Prêtre égorgé: le maire de Saint-Dié-des-Vosges dit non à l’inhumation d’Abdel Malik Petitjean
Alors que la commune de Montluçon (Allier) refuse l’inhumation de l’un des terroristes de l’attaque de l’église de Saint-Etienne-du-Rouvray, celle de Saint-Dié-des-Vosges se positionne également contre. L’un des deux tueurs du prêtre Jacques Hamel est né dans cette commune des Vosges.
Le maire (UDI) de Saint-Dié-des-Vosges, David Valence, n’est pas favorable à l’inhumation d’Abdel Malek Petitjean dans sa commune. "Je n’ai été saisi d’aucune demande de la famille" assure l’élu local. "Je pense qu’il est plus sage que les inhumations soient faites dans la plus grande discrétion, dans un lieu inconnu. Il ne faut pas qu’elles fassent l’objet de pèlerinages" a déclaré M. Valence à LORACTU.fr, lundi 8 août.
"Ses liens (à Abdel Malik Petitjean) avec Saint-Dié-des-Vosges sont minces" a rappelé le maire de cette commune de 25 000 habitants où est né le 14 novembre 1996 l’un des deux tueurs de Saint-Etienne-du-Rouvray. "Il faut qu’il soit enterré dans une commune où l’on ne s’attend pas à trouver sa dépouille. Cela a été fait par le passé pour d’autres terroristes comme ça", selon David Valence. Une manière de dire non à une possible demande de la famille.
La mère du jeune homme, résidente d'Aix-les-Bains (Savoie), avait exprimé vendredi dans le quotidien régional Le Dauphiné Libéré le désir que son fils soit inhumé dans cette commune de l’Allier dans laquelle ils avaient vécu de 2008 à 2012 et dans laquelle elle compte retourner s'installer.
Le maire de Montluçon quant à lui a été clair et nous souhaite pas voir le corps du terroriste enterré dans un cimetière de sa commune. "Ma décision est très simple. Il y a quatre points pour être inhumé dans une commune: être décédé dans cette commune, y résider, y posséder un caveau familial ou être inscrit sur les listes électorales. Aucun des quatre points n'est établi. Donc moi, j'applique les lois de la République", a déclaré aujourd'hui le maire.
- "Il faut qu’il soit enterré dans une commune où l’on ne s’attend pas à trouver sa dépouille", selon le maire de Saint-Dié -
La mairie d’Aix-les-Bains (Savoie), dernière résidence du terroriste de 19 ans, n’a pas encore donné de réponse quant à une possible inhumation dans cette commune où il résidait avec sa mère.
A chaque attentat commis en France, le débat sur l’inhumation des terroristes reprend de plus belle. Après l’attentat visant une église en juillet, Mohammed Karabila, l’imam de la mosquée de Saint-Etienne-du-Rouvray où résidait Adel Kermiche, a déclaré ne pas vouloir prendre en charge l’enterrement de ce dernier dans l’un des carrés musulmans de la ville. Cela serait "salir l’islam", selon l’imam.
Ce même terroriste aurait pû être inhumé au Danemark. L’hypothèse a été évoquée mercredi 3 août après que le vice-président du Fonds islamique danois pour les enterrements, Kasem Said Ahmad, a déclaré dans une interview au quotidien Jyllands-Posten qu’il était "inadmissible" de la part de musulmans de refuser les rites mortuaires à un coreligionnaire. Mais face à un vif débat ouvert dans le pays, l’idée a été finalement rejetée.
Pour les deux terroristes, aucune solution n’a donc été trouvée plus de deux semaines après l’attentat.
Selon l'article L2223-3 du code général des collectivités territoriales, trois possibilités existent pour être enterré sur une commune: il faut y avoir habité, y être décédé ou avoir une personne de sa famille y possédant une sépulture familiale. Et si la famille n'a pas les ressources financières nécessaires pour assurer les funérailles, c'est à la commune de les prendre en charge. Le maire (Les Républicains) de Reims Arnaud Robinet s'était par exemple opposé à l'enterrement dans sa commune de Saïd Kouachi, un des auteurs de la tuerie de «Charlie Hebdo» du 7 janvier 2015 mais le terroriste y a finalement été inhumé.
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