10/05/2011 |
Crédits photo : Florie Colarelli | LOR'Actu
Patrice L. se tient parmi les autres spectateurs, sur le bord du trottoir qui borde la route du boulevard Foch, à Thionville. Le corps légèrement penché vers l’avant et la tête tournée vers la droite d’où un bruit de rangers martelant l’asphalte et des paroles de chanson militaire grondent. Il est vêtu d’un uniforme : une veste en laine portée en « capote » (remontée sur les côtés, ndlr), un pantalon de golf et de molletières. Du casque aux chaussures, en passant par les sacs à munitions et par la fourragère (cordelettes de couleurs portée sur l’épaule, ndlr), tout y est, lui aussi est un soldat. Au bout de quelques secondes, la troupe qui ouvre le défilé passe devant lui.
Patrice L, l'attraction innatendue du défilé à Thionville
Crédit Photo : Florie Collareli | LOR'Actu
Dans le cortège, les militaires portent des treillis au tissu plus léger, un FAMAS collé contre leur poitrine. Entre le soldat Patrice L. et ceux qui défilent en ce matin de 8 mai, 80 ans les séparent. 81, pour être vraiment précis.
Mais le temps ne doit pas effacer la mémoire et c’est bien pour cela que la commémoration du 8 mai 1945, date de la reddition de l’Allemagne, ne déroge pas à la règle.
Cérémonie, avec les traditionnelles remises de médailles et distinctions aux anciens combattants comme aux plus jeunes. Tout autour de la place de la Liberté, les troupes sont au garde à vous malgré une chaleur étouffante. D’ailleurs, certains ne résistent pas et l’équipe médicale intervient deux ou trois fois, mais de manière presque invisible. Vient ensuite le moment de la parade, le long du boulevard Foch.
Les compagnies défilent les unes après les autres, le pas lourd, le regard fier, porté loin devant, et la voix entonnant "La Mort" (chant régimentaire du 40e Régiment de Transmissions) d’un air grave. L’arme est tenue fermement sur la poitrine, le drapeau des compagnies hissé bien haut et les placards de médailles, épinglés aux cœurs, miroitent avec les reflets d’un soleil radieux. Chaque troupe est applaudie sur son passage par les spectateurs adultes, tandis que les enfants essaient, en vain, de percer le mystère des grades de chaque soldat.
Suivent ensuite les véhicules des pompiers. « Regarde, c’est la grande échelle » informe un papa qui espère bien pouvoir calmer la bougeotte de son fils. Gagné. Tous les enfants s’immobilisent et admirent ce camion rutilant, briqué pour l’occasion. Aucun autre véhicule ne remportera le même succès que la « grande échelle ».
A pieds de nouveau. Le cortège se referme avec des hommes et des femmes en uniformes de parades, Bertrand Mertz, maire de Thionville et Anne Grommerch, députée de la 9e circonscription de la Moselle. Tous se dirigent vers la place Claude Arnoult pour terminer la cérémonie entre chants, lectures et dépose de gerbes de fleurs.
Le soldat Patrice L., ne fait pas partie du cortège armé, pourtant, en cette commémoration du 8 mai 1945, c’est un peu lui la star ou, du moins, l’homme qui a porté son uniforme, 80 ans aupravant. C’est sans doutes pourquoi il est arrêté par des passants qui lui demandent une photo. Toujours pour se souvenir.
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