Le FN aux portes du pouvoir en Alsace-Lorraine-Champagne-Ardenne
Le Front national distance largement la droite et la gauche au premier tour des élections régionales selon un sondage choc publié mardi à cinq jours du scrutin. En Alsace, Lorraine et Champagne-Ardenne, le contexte pos-attentats et la nationalisation de la campagne profite largement à Florian Philippot.
Le sondage publié mardi dans le quotidien Les Echos et pour Radio Classique inquiète les états-majors de droite et de gauche dans l’Est. Pour la première fois, un sondage confirme la progression spectaculaire du Front national dans cette nouvelle région fusionnée (Alsace, Lorraine et Champagne-Ardenne). Ce nouveau sondage publié le 1er décembre à cinq jours du premier tour confirme l’intérêt des électeurs pour le parti frontiste après les attentats de Paris et dans un contexte de nationalisation du scrutin.
Le plus inquiétant pour la gauche et la droite est la progression annoncée du FN par rapport aux précédentes élections de 2004 et 2010. Même si la comparaison est difficile (fusion de trois régions) et le contexte politique bouleversé (gauche au pouvoir, contexte terroriste, attentats récents, chômage au plus haut)… le parti de Marine Le Pen n’a jamais dépassé les 20% au premier tour des régionales aux deux derniers scrutins. Dans les récents sondages, il est donné au dessus des 30%.
Un second tour très incertain, la question du maintien du PS posée
Dans ce sondage Elabe, créditée de 34%, la liste Front national conduite par Florian Philippot arrive en tête des intentions de vote exprimées dans la perspective du premier tour. Elle devance de 6 points la liste d’union LR-UDI-MoDem conduite par Philippe Richert (28%) et de 14 points celle du Parti socialiste et de l’UDE conduite par Jean-Pierre Masseret (20%). Toutes les autres listes sont créditées d’un score inférieur à 10%, au premier rang desquelles les listes Front de gauche et EELV (5% chacune) qui pourraient ne pas être en mesure de prétendre à une fusion avec la liste PS dans la perspective du second tour. Dans le détail, notons que le score de la liste FN s’explique par de très bons reports des anciens électeurs de Marine Le Pen à la présidentielle (91% parmi ceux exprimant une intention de vote) et de sa capacité à siphonner une fraction non négligeable de l’ancien électorat de Nicolas Sarkozy (25% voteraient pour le FN au premier tour), pénalisant mécaniquement Philippe Richert qui pâtit de surcroît d’assez mauvais reports en provenance des anciens électeurs de François Bayrou (56%).
Jean-Pierre Masseret (PS), Florian Philippot (FN) et Philippe Richert (Les Républicains-UDI-MoDem).
Compte-tenu de ce rapport de force de premier tour, la Front national apparait en mesure de l’emporter au second tour dans la perspective d’une triangulaire : la liste de Florian Philippot est créditée de 35,5% d’intentions de vote contre 34,5% pour Philippe Richert et 30% pour Jean-Pierre Masseret. L’issue du scrutin s’avère toutefois très incertaine à ce stade, l’écart enregistré entre les deux premières listes s’inscrivant dans la marge d’erreur (+/- 3 points). En cas de retrait de la gauche au second tour, Philippe Richert l’emporterait face à Florian Philippot (56% contre 44%) grâce à d’assez bons reports des électeurs écologistes et socialistes.
Les thématiques portées par le FN s’invitent dans la campagne
Au vue du score annoncé très séré entre le FN et la droite au second tour en cas de triangulaire, le maintien de la liste PS est clairement posé si les deux partis veulent empêcher la victoire du vice-président du FN. Jean-Pierre Masseret se trouve donc à quatre jours du premier tour dans une position très inconfortable. Malgré ce nouveau sondage où il progresse tout de même (+3% au premier tour par rapport au sondage BVA du 29/11), le PS ne profite pas de dynamique au second (bloqué à 30%). Le président sortant de la Lorraine maintient sa position à contre-courant de Valls : pas question de fusionner avec la droite ou de se retirer. «Je n’accepterai pas qu’il n’y ait pas d’élus socialistes, écologistes ou communistes dans la nouvelle assemblée régionale» répète M. Masseret. Pour Florian Philippot, ce nouveau sondage «confirme sa progression et la préoccupation de l’électorat pour les sujets portés par le FN (immigration, sécurité, identité…) après et avant les attentats» confirme-t-on dans son entourage. Enfin du côté de Philippe Richert (Les Républicains), on veut croire que le FN «est surcoté dans les sondages comme aux départementales» s’affichant comme «seul recours» face à l’extrême droite.
Autres éléments en faveur du FN: 81% des électeurs de Florian Philippot sont sûr de leur choix au premier tour contre 72% pour Richert et 75% pour Masseret. Au second tour également, Philippot est certain d’avoir le soutien de 79% de son électorat contre 67% pour Richert et 73% pour Masseret. Les électeurs Républicains et socialistes paraissent donc plus volatiles et incertain à quelques jours de l’élection. Enfin, deux sujets apparaissent désormais comme des préoccupations importantes des électeurs largement portées par le FN qui ne sont pourtant pas dans les compétences de la région. Dans l’Est, 42% se disent intéressés par la lutte contre l’insécurité et 35% par les flux migratoires. L’emploi et l’économie arrive toutefois en tête (68%). Dans les compétences des régions, l’enseignement et la formation intéresse 34% des électeurs, l’environnement 21%, la santé 21%, la ruralité 16%, les transports en commun 14%, l’international/l’Europe 11% et le logement 5%.
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