Pour la justice, traiter un coiffeur de "PD" n'est pas homophobe
Une décision des prud’hommes de Paris assurant que qualifier un coiffeur de «PD» n’est pas homophobe et discriminant fait polémique. La ministre du Travail s’est dite choquée par une telle décision de justice. Les associations LGBT sont indignées.
Le conseil des prud’hommes de Paris a débouté en décembre dernier un coiffeur, traité de «PD» par sa patronne, considérant que le terme n’est pas homophobe car «il est reconnu que les salons de coiffure emploient régulièrement des personnes homosexuelles».
L’affaire a commencé en octobre 2014 par un SMS reçu par le jeune homme, employé en période d’essai dans un salon de coiffure parisien. Envoyé par erreur par sa manager, le texto disait : «Je ne garde pas [l’employé], je le préviens demain, on fera avec des itinérants en attendant, je ne le sens pas ce mec : c’est un PD, ils font tous des coups de putes», selon les faits rapportés par le jugement du 16 décembre 2015. Le lendemain, le jeune homme se présentait sur son lieu de travail et ses responsables lui signifiaient la rupture de sa période d’essai.
- "Scandaleux", selon la ministre du Travail -
«En se plaçant dans le contexte du milieu de la coiffure, le Conseil considère que le terme de «PD» employé par la manager ne peut être reconnu comme propos homophobe car il est reconnu que les salons de coiffure emploient régulièrement des personnes homosexuelles notamment dans les salons de coiffure féminins, sans que cela ne pose de problèmes» peut-on lire dans cette décision de justice. Le conseil considère que «l’employeur n’a pas fait preuve de discrimination (...) mais que ce sont des propos injurieux qui ont été prononcés».
«Le jeune homme a fait appel et le Défenseur des droits reprendra une décision d’observation devant la cour d’appel en n’oubliant pas de faire des commentaires sur le libellé du jugement» selon Slimane Laoufi, chef du pole Emploi privé au Défenseur des droits.
Interviewée sur RTL, la ministre du Travail Myriam El Khomri a qualifié de «scandaleux» et «choquant» ce jugement des prud’hommes.
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