Meuse: des opposants à l'enfouissement de déchets nucléaires occupent un bois
Quelques dizaines d'opposants au projet Cigéo de stockage de déchets radioactifs à Bure (Meuse) occupaient lundi un bois menacé par des travaux de déboisement et ont lancé un appel à les rejoindre tout au long de l'été, a constaté une journaliste de l'AFP.
Regroupés derrière le mot d'ordre "Occupy la Meuse", ces opposants au projet Cigéo expliquent, dans un communiqué, avoir "temporairement libéré le bois communal de Mandres-en-Barrois du joug de l'Andra (Agence nationale pour la gestion des déchets nucléaires) et sa poubelle nucléaire Cigéo" et appellent à "converger largement vers Bure (...) pour empêcher, par tous les moyens nécessaires, la destruction de ce bois".
Au cours du week-end, ils ont arraché des clôtures installées autour du bois, bloqué des chemins d'accès au chantier avec des branches et construit sur place un préau en bois, censé devenir le point de ralliements des militants.
Les opposants, parmi lesquels des personnes dissimulant leur visage derrière des masques ou des écharpes, ont affirmé lundi être une cinquantaine, tandis que la préfecture de la Meuse en avait recensé le matin une trentaine.
La journaliste de l'AFP a pu constater la présence de tentes disséminées dans la forêt.
Les anti-Cigéo dénoncent le lancement il y a une quinzaine de jours par l'Andra de travaux de déboisement dans cette forêt, alors que des habitants de Mandres-en-Barrois ont déposé un recours devant le tribunal administratif pour s'opposer à sa cession à l'Andra par la commune, en échange d'un autre bois.
Ils craignent également que ce chantier constitue une étape de plus vers la concrétisation de Cigéo, alors que la proposition de loi visant à donner l'autorisation nécessaire à la poursuite du projet n'a pour l'instant été adoptée que par le Sénat et prévoit une phase pilote avant le vrai démarrage du projet.
"L'Andra argue du fait que ce sont encore des recherches préparatoires mais vu l'ampleur des travaux qui ont eu lieu dans la forêt, ce n'est pas de la recherche ou de la préparation, on est au-delà", a expliqué à l'AFP Corinne François, de la coordination Burestop, soulignant que cette zone serait "à l'aplomb de 300 km de galeries souterraines qui accueilleraient des déchets nucléaires".
"Il ne s'agit pas du tout de travaux pour faire Cigéo, il s'agit simplement de travaux pour permettre la demande d'autorisation de Cigéo", a répliqué Jean-Paul Baillet, directeur du Centre de Meuse/Haute-Marne de l'Andra. M. Baillet a souligné que le recours déposé par les habitants n'étant pas suspensif, "l'Andra est chez elle et bien chez elle" dans ce bois et elle a l'intention de porter plainte.
Le projet Cigéo doit accueillir à Bure, entre la Meuse et la Haute-Marne, les déchets les plus radioactifs à 500 mètres sous terre, ainsi que ceux ayant la durée de vie la plus longue.