De "graves irrégularités" dans un réacteur nucléaire de Cattenom, selon un rapport
Un rapport publié par un expert international du nucléaire dévoilé par un hebdomadaire, «L’Obs» publié ce jeudi alerte sur l’état de plus de la moitié des réacteurs nucléaires du parc français. La centrale de Cattenom (Moselle) est également concernée sur l’un de ses quatre réacteurs.
L’expert britannique du nucléaire John Large a examiné l’état du parc nucléaire français, l’un des plus puissants du monde et a pu constater qu’au moins la moitié des réacteurs présentaient des anomalies graves pouvant provoquer des accidents nucléaires de type Fukushima. Selon ce rapport dont le contenu est dévoilé ce jeudi par l’hebdomadaire L’Obs une bonne moitié (55%) au moins des réacteurs nucléaires – peut-être davantage - comportent des pièces défectueuses. Dans l’est de la France, un réacteur est concerné à Cattenom (Moselle) et deux à Fessenheim (Bas-Rhin).
Le rapport de l’expert britannique vient conforter la communication du gendarme français du nucléaire, l’Autorité de Sûreté Nucléaire (ASN) qui a publié le 23 septembre dernier un document public relatif aux pièces défectueuses dans les centrales nucléaires du pays. D’après ce document consultable en ligne, il y a 87 pièces défectueuses dans les centrales françaises. A Cattenom, dans l’unité numéro un, l’ASN pointait du doigt «les valeurs d’analyse chimiques des procès-verbaux internes (qui) sont incohérentes avec le procès-verbal officiel mais conformes» à propos d'une pièce de cuve.
Le rapport Large enfonce le clou de celui de l’ASN: il en a déniché 107, et n’a probablement pas terminé son travail. Ces pièces ont été commandées par Areva et fondues par l’entreprise Creusot Forge ces dernières décennies. D’après l’expert en nucléaire, les grandes faiblesses de ces pièces défectueuses portent un nom : "anomalie de la teneur en carbone". C’est-à-dire qu’elles ont été fondues en laissant une trop grande teneur en carbone dans certaines zones. En cas de choc thermique (c’est-à-dire à l’envoi d’eau glacée pour refroidir l’emballement d’un réacteur, action déployée en cas de surchauffe), ce trop-plein de carbone rend l’acier cassant, donc vulnérable à la fissuration, voire à la déchirure.
- Pour EDF, des irrégularités qui "n'ont pas de conséquence" sur la sûreté -
Ces irrégularités concernent des équipements sous pression de réacteurs d’EDF (cuves, générateurs de vapeur et tuyauteries du circuit primaire principal) et des emballages de transport de substances radioactives. A la suite de la détection fin 2014 d’une anomalie sur la cuve de l’EPR de Flamanville, l’ASN a demandé à Areva NP de procéder à une revue de la qualité de la fabrication dans son usine de Creusot Forge. Dans ce cadre, Areva NP a mis en évidence des irrégularités qui sont toutes listées dans
Pour Cattenom et ses autres centrales qu’il exploite, EDF a conclut que ces irrégularités «n’ont pas de conséquence sur la sûreté des réacteurs concernés». La société n’a toutefois pas réagit officiellement à la publication de cette enquête de M. Large.
L’expert en nucléaire a travaillé pour le compte de l’ONG anti-nucléaire Green Peace.
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