nord ouvrier du département, bastion de l’extrême gauche.
Les départementales en Meurthe-et-Moselle s’annoncent ouvertes et pleines de surprises. Le spectre du Front national dans les secteurs ruraux et ouvriers vient brouiller toutes les prévisions tandis que la ville de Nancy conservée par la droite et le centre pourrait bien faire tomber la gauche départementale. Selon Laurent Hénart, c’est la «première fois» que l’UMP et l’UDI «réussissent l’union des forces dans tout le département». Celui qui a gagné la mairie motive en coulisses ses troupes. Tombeur des ambitions de Mathieu Klein à la ville, il compte bien le faire tomber au département. Les deux «gendres idéaux» nancéiens n’ont pas fini de s’envoyer des coups.
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