29/07/2014 15:33 |
Le président (PS) du Conseil régional de Lorraine a lancé une charge contre le maire (FN) de Hayange en Moselle après celle de la ministre de la Culture. Elle n’a pas apprécié l’initiative du maire frontiste qui a décidé de repeindre une œuvre d’art sans l’autorisation de l’artiste.
«Je découvre les propos du Maire de Hayange concernant sa propre ville. Il la juge «sinistre» et lugubre» selon ses propres mots. Je suis abasourdi» écrit le président (PS de Lorraine qui est également l’ancien maire d’Hayange (1995-97). «Comment un maire peut-il parler ainsi de sa ville? Est-ce là toute la considération qu’il porte à l’égard de ses habitants ? Une ville est faite par ses habitants au quotidien.Un Maire qui dénigre sa ville est un Maire qui insulte ses concitoyens» assure l’ancien maire de la ville sidérurgique.
Jean-Pierre Masseret a également commenté, dans un communiqué publié sur sa page Facebook la décision du maire Front National de repeindre une statue sans l’autorisation de son artiste. «Je reste stupéfait de voir un maire prendre son pinceau pour repeindre à sa guise une œuvre d’art qu’il ne juge pas à son goût. On ne peut pas laisser penser que tout un chacun peut repeindre à son goût la Tour Eiffel, l’Arc Triomphe ou même les grottes de Lascaux. C’est insensé» écrit-il.
Une ville «lugubre», selon le maire d’Hayange
La ministre de la Culture n’a pas apprécié initiative du maire Front National d’Hayange (Moselle) qui a décidé de repeindre une œuvre d’art de la ville «sans l’autorisation de son artiste». L’occasion pour Aurélie Filippetti d’attaquer la politique culturelle du FN.
Aurélie Filippetti, ministre de la Culture et de la Communication a appris « avec stupéfaction qu’une œuvre d’art, une fontaine en granit réalisée à Hayange (Moselle) par Alain Mila, a été repeinte à l'initiative de la mairie sans autorisation de l'artiste» a fustigé le ministère de la Culture et de la Communication, dans un communiqué.
Une œuvre d’art, une fontaine en granit installée place de l’Eglise à Hayange, a été en partie repeinte en bleu clair. La décision émane de la mairie dirigée par le maire (FN) Fabien Engelmann. Selon l’artiste originaire de Thionville en Moselle et qui vit dans le Lot-et-Garonne, «il n’a pas été consulté» pour ce changement de couleur. Le maire Front National a justifié le changement de couleur par la volonté «d’égayer le centre-ville». Plus direct, il estime que cette sculpture est «moche» et qu’elle a coûté «trop cher» à l’ancienne majorité municipale.
Trop "sinistre" à son goût, un mairie fait repeindre en bleu l'oeuvre d'un artiste http://t.co/IdWnUSsgYE pic.twitter.com/dntL52W4vO
— Golem13 (@Golem_13) 29 Juillet 2014
Pour la ministre de la Culture qui s’est saisie du dossier, «il s'agit là d'une violation manifeste du droit moral et des règles élémentaires du code de la propriété intellectuelle et de la protection du patrimoine».
Les œuvres ne peuvent "pas être vendues ou modifiées"
«Cet incident est révélateur de la conception de la politique culturelle qu’ont les élus du Front National et qui appelle à la plus grande vigilance» assure la ministre originaire de Moselle et ancienne députée PS du département. Aurélie Filippetti s'étonne qu'on puisse décider de "repeindre une œuvre pour que ça soit plus décoratif " au mépris de la création et des métiers d’art qui sont en droit d’attendre, de la part de ceux qui sont chargés de faire appliquer la loi, le respect de leur droit et de l’intégrité de leur travail»
Le ministère rappelle dans son communiqué que les œuvres «appartenant au domaine public de l’État ou des collectivités publiques sont inaliénables, imprescriptibles et insaisissables». «Les œuvres ne peuvent être ni modifiées, ni même déplacées, ni a fortiori détruites sans l'autorisation de l'artiste ou de ses ayants droit. Elles ne peuvent en aucun cas être vendues» écrit le ministère.
La ministre Aurélie Filippetti va encore plus loin puisqu’elle a demandé à ses services d'élaborer «une circulaire à destination des préfets pour leur demander d'être attentifs à ces points de droit et de rappeler, au besoin, aux collectivités propriétaires leurs devoirs de surveillance et de conservation des œuvres placées sous leur garde» a-t-on appris du ministère de la Culture et de la Communication.