ArcelorMittal emploie toujours plus de 2 000 personnes sur son site de Florange
Le géant industriel indien qui a éteint les hauts-fourneaux de Florange (Moselle) en 2013 provoquant une grave crise politique en France défend son bilan, tout comme François Hollande qui a dû gérer en catastrophe un vaste plan social. Un accord avait été signé pour éviter tout licenciement.
Alors que François Hollande vient vanter son bilan à Florange ce lundi après-midi, affirmant avoir tenu toutes ses promesses qui consistaient selon lui à éviter tout plan social et à préserver le site ArcelorMittal, l’industriel se défend lui aussi de toute opération sauvage et rappelle employer plus de 2 000 personnes sur site. «L’arrêt des hauts-fourneaux n’a pas signifié la fermeture du site, loin de là» assure l’industriel dans un dossier de presse remis aux médias quelques jours avant la venue de M. Hollande, de quoi préparer le terrain face à des syndicats qui dénoncent des «promesses non tenues».
Ainsi, plus de 2 000 salariés travaillent toujours quotidiennement sur le site industriel de la vallée de la Fensch dans la partie «froide» de l’usine. La partie chaude, c'est-à-dire les hauts-fourneaux, quant à elle a été officiellement mise à l’arrêt au début de l’année 2013. ArcelorMittal assure ne pas avoir procédé au licenciement des 629 ouvriers des hauts-fourneaux qui ont fait l’objet d’une «solution individuelle» et rappelle même les «120 personnes embauchées en CDI depuis début 2015». «Plus de la moitié des salariés concernés ont été reclassés en interne, dont la plupart sur le site de Florange» assure la direction d’ArcelorMittal mettant en avant «un important effort de formation qui a été fourni pour accompagner ces repositionnements: 200 heures par personne concernée». «D’autres personnes ont fait valoir leurs droits à la retraite» assure par ailleurs la direction du site.
- 629 ouvriers reclassés, se défend l'industriel -
En décembre 2012, lors de la signature du pacte d’engagement entre le gouvernement de Jean-Marc Ayrault et le géant Mittal, l’industriel s’était engagé à investir 180 millions d’euros sur son site de Florange d’ici 2017. «200 millions d’euros d’investissements autorisés depuis 2013 (au-delà de l’engagement de 180 millions à fin 2017)» assure Mittal dont 156 millions déjà réalisés ou en cours de réalisation, selon des chiffres datant de ce mois d’octobre. L’industriel assure que l’avenir du site est garanti puisque il souhaite en améliorer la compétitivité et la productivité.
Des engagements avancés par ArcelorMittal que confirme le très médiatique Edouard Martin. Celui qui avait porté le combat des salariés sous la bannière de la CFDT assure ce lundi, jour du déplacement de M. Hollande, que «Florange embauche encore ! Son carnet de commande est rempli» a-t-il lancé sur RMC. «Ce jour-là (le jour de son discours sur le toit de la camionnette pendant la campagne de 2012, NDLR) Hollande n’a jamais pris l’engagement d’empêcher Mittal de fermer les hauts-fourneaux. En revanche Jean-Marc Ayrault a bien signé cette promesse. La fermeture des hauts-fourneaux reste une blessure ouverte. Certes, il n’y a pas eu de licenciements, les investissements sont là, mais on est passé de 3000 à 2000 salariés sur le site» assure dans L’Est républicain le député européen PS élu en 2014. Il sera d’ailleurs bien présent aux côtés du chef de l’Etat ce lundi.
- Les syndicats en désacord sur les promesses tenues d'ArcelorMittal -
Pour le représentant CGT, on n’est pas sur la même longueur d’onde. «Sur les 200 millions d'euros, c'est stipulé dans des documents officiels via la commission de suivi de l'accord entre le gouvernement et le groupe, il n'y a que 53 millions qui ont été investis sur des investissements stratégiques qui permettent de pérenniser notre site» affirme Lionel Burriello, représentant CGT interrogé par Franceinfo: qui a décidé de boycotter la visite de M. Hollande ce jeudi. «Il faut savoir que sur les 629 suppressions d'emplois d'ArcelorMittal, il y a encore certains salariés qui n'ont pas été mutés. Ils sont sur des postes non pérennes» contredit le syndicaliste, en désaccord avec le constat fait par M. Martin.
François Hollande a affirmé dimanche dans une interview aux quotidiens régionaux du groupe Ebra qu'il se rend lundi à Florange (Moselle) pour dire aux salariés qu'il a tenu tous "ses engagements". "Je viens leur dire que j'ai respecté l'ensemble de mes engagements. Je m'étais rendu à Florange lors de la campagne présidentielle. Je leur avais fait deux promesses: sauver le site et éviter tout plan social. Elles ont été tenues. Les 650 salariés qui travaillaient sur le haut fourneau ont été reclassés sur place et aucun n'a été licencié", affirme le président de la République dans cette interview à paraître notamment dans le Républicain lorrain.
"Non seulement, il n'y a eu aucune perte d'emploi à Florange, mais des embauches ont été réalisées en 2015 et 2016", ajoute-t-il, alors que des syndicalistes l'attendent de pied ferme lundi sur le site. "Les hauts fourneaux étaient déjà à l'arrêt en 2012. C'est vrai, ils ne sont pas repartis. Ce sont les hauts fourneaux de Dunkerque qui approvisionnent l'usine de Florange" mais, fait-il valoir, "aujourd'hui, il y a davantage de production d'acier à Florange qu'en 2012".
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